L'actualité mondiale Un regard humain

Vaccins contre la Covid-19 : l’OMS déplore une collaboration internationale de plus en plus fragmentée

Selon l’OMS, plus de 90% des pays qui vaccinent actuellement contre la Covid-19 sont riches.
Novavax/Elliott O'Donovan
Selon l’OMS, plus de 90% des pays qui vaccinent actuellement contre la Covid-19 sont riches.

Vaccins contre la Covid-19 : l’OMS déplore une collaboration internationale de plus en plus fragmentée

Santé

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, une nouvelle fois, dénoncé l’iniquité dans l’accès aux vaccins contre la Covid-19 et appelé à un sursaut des pays développés alors que les variants du virus menace l’efficacité des traitements existants.

Dans la lutte contre la Covid-19, les outils sont disponibles. Mais « la collaboration internationale est de plus en plus fragmentée et les iniquités augmentent », a déploré, mardi, le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon l’OMS, plus de 90% des pays qui vaccinent actuellement contre la Covid-19 sont riches. Les trois quarts des 130 millions de doses déjà mises à disposition sont distribuées dans seulement 10 pays. « Pendant ce temps, 130 pays, totalisant 2,5 milliards de personnes, n’ont toujours pas administré une seule dose », a rappelé le Dr Tedros. La plupart de ces pays luttent pour sécuriser les ressources pour les tests, les équipements de protection personnelle, l’oxygène nécessaire pour traiter les patients et les médicaments.

L’OMS et ses partenaires avaient pourtant créé l’Accélérateur ACT, un mécanisme de collaboration internationale visant à accélérer la mise au point et la production des outils de lutte contre la Covid-19, à savoir des produits de diagnostic, des traitements et des vaccins. Pilier de l’Accélérateur ACT, le dispositif COVAX a pour objectif d’accélérer la mise au point et la fabrication de vaccins contre la Covid-19 et d'en assurer un accès juste et équitable à l’échelle mondiale.

« L'Accélérateur ACT et le dispositif COVAX ont été créés pour augmenter l’équité. Mais chaque jour qui passe, cet objectif est menacé », a alerté le Dr Tedros.

Selon l’OMS, les pays et le COVAX sont prêts pour administrer les vaccins mais l’approvisionnement adéquat des doses nécessaires n’est pas disponible assez tôt.

« Plus le virus de la Covid-19 circule longtemps, plus il peut muter, rendant potentiellement les tests, traitements et vaccins actuels moins efficaces », a prévenu le Dr Tedros. « Nous avons déjà vu émerger plusieurs variants qui semblent être nettement plus transmissibles ».

Manque de financement, non-respect des accords et niveaux de production insuffisants

L'OMS et ses partenaires de l'Accélérateur ACT ont jeté les bases d’un déploiement efficace des vaccins. Ils ont créé un mécanisme de partage des doses, établi des processus rapides pour la liste des utilisations d'urgence, mis en place des mécanismes d'indemnisation et de compensation et réalisé des évaluations de l'état de préparation dans presque tous les pays.

Mais l’agence onusienne a identifié trois menaces. La première est financière. L’Accélérateur ACT et le COVAX n’ont pas récolté suffisamment de fonds.

Le déficit de financement de l'Accélérateur ACT s'élève à plus de 27 milliards de dollars pour 2021. Le Dr Tedros a appelé les pays membres de l’OCDE et donateurs d’aide au développement à combler ce déficit et à débloquer des capitaux à travers les banques multilatérales de développement.

La deuxième menace, selon l’OMS, est le non-respect par les pays des contrats établis dans le cadre du COVAX qui prévoient une distribution équitable des vaccins entre eux selon les besoins prioritaires identifiés. « Certains pays continuent de signer des accords bilatéraux tandis que d'autres n'ont rien », a déploré le Dr Tedros.

L’OMS a fixé comme défi de vacciner tous les travailleurs de la santé de tous les pays dans les 100 premiers jours de l’année 2021. « Il nous reste 60 jours », a rappelé son Directeur général. L’agence onusienne appelle les pays à soutenir le déploiement mondial des vaccins en partageant et offrant les doses aux pays les plus démunis plutôt que de vacciner les groupes à faible risque chez eux.

« Nous avons présenté l'argument moral. Nous avons fait valoir l'argument économique. À présent, de nouvelles preuves selon lesquelles des variants pourraient rendre les vaccins moins efficaces montrent qu'à moins de supprimer ce virus partout, nous pourrions nous retrouver à la case départ », a prévenu le chef de l’OMS.

La troisième menace, selon l’OMS, est la production en quantité insuffisante des vaccins à l’heure actuelle. « Nous avons besoin d'augmenter d’urgence la production pour augmenter le volume de vaccins », a souligné le Dr Tedros. 

Pour le Directeur général, un passage à la vitesse supérieure passe par des partenariats innovants, le transfert de technologies, de licences et d'autres mécanismes « pour résoudre les goulots d'étranglement de la production ». Il a rappelé que le succès de cet effort « dépend en fin de compte des décisions politiques ».