L'actualité mondiale Un regard humain

République centrafricaine : plus de 200.000 personnes déplacées par les violences (HCR)

Une mère réfugiée de République centrafricaine est assise avec ses enfants à côté d'un abri de fortune dans le village de Ndu, en République démocratique du Congo.
HCR/Fabien Faivre
Une mère réfugiée de République centrafricaine est assise avec ses enfants à côté d'un abri de fortune dans le village de Ndu, en République démocratique du Congo.

République centrafricaine : plus de 200.000 personnes déplacées par les violences (HCR)

Migrants et réfugiés

Plus de 200.000 personnes ont fui l’insécurité et les combats en République centrafricaine (RCA) depuis les violences qui ont éclaté en marge des élections de décembre dernier, a indiqué vendredi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Ces 200.000 personnes  sont environ pour moitié des déplacés internes sur le territoire centrafricain et pour l'autre moitié des réfugiés à l'étranger.

« Les réfugiés ont dit aux équipes du HCR qu’ils ont fui dans la panique quand ils ont entendu des coups de feu, laissant leurs affaires derrière eux », a déclaré un porte-parole de l'agence onusienne, Boris Cheshirkov, lors d’un point de presse à Genève, ajoutant que des dizaines de milliers de personnes déplacées font face à des « conditions effroyables ».

Le nombre de réfugiés arrivés en RDC atteint désormais 92.000 selon les autorités locales congolaises. Plus de 13.000 personnes ont par ailleurs rejoint le Cameroun, le Tchad et le Congo, depuis l’éruption des violences qui ont commencé en décembre 2020 avant les élections en RCA.

Une rivière comme seule source d’eau pour boire et se laver

« Les réfugiés continuent d’affluer », a ajouté M. Cheshirkov, relevant que le HCR enregistre jusqu’à 1.000 nouveaux arrivants par jour au moyen de la biométrie, un système qui permet d’identifier rapidement les personnes vulnérables.

En RDC, les nouveaux arrivants ont traversé les rivières Oubangui, Mbomou et Uélé qui constituent la frontière naturelle du pays avec la RCA. D’autres sont arrivés dans 40 localités des provinces du Nord-Oubangui, du Sud-Oubangui et du Bas-Uélé.

La plupart de ces réfugiés vivent dans des zones reculées et difficiles d’accès, près des berges, dans des conditions effroyables, sans abri et dépourvus de vivres. Pour beaucoup, la rivière est d’ailleurs la seule source d’eau pour boire, se laver et pour la nourriture.

Dans ces conditions précaires, le paludisme, les infections respiratoires et les diarrhées sont devenues fréquentes chez les réfugiés. Les partenaires du HCR traitent les patients et distribuent des médicaments alors que les besoins augmentent.

Le HCR pré-positionne du matériel de secours dans la province du Nord-Oubangui

Selon l’agence onusienne, les réfugiés ont rapidement besoin de nourriture et d’abris, d’eau potable et d’articles de première nécessité. L’urgence pour les humanitaires est de fournir également du matériel d’hygiène et de soins de santé pour prévenir la propagation de la Covid-19 et d’autres maladies.

Mais l’acheminement de l’aide humanitaire reste un énorme défi en raison « des longues distances et des routes impraticables ». Dans ces conditions, l’acheminement de l'aide auprès des personnes dans le besoin prend du temps.

Le HCR distribue déjà des articles de secours aux familles les plus vulnérables dans la province du Sud-Oubangui, alors que du matériel d’aide supplémentaire est arrivé la semaine dernière dans les provinces du Nord-Oubangui et du Bas-Uélé.

De plus, l’agence onusienne pré-positionne du matériel de secours à Yakoma, dans la province du Nord-Oubangui, avant que de vastes zones ne deviennent inaccessibles par la route en raison de l’arrivée imminente de la prochaine saison des pluies.

Selon le HCR, dans six semaines, les précipitations entraveront la fourniture d’aide aux réfugiés dans les régions du Bas-Uélé et du Nord-Oubangui, à moins de recourir au transport aérien par avion-cargo à un coût considérable pour lequel le HCR doit collecter des fonds.

La route principale de ravitaillement reliant Bangui fermée par les groupes armés

Par ailleurs, les besoins en financements pour l’aide aux réfugiés centrafricains en 2021 s’élèvent à plus de 151 millions de dollars et sont actuellement financés à hauteur de 2% seulement.

« Les besoins devraient encore croître du fait des tout derniers déplacements », a fait valoir M. Cheshirkov, appelant « la communauté internationale à mobiliser des fonds, afin que les organisations humanitaires puissent fournir une aide vitale aux réfugiés centrafricains et à leurs hôtes ».

Selon le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), environ 100.000 personnes sont déplacées internes en RCA. Selon le HCR, l’instabilité persistante entrave les efforts d’aide humanitaire et pose des difficultés pour accéder auprès des déplacés internes. « La route principale habituellement empruntée pour ravitailler Bangui a été fermée », a indiqué le porte-parole de l'agence onusienne.

Selon le HCR, des groupes armés se trouveraient dans les sites de Batangafo et Bria où des communautés déplacées ont trouvé abri – « un signe de violation manifeste de la nature humanitaire et civile de ces sites ». Pour l'agence onusienne, cette présence compromet fortement la protection des personnes déplacées, qui risquent le recrutement forcé, la restriction de mouvement, l’extorsion ou les menaces.