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La torture, le travail forcé et les violences psychologiques sont monnaie courante en Corée du Nord (ONU)

Une cellule de prison.
© UNICEF/Rajat Madhok
Une cellule de prison.

La torture, le travail forcé et les violences psychologiques sont monnaie courante en Corée du Nord (ONU)

Droit et prévention du crime

La torture, le travail forcé et les violences psychologiques sont monnaie courante dans les prisons nord-coréennes, ce qui constitue de possibles crimes contre l'humanité, a indiqué mardi un nouveau rapport du Bureau des droits de l'homme de l’ONU, qui appelle la communauté internationale à agir pour garantir la reddition des comptes.

Selon l’ONU, sept ans après une « enquête historique » de l’ONU sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), il existe des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité continuent d'être commis dans ce pays.

« Sept ans après le rapport historique de la Commission d'enquête sur la RPDC, non seulement l'impunité prévaut, mais des violations des droits de l'homme pouvant constituer des crimes contre l'humanité continuent d'être commises », a déclaré dans un communiqué la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), il s'agit notamment de l'extermination, des meurtres, de l'esclavage, de la torture ou de l'emprisonnement. Le document fait état également des cas de viol et d'autres formes de violence sexuelle, de la persécution pour des motifs politiques et des disparitions forcées.

Famine, refus de soins médicaux et d'assainissement

Plus précisément, l'analyse des entretiens avec les personnes qui ont réussi à s’échapper de la RPDC fournit « des motifs raisonnables de croire que le crime contre l'humanité que constitue l'emprisonnement se poursuit dans le système carcéral ordinaire », selon le rapport.

Citant des entretiens avec d'anciens détenus, le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a indiqué qu'il continuait à recevoir « des comptes rendus cohérents et crédibles « sur l'infliction systématique de douleurs ou de souffrances physiques et mentales graves aux détenus dans le système carcéral ordinaire ».

Aperçu d’une rue dans la ville de Wonsan en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Photo ONU/David Ohana 20 Octobre 2011
Aperçu d’une rue dans la ville de Wonsan en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Photo ONU/David Ohana 20 Octobre 2011

Ces derniers faits ont confirmé les conclusions de l'enquête de l'ONU de 2014, menée par l'ancien juge australien Michael Kirby, et « indique que le crime contre l'humanité de la torture continue à avoir lieu dans le système carcéral ordinaire ».

« Ce qui peut équivaloir au crime contre l'humanité qu'est la torture » note le rapport. D’autres mauvais traitements comprennent les coups, le recours prolongé à la violence psychologique ainsi que le refus de soins médicaux et d'assainissement, la famine.

Des abus, qui se combinent tous pour créer « une atmosphère de souffrance mentale et physique grave en détention, exacerbée par des conditions de vie extrêmement mauvaises ». Les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet se sont également inquiétés des « récits crédibles de travail forcé dans des conditions exceptionnellement dures au sein du système carcéral ordinaire. Ce qui peut constituer un crime contre l'humanité d'asservissement, note le rapport.

Face à ces allégations de crimes contre l’humanité, le Haut-Commissariat estime que les crimes internationaux, qui auraient été commis en RPDC, doivent rester une priorité.

Renvoi de la situation à la Cour pénale internationale ou par la création d'un tribunal ad hoc

Il s’agit notamment du renvoi de la situation à la Cour pénale internationale (CPI) ou par la création d'un tribunal ad hoc ou d'un autre mécanisme comparable. A ce sujet, le rapport rappelle qu'il n'y a pas de prescription pour les crimes contre l'humanité.

Les services de Michelle Bachelet soulignent qu'il est impératif de veiller à ce que les informations relatives à ces violations présumées continuent d'être collectées et préservées pour soutenir les stratégies de responsabilisation à tous les niveaux. Cela inclut les processus judiciaires dans d'autres pays basés sur les principes acceptés de juridiction extraterritoriale ou universelle.

Plus largement, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a appelé à un effort renouvelé pour rendre justice aux victimes de violations flagrantes des droits de l'homme en RPDC.

« J'exhorte la communauté internationale à donner la priorité à la justice et à prendre des mesures immédiates pour empêcher que de nouvelles violations graves des droits de l'homme ne soient infligées au peuple de la RPDC », a-t-elle ajouté.

Pour l’ONU, la collecte, l'analyse et la préservation des informations seront également utiles pour soutenir les mesures complémentaires non judiciaires visant à la réalisation de droits plus larges des victimes, comme l'élaboration d'un dossier historique, la commémoration, la réparation et les exercices de vérité.

Par ailleurs, le rapport demande également que les organisations humanitaires internationales et les observateurs des droits de l'homme aient un accès immédiat au pays, y compris à tous les centres de détention.