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Au Bélarus, l’appareil de l’État est toujours utilisé pour commettre des violations des droits de l’homme (ONU)

Un homme blessé lors de manifestations au Bélarus est entouré par du personnel médical
Kseniya Halubovich
Un homme blessé lors de manifestations au Bélarus est entouré par du personnel médical

Au Bélarus, l’appareil de l’État est toujours utilisé pour commettre des violations des droits de l’homme (ONU)

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rappelé vendredi aux autorités du Bélarus l'interdiction absolue de la torture et la nécessité d'enquêter sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme.

« Nous restons profondément préoccupés par la situation au Bélarus plus de trois mois après l’élection présidentielle contestée, alors que le gouvernement bélarussien continue d’utiliser l’appareil de l’État pour commettre des violations des droits de l’homme », a déclaré Rupert Colville, porte-parole du HCDH, lors d’un point de presse.

Depuis l'élection présidentielle du 9 août, les Bélarussiens sont descendus dans les rues de tout le pays lors de manifestations de masse pacifiques pour exprimer leurs doléances. En réponse, ils se sont souvent heurtés à un recours inutile ou excessif à la force par les forces de l'ordre.

Selon le HCDH, les détentions massives arbitraires se poursuivent. « A ce jour, on estime que plus de 25.000 personnes ont été arrêtées, dont plus de 1.000 qui ont participé à des manifestations de solidarité dans la capitale, Minsk, et dans tout le Bélarus le 8 novembre », a précisé M. Colville.

Un grand nombre de ces personnes ont fait l’objet de poursuites administratives, dans certains cas pendant 15 jours au maximum, mais les autorités bélarussiennes engagent de plus en plus des poursuites pénales contre des personnes.

Quelque 231 personnes, dont trois journalistes, auraient ainsi été arrêtées le 1er novembre en tant que suspects dans une affaire pénale concernant l'organisation et la participation active à des actions qui « violent gravement l'ordre public » - une accusation pouvant entraîner une peine d'emprisonnement de trois ans.

Les étudiants et les professionnels de la santé ciblés

Ces dernières semaines, les autorités ont élargi la portée des personnes ciblées, les étudiants et les professionnels de la santé en particulier faisant désormais face à des restrictions et à des pressions indues.

Des étudiants, qui se sont rassemblés pour soutenir les personnes en grève, ont été menacés d'expulsion de leurs établissements d'enseignement et, depuis le 26 octobre, au moins 127 auraient été expulsés de leurs cours, mettant en péril leur droit à l'éducation et leurs perspectives d'emploi.

Des travailleurs médicaux et des médecins ayant participé à des chaînes de solidarité et à des marches professionnelles pour dénoncer les violences et les mauvais traitements perpétrés contre les manifestants ont également été arrêtés. Au cours d'une manifestation pacifique à Minsk le 7 novembre, au moins 57 travailleurs médicaux auraient été arrêtés dans les cinq minutes suivant le début de la manifestation.

Et cette semaine, des rapports ont révélé qu'une soixantaine de victimes de violence et de torture qui avaient reçu une aide financière d'un fonds caritatif avaient vu leurs comptes bancaires gelés sur ordre des autorités.

Nous rappelons aux autorités bélarussiennes l'interdiction absolue de la torture et la nécessité d'enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme, Rupert Colville, porte-parole du HCDH

« À ce jour, le gouvernement bélarussien n'a fourni aucune information concernant le processus et les résultats des enquêtes sur les allégations de torture et autres mauvais traitements contre les manifestants, tant lors des arrestations qu'en détention », a déploré M. Colville.

En août, le HCDH avait exprimé ses inquiétudes quant au fait qu'aucune mesure ne semblait avoir été prise pour enquêter sur de tels rapports et traduire les responsables en justice. Les derniers développements ne font que renforcer le sentiment que l'impunité pour les violations apparemment répandues des droits de l'homme commises pendant les manifestations et en détention se poursuit sans contrôle au Bélarus.

« Nous rappelons aux autorités bélarussiennes l'interdiction absolue de la torture et la nécessité d'enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme, en vue d'assurer la responsabilité, de garantir l'accès à un recours effectif pour les victimes et d'empêcher une nouvelle détérioration des la situation » a dit M. Colville.

« Toutes les personnes détenues pour avoir exprimé leur désaccord ou pour avoir participé à des manifestations, des grèves et autres actions pacifiques devraient être libérées immédiatement et les charges retenues contre elles devraient être abandonnées », a-t-il ajouté.

Les responsables de la mort de Roman Bondarenko doivent être traduits en justice

Le HCDH a également reçu des « informations inquiétantes » sur la mort tragique d'un homme de 31 ans, Roman Bondarenko, décédé jeudi après avoir été prétendument maltraité par un membre des forces de sécurité.

Selon certaines informations, M. Bondarenko faisait partie d'un groupe de personnes confrontées à des hommes masqués mercredi à Minsk et a été frappé à la tête par l'un d'eux. Il aurait ensuite été emmené au poste de police avant d'être transféré à l'hôpital avec de graves lésions cérébrales, où il est décédé.

Sa mort a entraîné une augmentation des tensions et de nouvelles manifestations. Les autorités ont déclaré qu'elles enquêtaient sur l'incident, mais nient que ceux qui ont attaqué Bondarenko appartenaient aux services de sécurité.

Le HCDH appelle les autorités bélarussiennes à mener une enquête approfondie, transparente et indépendante sur cet incident et à partager publiquement ses résultats. « Si effectivement un crime a été commis, quiconque est responsable de la mort de Roman Bondarenko doit être traduit en justice », a souligné M. Colville.