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Conflit du Haut-Karabakh : Michelle Bachelet met en garde contre d'éventuels crimes de guerre

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)
ONU Info/Daniel Johnson
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)

Conflit du Haut-Karabakh : Michelle Bachelet met en garde contre d'éventuels crimes de guerre

Droits de l'homme

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a exprimé son inquiétude face à la poursuite des attaques aveugles dans les zones peuplées dans et autour de la zone de conflit du Haut-Karabakh, en violation du droit international humanitaire, et a averti qu'elles pourraient constituer des crimes de guerre.

« Depuis que le conflit a repris en septembre avec les terribles conséquences que nous constatons actuellement, des appels répétés ont été lancés, y compris par moi-même, pour que les parties prennent toutes les mesures possibles pour éviter, ou à tout le moins minimiser, la perte de vies civiles et les dommages aux infrastructures civiles, y compris les écoles et les hôpitaux - ainsi que pour distinguer les civils des combattants, et les biens civils des objectifs militaires », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué de presse publié lundi.

« Au lieu de cela, des maisons ont été détruites, des rues réduites à l’état de décombres et des personnes forcées de fuir ou de chercher refuge dans des sous-sols », a-t-elle ajouté.

Selon la cheffe des droits de l’homme des Nations Unies, le droit international humanitaire est clair : les attaques menées en violation du principe de distinction ou du principe de proportionnalité peuvent constituer des crimes de guerre, et les parties au conflit sont tenues d'enquêter efficacement, rapidement, de manière approfondie et impartiale sur ces violations et de poursuivre ceux qui sont présumés les avoir commises.

« Ces attaques doivent cesser et ceux qui les ont exécutées ou qui les ont ordonnées doivent rendre des comptes », a dit Mme Bachelet.

Malgré un accord conclu vendredi par l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour s'abstenir de cibler délibérément les populations civiles, des frappes d'artillerie contre des zones peuplées ont été signalées ce week-end. Le marché central de Stepanakert / Khankendi dans le Haut-Karabakh aurait été touché. Et des sources azerbaïdjanaises ont déclaré que la ville de Tartar, située à environ 20 kilomètres de la ligne de front, avait été touchée par des frappes d'artillerie.

Des dizaines de civils tués

Selon le gouvernement azerbaïdjanais, depuis fin septembre, au moins 91 civils ont été tués dans les zones sous son contrôle. Le gouvernement arménien a signalé que 45 civils ont été tués dans la zone de conflit du Haut-Karabakh et deux en Arménie. Plusieurs centaines de personnes, dont des dizaines d'enfants, ont été blessées. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme n'a pas été en mesure de vérifier ces chiffres de manière indépendante.

Le gouvernement azerbaïdjanais a indiqué qu'environ 40.000 personnes ont été temporairement déplacées par les derniers combats. Selon le ministre arménien des affaires étrangères, quelque 90.000 Arméniens de souche du Haut-Karabakh ont fui les hostilités actuelles et se trouvent actuellement en Arménie.

« J'exhorte les parties impliquées à dépolitiser la question de l'accès humanitaire et des droits de l'homme à toutes les zones touchées par le conflit - y compris par mes équipes dans les zones concernées - afin qu'il puisse y avoir un suivi efficace de la situation des droits de l'homme sur le terrain », a dit Mme Bachelet.

L’ONU appuie les efforts de paix en cours des coprésidents du Groupe de Minsk (Etats-Unis, France et Russie) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui, depuis 1992, s’emploient à résoudre le conflit du Haut-Karabakh qui dure depuis trois décennies.