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Extorsion, guerre biologique et terrorisme : un rapport de l'ONU dénonce l'exploitation de la pandémie par les extrémistes

La pandémie de Covid-19 est exploitée par des criminels et des extrémistes violents pour gagner leur soutien et saper la confiance dans les gouvernements.
Photo : Unsplash/Markus Spiske
La pandémie de Covid-19 est exploitée par des criminels et des extrémistes violents pour gagner leur soutien et saper la confiance dans les gouvernements.

Extorsion, guerre biologique et terrorisme : un rapport de l'ONU dénonce l'exploitation de la pandémie par les extrémistes

Droit et prévention du crime

Les criminels et les extrémistes violents exploitent la pandémie pour construire leurs réseaux de soutien, saper la confiance dans le gouvernement et même armer le virus, selon un rapport publié mercredi par l'Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI).

« Les groupes terroristes, extrémistes violents et criminels organisés tentent de profiter de la pandémie de la maladie du coronavirus (Covid-19) pour étendre leurs activités et mettre en péril l'efficacité et la crédibilité des mesures de réponse des gouvernements », écrit la Directrice de l'UNICRI, Antonia Marie De Meo, dans l'introduction du rapport, intitulé « Stop au virus de la désinformation ».

« Il est également alarmant que certains groupes terroristes et extrémistes violents aient tenté d'utiliser abusivement les médias sociaux pour inciter des terroristes potentiels à diffuser intentionnellement la Covid-19 et à l'utiliser comme une forme improvisée d'arme biologique », souligne Mme De Meo.

Les médias sociaux pourraient être utilisés pour « inspirer le terrorisme », en motivant les terroristes auto-radicalisés à perpétrer de véritables attentats, ont constaté les chercheurs.

« Il y a des cas où des groupes d'extrême droite... ont explicitement demandé à leurs adeptes de propager le virus en toussant sur leur minorité locale ou en se rendant dans des lieux spécifiques où se rassemblent des minorités religieuses ou raciales. D'autres groupes... préconisent de propager la maladie à coronavirus dans les pays à forte population ou à haut niveau de pollution », indique le rapport.

L'affaire du « terrorisme inspiré »

Un cas notable de « terrorisme inspiré » est celui de Timothy Wilson, qui a comploté pour faire exploser une bombe dans un hôpital soignant des patients atteints de coronavirus à Kansas City. Il est mort au cours d'une fusillade avec le Bureau fédéral d'enquête américain en mars.

Il avait été actif sur au moins deux chaînes néo-nazies de la plateforme de médias sociaux Telegram, et son dernier commentaire en ligne était un message antisémite concernant l'origine de la Covid-19, selon le rapport.

Les chercheurs ont examiné trois groupes d'acteurs non étatiques : les extrémistes de droite ; les groupes associés au groupe terroriste EIIL (appelé aussi Daech) et à Al-Qaïda ; et les groupes du crime organisé.

Ils ont décrit comment les extrémistes, en particulier les groupes d'extrême-droite, ont utilisé les médias sociaux pour répandre des théories de conspiration et de désinformation sur le virus, en étendant leurs réseaux par l'exploitation d'algorithmes qui identifient les personnes potentiellement sympathisantes qui ont aimé et transmis des mèmes particuliers.

Théories du complot

Les théories de la conspiration ont souvent mêlé des histoires différentes et contradictoires, selon le rapport, notamment « l'identification du signal du téléphone portable 5G comme véhicule de transmission du virus, ou la fausse affirmation selon laquelle la pandémie a été orchestrée par Bill Gates pour implanter des micropuces dans les êtres humains, ou la fausse idée que le virus est un canular et n'existe pas ».

La crise économique créée par la pandémie a également donné aux groupes criminels des ouvertures pour prendre le contrôle d'entreprises et de magasins légitimes qui pourraient être menacés de faillite, en citant le cas des cartels de la drogue qui tentent de prendre le contrôle de pharmacies dans quatre États mexicains, et des enquêtes sur des extorsions en Italie.

Outils de démystification

Les chercheurs de l'UNICRI ont identifié plusieurs instruments permettant de démystifier la désinformation, notamment des outils de science des données, des applications de vérification des faits et l'intelligence artificielle, mais ont averti que les contre-mesures technologiques ne peuvent à elles seules mettre fin aux abus des médias sociaux.

Dans un autre cas de désinformation, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a mis en garde contre les fausses informations circulant sur les médias sociaux concernant la situation des réfugiés en Éthiopie, comme les rapports selon lesquels des membres du personnel des Nations Unies auraient été arrêtés dans la région du Tigré et auraient vu leurs véhicules confisqués.

« Ces informations sont fausses. Tout notre personnel et nos véhicules au Tigré sont comptabilisés. Nous demandons instamment à ceux qui utilisent les médias sociaux de partager les informations de manière responsable et uniquement à partir de sources corroborées », a déclaré l'agence onusienne.