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Complexe et coûteuse, la réforme du secteur de la sécurité reste cependant cruciale pour la consolidation de la paix

Bintou Keita, Sous-Secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique (photo d'archives).
Photo : ONU/Loey Felipe
Bintou Keita, Sous-Secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique (photo d'archives).

Complexe et coûteuse, la réforme du secteur de la sécurité reste cependant cruciale pour la consolidation de la paix

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté, jeudi, une résolution dans laquelle il expose les grands axes de sa vision de la réforme du secteur de la sécurité, qu’il juge cruciale pour la consolidation de la paix au lendemain de conflits.

Adoptée à l’unanimité des membres du Conseil, la résolution plaide pour une appropriation nationale de la réforme du secteur de la sécurité et une participation accrue des femmes, tout en invitant l’ONU à adopter une approche « globale, intégrée et cohérente ».

L’adoption de ce texte a suivi un débat organisé en visioconférence qui aura vu plusieurs ministres des Affaires étrangères et le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine prendre la parole. Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité d’un financement pérenne d’une telle réforme. 

Dans cette résolution, le Conseil de sécurité rappelle que la réforme du secteur de la sécurité est, au lendemain des conflits, « cruciale du point de vue de la consolidation de la paix et de la stabilité, de la réduction de la pauvreté, de la promotion de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance, de l’extension de l’autorité légitime de l’État et de la prévention de la reprise des conflits ».

Eliminer les obstacles à la participation égale des femmes

Le Conseil souligne « l’importance cardinale » de l’appropriation nationale des mécanismes de réforme du secteur de la sécurité, le point de vue des pays hôtes devant être pris en compte dans l’élaboration des mandats. Il décide aussi de continuer d’inscrire des éléments de réforme du secteur de la sécurité dans les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, et de leur accorder « le degré de priorité voulu ». 

La réforme du secteur de la sécurité doit être complémentaire et adossée à des processus politiques nationaux ouverts à toutes les composantes de la société, estime le Conseil.

L’instance onusienne chargée des questions de paix et de sécurité internationales note également que la participation « pleine, égale et effective » des femmes au secteur de la sécurité contribue à la mise en place d’institutions inclusives, responsables et légitimes protégeant plus efficacement les populations. Il encourage donc les États membres à éliminer les obstacles à la participation égale des femmes.  

Le Conseil décide aussi de renforcer le rôle du Secrétariat des Nations Unies en matière de réforme du secteur de la sécurité, « compte tenu des mandats propres à chaque pays ». Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, devra lui présenter, en septembre 2021, un rapport sur les mesures qu’il aura prises pour consolider l’approche globale de l’ONU en la matière. 

Réforme du secteur de la sécurité : « un travail de longue haleine »

Lors du débat, la Sous-Secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, Bintou Keita, a rappelé que la réforme du secteur de la sécurité était « un travail de longue haleine », dont le succès dépend de la robustesse du contrat social et de la confiance de la population.

Le Sous-Secrétaire général de l’ONU à l’Etat de droit et aux institutions chargées de la sécurité au Département des opérations de paix, Alexandre Zouev, a, de son côté, rappelé que les Nations Unies aidaient plus de 15 pays à réformer leur secteur de la sécurité.

« Les partenariats stratégiques sont la clef pour promouvoir une aide efficace », a-t-il ajouté, en notant le renforcement de la coopération régionale avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore l’Union européenne (UE).  

Mais pour assurer l’efficacité des partenariats, encore faut-il qu’ils soient bien coordonnés. Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Smaïl Chergui, a insisté sur la nécessité d’un financement prévisible et durable, tant la réforme du secteur de la sécurité est un processus « politiquement complexe » et « souvent coûteux ».

Pour être réellement nationale, l’appropriation de la réforme doit concerner tout le pays. La société civile du pays concerné doit donc pouvoir pleinement participer à la réforme, y compris les femmes, dont le rôle doit être accru, a recommandé Mme Keita.