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Tigré (Éthiopie) : l’ONU a besoin de 200 millions de dollars pour accueillir 200.000 réfugiés au Soudan

Les réfugiés éthiopiens, fuyant les affrontements dans la région du Tigré, au nord du pays, traversent la rivière Tekeze pour se rendre à Hamdayet, au Soudan.
© UNHCR/Hazim Elhag
Les réfugiés éthiopiens, fuyant les affrontements dans la région du Tigré, au nord du pays, traversent la rivière Tekeze pour se rendre à Hamdayet, au Soudan.

Tigré (Éthiopie) : l’ONU a besoin de 200 millions de dollars pour accueillir 200.000 réfugiés au Soudan

Migrants et réfugiés

Alors que le nombre de personnes fuyant la région éthiopienne du Tigré pour se rendre dans l’Est du Soudan dépasse désormais le seuil des 33.000 réfugiés, les agences d’aide de l’ONU et leurs partenaires humanitaires recherchent 200 millions de dollars. 

Cet appel de fonds permettra de répondre aux besoins de milliers de réfugiés éthiopiens, notamment en nourriture, abris et autres priorités, au moment où les agences humanitaires constatent un exode croissant vers le Soudan, a indiqué l’ONU vendredi. 

Dans l’immédiat, les agences de l’ONU cherchent 50 millions de dollars de financement urgent qui serviront à fournir de vivres et à établir de nouveaux camps. 

« Nous avons besoin du soutien immédiat des donateurs pour pouvoir continuer à aider le nombre croissant de réfugiés éthiopiens arrivant au Soudan », a déclaré Axel Bisschop, le Représentant du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) au Soudan, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. 

Sur le terrain, l’afflux ne faiblit pas. M. Bisschop dit même s’attendre à une hausse du nombre d’Ethiopiens tentant de franchir la frontière soudanaise.

Au poste frontalier de Hamdayet, dans l’État de Kassala, et dans celui de Lugdi, dans l’État de Gedaref, les équipes du HCR continuent d’enregistrer quotidiennement des milliers de nouvelles arrivées.

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« Les réfugiés nous ont dit qu’ils vaquaient à leurs occupations quotidiennes lorsque les combats ont éclaté soudainement », relate l’Agence onusienne.

L’ONU prévoit d’accueillir 200.000 réfugiés éthiopiens au Soudan

Parmi les exilés figurent des enseignants, des infirmières, des employés de bureau, des agriculteurs et des étudiants qui ont été « pris de court » par ces violences. 

« Beaucoup ont fui sans rien d’autre que ce qu’ils avaient avec eux, puis ont dû marcher pendant des heures et traverser une rivière pour trouver refuge au Soudan », indique le HCR dans un communiqué.

Face à cet afflux de réfugiés, le Représentant de l’UNICEF au Soudan, Abdullah Fadil, a déclaré qu’il y avait des inquiétudes quant à une éventuelle « propagation de maladies » parmi les réfugiés, dont près de la moitié sont des enfants.

Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés, plusieurs milliers de réfugiés arrivent chaque jour à la frontière. A ce rythme, 200.000 réfugiés pourraient entrer au Soudan durant les six prochains mois. 

« Avec toutes les agences, nous avons élaboré un plan d’intervention pour environ 20.000 personnes et nous en sommes actuellement à environ 33.000, ce qui dépasse déjà ce chiffre », a fait remarquer M. Bisschop, ajoutant qu’il s’agit « d’un chiffre utilisé pour la planification, afin d’être parfaitement préparé ».

Ce long parcours vers l’exile reste un chemin semé d’embûches. Ces réfugiés arrivent dans « des régions reculées » disposant de très peu d’infrastructures et les besoins sont « énormes ». 

Selon le HCR, il faut au moins six heures pour atteindre Hamdayat depuis Kassala et pour se rendre au Village 8 - un autre endroit qui accueille temporairement des réfugiés. Le personnel à la frontière doit, soit prendre un ferry d’une capacité maximale de quatre véhicules, soit faire un détour de trois heures par la route.  

Plus de 5.000 réfugiés ont été transférés dans le camp d’Um Raquba - à 70 kilomètres à l’intérieur des terres. 

« Nous nous efforçons de décongestionner la frontière », a expliqué Axel Bisschop.

Le HCR « n’a pas eu de nouvelles de son personnel depuis lundi »

Face à des besoins croissants, les agences onusiennes travaillent d’arrache-pied pour apporter une aide suffisante et vitale aux femmes, aux enfants et aux hommes dans le besoin. De l’eau est acheminée. 

Le Programme alimentaire mondial (PAM) continue de garantir des repas chauds à la frontière à ceux qui arrivent au Soudan. Un stock de plus de 1.000 tonnes de nourriture suffisant pour subvenir aux besoins de 60.000 personnes pendant un mois a déjà été livré à Kassala.

De son côté, le HCR a déployé du personnel pour identifier les personnes les plus vulnérables ayant des besoins particuliers. Davantage de fournitures médicales arrivent dans les centres de santé, y compris des aliments thérapeutiques et complémentaires prêts à l’emploi.

A l’intérieur de l’Éthiopie même, le nombre de personnes déplacées augmente également chaque jour, et « le manque d’accès aux personnes dans le besoin, associé à l’incapacité d’acheminer les secours dans la région, reste un obstacle majeur ». 

Les Nations Unies s’inquiètent toujours du bien-être des civils qui pourraient être pris au piège du conflit et de la manière dont la fermeture des routes empêche la fourniture de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin. A ce sujet, le HCR indique qu’il « n’a pas eu de nouvelles de son personnel depuis lundi » et s’est dit « très inquiet ».

Les agences humanitaires ont appelé à un cessez-le-feu temporaire immédiat

Plus largement, les agences humanitaires onusiennes demandent instamment « un accès immédiat et sans entrave pour atteindre les personnes dans le besoin dans les zones sous le contrôle respectif des parties belligérantes ». 

« Nous sommes de plus en plus préoccupés par la sûreté et la sécurité de tous les civils du Tigré, y compris les 100.000 réfugiés érythréens qui se trouvent dans quatre camps dans cette région », a déclaré Babar Baloch, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève.

De plus, les agences onusiennes ont appelé vendredi à un cessez-le-feu temporaire immédiat en Ethiopie et à la mise en place de couloirs humanitaires qui permettraient l’accès aux civils après deux semaines de combats. 

« Un cessez-le-feu temporaire avec effet immédiat est nécessaire pour permettre la mise en place de couloirs humanitaires », a ajouté M. Baloch.

Un appel d’autant plus urgent que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) redoute les conséquences du conflit dans la région du Tigré, en Ethiopie. 

« Le blackout sur les communications et les restrictions imposées aux déplacements dans la région du Tigré, empêchent d’atteindre quelque 2,3 millions d’enfants qui ont besoin d’assistance humanitaire », a affirmé la Directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore, dans un communiqué publié vendredi.

L’agence onusienne estime qu’environ « 12.000 enfants, certains sans parents ni famille, se trouvent dans les camps de réfugiés et les centres d’enregistrement et sont dans une situation à risque ».

La province du Tigré est, depuis le 4 novembre, le théâtre de violents combats opposant les forces gouvernementales fédérales aux troupes du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).