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Sécurité routière : « le vaccin, c’est la ceinture de sécurité, ne pas boire au volant, les limitations de vitesse » - Jean Todt

Trafic routier à Kuala Lumpur, en Malaisie
Photo: Trinn Suwannapha / Banque mondiale
Trafic routier à Kuala Lumpur, en Malaisie

Sécurité routière : « le vaccin, c’est la ceinture de sécurité, ne pas boire au volant, les limitations de vitesse » - Jean Todt

Santé

Avec son nouveau livre paru ce jeudi 19 novembre, Jean Todt, Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la sécurité routière, poursuit sa tournée médiatique pour sensibiliser sur le fléau des accidents de la route, qui est « la première cause de mortalité chez les jeunes entre 5 et 29 ans ».

Dans ce nouvel ouvrage, « Des millions de vies à sauver... sur les routes du monde », le Président de la Fédération internationale de l’automobile dénonce « cette tragédie, qui se déroule au vu et au su de tous ». 

Et « malheureusement », il y a chaque année 1,4 million de morts sur les routes dans le monde, et entre 30 et 50 millions de blessés avec des séquelles. « Trop souvent, on part du principe qu’il est normal qu’il y ait des morts sur les routes », lit-on au fil des pages de cet ouvrage illustré par des données statistiques et des photos.

« Ce livre est un point de la situation. C’est également un signal d’alarme », a déclaré Jean Todt, dans un entretien accordé à ONU Info.  Et pour lui, ces 1,4 million de « victimes oubliées » qui décèdent méritent de laisser en héritage un monde plus sûr. « Nombre de ces morts auraient pu être évitées ; les solutions sont à notre portée ».

L’ancien pilote automobile use donc des mots pour alerter. « Chaque soir, quand le soleil se couche, l’avenir de 500 enfants qui l’avaient vu se lever est anéanti. Chaque année, des dizaines de millions de vies sont également bouleversées à jamais en raison des blessures provoquées par des accidents de la route ».

En un instant, c’est le quotidien des rescapés et de leurs proches qui bascule. « Ce que j’aimerai que le lecteur retienne en lisant ce livre, c’est qu’il y a un combat qui est engagé pour diminuer le nombre de victimes sur les routes », a-t-il ajouté lors de cet entretien accordé à ONU Info.

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière, Jean Todt (archives).
Photo : ONU/Violaine Martin
L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière, Jean Todt (archives).

L’Afrique, le continent le plus touché

Dans ce panorama de la sécurité routière, M. Todt y rappelle que l’Afrique est le continent le plus touché. Cette région a le taux de mortalité le plus élevé, avec 26 victimes pour 100.000 habitants (contre 9,3 en Europe), et représente 43% des victimes de la circulation routière.

D’une manière générale, 90% des de décès annuels surviennent dans les pays en développement, alors qu’ils ne représentent que la moitié des véhicules dans le monde.

Comme pour illustrer les conséquences de ce drame, le risque de mortalité est quasiment trois fois plus élevé sur la route en Afrique. En Suède, l’un des pays pionniers en matière de sécurité routière, le taux est de 2,8 morts pour 100.000 habitants. « En République centrafricaine, le chiffre est dix fois plus élevé : 33,6 pour 100.000 habitants », relate M. Todt.

Face à ce sombre tableau, l’Envoyé de l’ONU souligne le travail fait au niveau de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (CEE-ONU). Et c’est vers cette Commission onusienne basée à Genève que le Nigéria s’est tourné. Et Abuja est finalement devenu le premier pays non-membre de la CEE-ONU à accéder aux sept Conventions des Nations Unies pour la sécurité routière.

Dans ce pays, le nombre de victimes a baissé de façon considérable depuis 2013 (-21%). « La légère augmentation enregistrée entre 2016 et 2018 (+2,47%) est certes décevante, mais la priorité accordée à la sécurité routière et le leadership politique en évidence me rendent confiant dans l’avenir. Les accidents de la route sont la troisième cause de mortalité dans le pays, et la première cause de handicap », a-t-il fait remarquer.

Combiner la lutte pour la sécurité routière et le combat contre le coronavirus

Plus largement, il appelle à combiner la lutte pour la sécurité routière et le combat contre le coronavirus. Etablissant un parallèle avec la pandémie de Covid-19, M. Todt explique que là, le vaccin existe déjà : « le vaccin, c’est mettre sa ceinture de sécurité, c’est mettre un casque, c’est ne pas boire en conduisant, c’est respecter les limitations de vitesse ».

Pour le Président de la Fédération Internationale de l’Automobile, le monde fait face à une situation d’urgence : « II s’agit d’une pandémie à laquelle nous pouvons mettre fin. Pourquoi n’avons-nous pas déjà mis en œuvre des mesures comparables à celles qui ont été enclenchées pour lutter contre la Covid-19 ? »

De fait, l’Envoyé spécial de l’ONU en appelle à un Sommet mondial sur la sécurité routière, inspiré des Sommets de la terre qui ont permis une meilleure prise de conscience des enjeux écologiques.  Dans cet ouvrage, Jean Todt plaide en faveur d’une révolution en matière de sécurité routière, axée sur une « approche pour un système sur». Dans cette optique, il exhorte les gouvernements du monde entier à agir de toute urgence. 

« Cet essai est l’occasion de partager ma vision avec vous : ensemble, nous pouvons faire de cet objectif une réalité et contribuer à remodeler le monde (post Covid-19). Penchons-nous sur cet autre fléau. », détaille M. Todt, qui note qu’à première vue, il peut sembler paradoxal que quelqu’un d’aussi impliqué dans la course automobile s’engage sur cette question. « En réalité, c’est assez logique », se défend M. Todt, avec le sens de la formule.

Et pour l’Envoyé de l’ONU, c’est finalement un combat pour tout le monde. « Nous avons tous la responsabilité. Et ça ne saurait se résumer à un combat ou de la responsabilité du gouvernement, mais c’est un combat qui est de la responsabilité de chaque usager de la route », a-t-il dit à ONU Info.

« Les accidents de la route sont la troisième cause de mortalité dans le pays, et la première cause de handicap », rappelle d’ailleurs dans la préface de l’ouvrage, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies.