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RCA : l’ONU et ses partenaires mettent en garde contre toute entrave au processus électoral

Des femmes Casques bleus servant au sein de la MINUSCA en République centrafricaine.
Photo : ONU/Hervé Serefio
Des femmes Casques bleus servant au sein de la MINUSCA en République centrafricaine.

RCA : l’ONU et ses partenaires mettent en garde contre toute entrave au processus électoral

Paix et sécurité

A l’issue d’une visite de quatre jours en République centrafricaine (RCA), une délégation de l’ONU, de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont mis en garde contre toute tentative d’entrave au processus électoral à deux mois des élections générales dans le pays.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Smaïl Chergui et le Président de la Commission de la CEEAC, Gilberto Da Piedade Veríssimo se sont félicités des avancées significatives dans les préparatifs des élections présidentielles et législatives, dont le premier tour est prévu le 27 décembre.

« Nous avons les conditions nécessaires pour la tenue de ces élections en RCA, avec une grande contribution de la MINUSCA (mission des Nations Unies dans le pays) pour la mise en œuvre du plan de sécurisation intégrée des élections », a assuré M. Lacroix lors d’une conférence de presse vendredi.

M. Chergui s’est également montré optimiste : « Nous repartons confiants par rapport à la tenue des prochaines élections ».

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies a souligné que la meilleure manière de déterminer l’avenir de la RCA passe par le vote du plus grand nombre des Centrafricaines et Centrafricains. « Tout le monde devrait s’unir autour de ce but », a-t-il souligné.

Les hauts responsables de l’ONU, de l’UA et de la CEEAC ont pris note des défis et des préoccupations soulevées par les différents acteurs rencontrés au cours de leur visite conjointe dans le pays d’Afrique centrale. Ils ont invité les acteurs politiques et toutes les parties prenantes à privilégier le dialogue et la concertation pour la tenue d’élections pacifiques, libres, inclusives, transparentes et crédibles, dans le respect des délais constitutionnels.

« Notre souhait est que tous les citoyens puissent aller aux élections dans le respect de la loi et d’autrui. Chacun à l’occasion d’exprimer son point de vue politique mais dans les urnes et pacifiquement », a déclaré M. Chergui. « La région refuse que l’on dénie au peuple centrafricain son droit de voter et de vivre en paix », a prévenu M. Da Piedade Veríssimo au nom des Etats d’Afrique centrale.

L’ONU, l’UA et la CEEAC ont souligné l’importance d’une participation active de toute la société centrafricaine au processus électoral sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora.

Les trois organisations encouragent particulièrement une participation déterminante des femmes aux élections, y compris en tant que candidates, ainsi que leur représentativité active au-delà du quota minimum de 35% exigé par la loi. Ils se félicitent déjà du fort taux d’inscription des femmes sur les listes électorales (46,48%).

Dénoncer la désinformation, les discours de haine et l’incitation à la violence

Tout en prenant note des défis soulevés par les autorités nationales sur la participation des réfugiés au processus électoral, l’ONU, l’UA et la CEEAC invitent les autorités centrafricaines à poursuivre les efforts visant à créer les conditions favorables au retour volontaire, sûr et digne des réfugiés et leur participation dans la vie socio-économique et politique du pays.

Elles rappellent aussi l’importance du respect des libertés civiques et politiques, surtout en cette période électorale, tout en dénonçant les campagnes de désinformation, les discours de haine et d’incitation à la violence.

Elles exhortent toutes les parties prenantes et futurs candidats à respecter l’ordre constitutionnel et l’autorité de la Cour constitutionnelle qui est seule juge des élections, à préserver la crédibilité de l’accord de paix et à s’abstenir de tout acte, omission ou déclaration publique de nature à exposer les populations ou institutions à des menaces. Les organisations partenaires mettent en garde contre toutes tentatives d’entraver le processus électoral et signalent que les auteurs seront identifiés, arrêtés et traduits devant la justice.

S’agissant du processus de paix, les hauts responsables de l’ONU, de l’UA et de la CEEAC saluent les progrès dans la mise en œuvre de l’accord entre le gouvernement et les 14 groupes armés. Ils rappellent que cet accord constitue le cadre viable pour une paix durable en RCA. 

Ainsi, ils invitent les parties signataires, gouvernement et groupes armés, à poursuivre les efforts visant la mise en œuvre intégrale et sans condition de l’accord. Ils les appellent également à faire avancer le processus de paix au-delà des élections. « Les revendications des groupes armés peuvent être résolues mais pas dans le cadre des élections », a souligné M. Da Piedade Veríssimo, ajoutant que « les messages qui sont contraires à un climat apaisé sont contre le peuple centrafricain ».

L’accord de paix et l’appel au cessez-le-feu doivent être respectés

Les hauts responsables de l’ONU, de l’UA et de la CEEAC ont condamné fermement les violations graves de l’accord de paix par certains groupes armés qui continuent de menacer et de s’attaquer aux civils, aux travailleurs humanitaires, aux Casques bleus, ainsi qu’à l’autorité de l’Etat centrafricain.

Evoquant les récentes échauffourées au nord-ouest de la RCA, M. Lacroix a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSCA décédés. « Ils ont fait sacrifice de leur vie au service de la paix en Centrafrique », a-t-il déclaré.

Les trois organisations invitent les groupes armés à mettre fin à la violence et à respecter scrupuleusement les termes de l’accord ainsi que les appels au cessez-le-feu du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et du Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, pour mieux s’attaquer à la pandémie du Covid-19. Ils encouragent les groupes armés à s’engager dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et les Unités spéciales mixtes de sécurité (USMS).