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Conférence sur l’Afghanistan à Genève : accorder la priorité à la protection de la vie des civils

De nombreuses écoles en Afghanistan ont subi les effets d'un conflit à long terme.
© UNICEF/Marko Kokic
De nombreuses écoles en Afghanistan ont subi les effets d'un conflit à long terme.

Conférence sur l’Afghanistan à Genève : accorder la priorité à la protection de la vie des civils

Paix et sécurité

Dans le contexte des négociations de paix entre le gouvernement afghan et les talibans, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a invité lundi les différentes parties à prendre des engagements immédiats pour protéger la vie des civils. 

« Cela peut sauver de la souffrance des milliers de familles, réduire les récriminations et renforcer la confiance entre les négociateurs », a déclaré la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, à l’ouverture d’un événement en marge d’une conférence des donateurs, qui se tient ce lundi et mardi à Genève. Mme Bachelet a ainsi plaidé pour une réduction de la violence et « idéalement un cessez-le-feu ».

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiétée du lourd tribut payé par les civils afghans. De janvier à octobre de cette année, la Mission de l’ONU dans ce pays (MANUA) a enregistré près de 6.000 victimes civiles (2.117 tués et 3.822 blessés).

« Si l’espoir d’un cessez-le-feu a été suscité, dans le contexte des négociations de paix en Afghanistan et par l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu humanitaire global, les pertes civiles n’ont pas diminué depuis le début des pourparlers de paix le 12 septembre », a regretté Mme Bachelet.

Or pour le peuple afghan, cette année a apporté « une lueur d’espoir » avec le début des négociations de paix en Afghanistan, dans « un sombre contexte de graves difficultés dans la vie quotidienne ». Elle a pointé du doigt la poursuite du conflit armé, les catastrophes naturelles et l’impact de la pandémie de Covid-19.

Lors de la conférence des donateurs, qui se tient au Palais des Nations par visioconférence, la Haut-Commissaire a indiqué que toute paix durable doit être basée sur la participation, l’inclusion et les droits de chacun. Cela signifie qu’il faut discuter de questions douloureuses concernant la vérité, les recours, la justice et la prévention de nouvelles victimes.

Elle a ainsi demandé - que les parties au conflit reconnaissent le tort causé aux victimes et qu’elles examinent leurs droits à la vérité, à la justice, à l’indemnisation et à la réparation. Au cours de ce processus, les victimes, les femmes et les minorités doivent faire entendre leur voix. 

Écouter la voix des femmes

A ce sujet, Mme Bachelet a mis en garde sur une quelconque volonté d’échanger ou de troquer à la table des négociations certains droits pour atteindre d’autres objectifs politiques.

« Les droits des femmes ne constituent pas un aspect distinct et jetable de ce système », a-t-elle averti. Elle veut s’assurer d’une participation significative des femmes au processus, par tous les canaux et à tous les niveaux de décision.

« Qu’est-ce que cela signifie ? Écouter la voix des femmes, en tant que femmes et en tant qu’individus ayant des origines, des expériences et des compétences diverses », a-t-elle insisté, relevant la corrélation directe entre la participation des femmes et la durabilité de la paix. « Il est dans l’intérêt de tous de veiller à ce que les femmes aient un siège égal à la table des négociations », a-t-elle dit.

Sur un autre plan, la cheffe des droits de l’homme s’attend à ce que les négociations de paix offrent aux parties la possibilité de s’entendre sur des mesures de confiance en matière de protection de l’enfance. Il s’agit de mettre en place des programmes dans les communautés pour la libération des enfants détenus et la réintégration des enfants recrutés. 

Elle a donc demandé à toutes les parties de cesser les attaques contre les hôpitaux et les écoles. Il s’agit aussi de donner la priorité aux zones géographiques de déminage humanitaire afin de protéger les enfants contre les dangers.

La Conférence quadriennale des donateurs pour l’Afghanistan à Genève, coorganisée par les Nations Unies et les gouvernements afghan et finlandais, réunit des représentants de plus de 70 pays et d’organisations et d’agences internationales. La conférence doit fixer des objectifs de développement et établir des engagements de financement pour l’Afghanistan sur la période 2021-2024.