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Le HCR exhorte les États à mettre fin d’ici 2024 au sort incertain des apatrides

Des membres d'une famille rom apatride assis dans leur salon à Darda, en Croatie.
© HCR/Andrea Kaštelan
Des membres d'une famille rom apatride assis dans leur salon à Darda, en Croatie.

Le HCR exhorte les États à mettre fin d’ici 2024 au sort incertain des apatrides

Migrants et réfugiés

La pandémie de Covid-19 exacerbe les souffrances de millions d’apatrides à travers le monde, a souligné mercredi le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Une pandémie ne fait pas la différence entre les citoyens et les non-citoyens », a déclaré le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Afin de marquer le sixième anniversaire du lancement de la campagne #IBelong (#Jexiste) du HCR qui vise à mettre fin à l’apatridie d’ici 2024, Filippo Grandi estime que ce n’est dans l’intérêt d’aucun État, d’aucune société ou communauté de laisser vivre des individus dans l’apatridie et en marge de la société. « La pandémie de Covid-19 a plus que jamais démontré la nécessité d’inclure les apatrides et l’urgence à mettre fin à l’apatridie », a -t-il dit.

Bien qu’il soit difficile d’obtenir des données mondiales, les populations apatrides n’étant pas toujours considérées dans les recensements nationaux, le HCR estime qu’il existe environ 4,2 millions d’apatrides dans 76 pays.

« Toutefois, le chiffre réel serait considérablement plus élevé », relativise l’agence onusienne.

Privés de droits fondamentaux et, souvent, de l’accès aux services essentiels, de nombreux apatrides sont marginalisés sur le plan politique et économique. Ils sont soumis à des discriminations et sont vulnérables à l’exploitation et aux abus.

Selon le HCR, les apatrides, y compris les réfugiés apatrides, vivent, dans de nombreux pays, dans des conditions d’hygiène et de promiscuité qui augmentent les risques de maladie.

« L’apatridie est un problème qui peut être facilement résolu et prévenu »

Et en dépit de progrès majeurs accomplis pour réduire l’apatridie dans le monde depuis le lancement de la campagne en novembre 2014, la pandémie vient à présent « exacerber nombre des difficultés et des injustices auxquelles sont confrontées les personnes apatrides ».

« Privés de citoyenneté, de nombreux apatrides n’ont pas accès aux services de santé publique essentiels et aux mesures de protection sociale, qui ne tiennent pas compte de leur existence. Ils se sont retrouvés extrêmement vulnérables face à cette pandémie », a fait valoir M. Grandi.

Certains pays ont malgré tout montré la voie en incluant les apatrides dans les mesures mises en place en réponse au coronavirus, s’assurant ainsi qu’ils aient accès aux tests de dépistage et aux traitements, à la nourriture, aux vêtements et aux masques.

Considérant l’enregistrement des naissances et d’autres modalités d’État civil comme des services essentiels, certains gouvernements ont maintenu leurs opérations malgré la pandémie, empêchant ainsi la survenue de nouveaux cas d’apatridie.

« Afin de protéger et de sauver des vies, nous exhortons les gouvernements à mettre fin à l’apatridie et à s’assurer que nul ne soit laissé pour compte », a recommandé le chef du HCR. Il a donc appelé les dirigeants de la planète à œuvrer pour l’inclusion et la protection des populations apatrides et à prendre des mesures rapides et audacieuses pour éliminer l’apatridie.

Face à « cet affront à l’humanité en ce XXIème siècle », M. Grandi estime pourtant que l’apatridie est un problème « facile » à résoudre et à prévenir.

« C’est une question de volonté politique de changer le statut et l’existence d’un individu – mais l’inaction, surtout au cœur d’une pandémie, peut avoir des conséquences potentiellement mortelles », a précisé le Haut-Commissaire.