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En RCA, ne pas organiser les élections entraînerait une instabilité incontrôlable, prévient l’ONU

La MINUSCA a déployé des unités de police dans la capitale de la République centrafricaine, Bangui, et aux alentours après des attaques par des groupes armés au nord-ouest de la ville. (archives)
Photo : MINUSCA/Hervé Serefio
La MINUSCA a déployé des unités de police dans la capitale de la République centrafricaine, Bangui, et aux alentours après des attaques par des groupes armés au nord-ouest de la ville. (archives)

En RCA, ne pas organiser les élections entraînerait une instabilité incontrôlable, prévient l’ONU

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU en République centrafricaine (RCA) a assuré, mardi, que les élections générales seront organisées dimanche malgré les agissements de certains groupes armés.

Le 27 décembre, les Centrafricains seront appelés à élire leur Président de la République ainsi que leurs députés.

« Nous pensons que toutes les conditions sont réunies pour que les élections puissent se tenir », a déclaré Mankeur Ndiaye, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RCA, lors d’un point de presse. Tout en reconnaissant des poches d’insécurité, il estime que la situation sur l’ensemble du territoire est sous contrôle.

M. Ndiaye, qui dirige également la Mission des Nations Unies en RCA (MINUSCA), a écarté l’idée d’un report des élections proposé par certains candidats. Le mandat du Président actuel, Faustin-Archange Touadéra, se termine fin mars 2021. En l’absence d’élections, l’envoyé onusien a rappelé que le scénario serait un intérim du Président de l’Assemblée nationale à partir de fin mars et qui ne durerait que deux mois.

« On risquerait d’entrer dans une période d’instabilité incontrôlable », a prévenu M. Ndiaye, mettant en garde contre le danger d’un « vide » du pouvoir et rappelant qu’il s’agit des premières élections organisées après l’accord de paix conclu par le gouvernement et plusieurs groupes armés en février 2019.

Le Représentant spécial a indiqué que son bureau mène des bons offices en coordination avec ses partenaires du G5+ (Etats-Unis, France, Russie, Union africaine, Union européenne, Communauté économique des Etats d’Afrique centrale et Banque mondiale).

Mankeur Ndiaye, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (photo d'archives).
Photo: MINUSCA
Mankeur Ndiaye, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (photo d'archives).

L’ex-Président Bozizé et ses alliés tentent d’empécher la tenue des élections

L’ancien Président centrafricain François Bozizé, dont la candidature à l’élection présidentielle a été invalidée début décembre par la Cour constitutionnelle de la RCA, et des groupes armés (3R, MPC et anti-balakas) ont formé une coalition et lancé une série d’attaques coordonnées dans plusieurs localités du pays notamment à l’ouest. « Ces attaques n’avaient qu’un seul but : empêcher la poursuite du processus électoral et la tenue des élections », a expliqué M. Ndiaye.

Le Représentant spécial a indiqué que la MINUSCA avait renforcé ses mesures sécuritaires en appui aux Forces armées (FACA) et aux Forces de sécurité intérieures (FSI) centrafricaines et que la Force de l’opération de paix « est en alerte maximale » dans l’ensemble du pays, notamment à l’ouest et autour de la capitale Bangui. Des Casques bleus ont également été déployés sur les principaux axes où des mouvements de groupes armés ont été constatés.

« Cette posture robuste de la Force a permis aux FACA de stopper toute progression vers Bangui ou tout contrôle de villes stratégiques », a assuré le chef de la MINUSCA, ajoutant que de nouveaux postes militaires avancés ont été établis dans des zones sensibles ainsi que des patrouilles sur les principales voies de communication. Cette posture robuste, selon M. Ndiaye, doit permettre aux électeurs d’aller voter librement.

« Nous condamnons toute alliance entre groupes armés et acteurs politiques », a répété l’envoyé de l’ONU. Une condamnation qui fait écho à celle prononcée lundi par le Conseil de sécurité des Nations Unies qui a également condamné toute tentative de faire échouer les élections et de pousser la RCA vers une transition politique qui serait contraire à la Constitution du pays.

Sur le plan logistique, l’organisation des élections est en bonne voie, estime M. Ndiaye. 1.858.236 Centrafricains sont aujourd’hui inscrits sur les listes électorales. Un chiffre légèrement en dessous de celui des élections de 2015, « mais qui doit être apprécié à sa juste valeur », a dit le Représentant spécial, dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et alors que les réfugiés centrafricains vivant à l’étranger ne pourront pas voter.

Tout le matériel électoral est arrivé en RCA et a été acheminé dans les 16 préfectures du pays. Les agents de l’autorité nationale des élections (ANE) avec l’appui de la MINUSCA, sont en train de finaliser les préparatifs du scrutin, notamment la distribution des dernières cartes d’électeurs. « On constate un engouement populaire dans certaines zones du pays où les Centrafricains sont sortis massivement pour aller récupérer leurs cartes d’électeurs », s’est félicité M. Ndiaye.

Le Représentant spécial a souligné que l’appui de l’ONU à la préparation des élections a été essentiel, tant sur le plan financier (un budget de 21 millions de dollars a été obtenu), opérationnel et sécuritaire.

Bien qu’il n’ignore pas la « grave crise que traverse la République centrafricaine », M. Ndiaye se dit confiant. « Nous restons mobilisés pour que le peuple centrafricain puisse exercer son droit de vote le 27 décembre et pour empêcher que le pays ne plonge dans l’instabilité », a-t-il assuré.