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Conflit au Tigré : des troupes érythréennes accusées « de graves violations des droits de l’homme » (Bachelet)

Des réfugié éthiopiens fuyant les violences dans la région du Tigré.
© UNHCR/Hazim Elhag
Des réfugié éthiopiens fuyant les violences dans la région du Tigré.

Conflit au Tigré : des troupes érythréennes accusées « de graves violations des droits de l’homme » (Bachelet)

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est dite préoccupée, jeudi à Genève, de rapports faisant état de la participation de troupes érythréennes au conflit au Tigré aux côtés de l’armée éthiopienne, et des allégations de l’implication d’Asmara dans « des cas de graves violations des droits de l’homme ». 

« Ces allégations doivent faire l’objet d’une enquête rapide et approfondie par des mécanismes indépendants », a déclaré la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Il s’agit notamment « d’enlèvements et de rapatriements forcés de réfugiés et de demandeurs d’asile érythréens et de leur emprisonnement dans des lieux inconnus ».

Mercredi déjà, un expert indépendant des droits de l’homme des Nations Unies a demandé une enquête urgente sur les allégations selon lesquelles les forces érythréennes auraient rapatrié de force des réfugiés érythréens qui vivaient dans la province septentrionale éthiopienne du Tigré.

« Je suis préoccupé par les allégations d’implication possible des troupes érythréennes dans des cas de violations graves des droits de l’homme, y compris des actes d’enlèvement, le retour forcé ou non volontaire de réfugiés et de demandeurs d’asile érythréens, et leur emprisonnement dans différentes prisons en Érythrée », avait affirmé Mohamed Abdelsalam Babiker, le nouveau Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Érythrée. 

Des musulmans, Témoins de Jéhovah et chrétiens évangéliques libérés récemment 

S’adressant au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies mercredi, la Haut-Commissaire Bachelet s’est également inquiétée de « l’absence de progrès tangibles », malgré l’espoir de réformes internes sur une amélioration de la situation des droits de l’homme en Érythrée, après l’accord de paix de 2018 avec l’Éthiopie. « J’ai cependant noté quelques développements positifs ces derniers mois », a toutefois estimé Mme Bachelet.

Il s’agit notamment de la libération d’un grand groupe d’hommes musulmans en août dernier et de celle de 28 Témoins de Jéhovah le 4 décembre 2020, qui avaient chacun passé entre 5 et 26 ans en prison. Au cours des dernières semaines, 70 chrétiens évangéliques et orthodoxes ont été aussi libérés de trois prisons érythréennes.             

Plus largement, les autorités érythréennes n’ont pas encore assuré le plein respect des droits de l’homme, en particulier des libertés d’expression et d’opinion, d’association et de réunion pacifique, et de religion.

« Je réitère mon appel au gouvernement érythréen pour qu’il libère les prisonniers politiques, les journalistes, les militants de la société civile et les personnes détenues pour avoir pratiqué leur foi, dont certains sont détenus au secret depuis des décennies », a fait valoir Mme Bachelet. 

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU encourage donc le gouvernement à renforcer sa coopération avec les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies, en particulier avec le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Érythrée, et à renforcer son engagement et sa coopération technique avec mon bureau.