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Covid-19 : le Comité d’urgence de l'OMS et Dr Tedros exhortent les pays à éviter la politisation de la réponse à la pandémie

A Londres, au Royaume-Uni, des restrictions anti-Covid-19 en place dans le quartier de Soho
FMI/Jeff Moore
A Londres, au Royaume-Uni, des restrictions anti-Covid-19 en place dans le quartier de Soho

Covid-19 : le Comité d’urgence de l'OMS et Dr Tedros exhortent les pays à éviter la politisation de la réponse à la pandémie

Santé

Alors que les contaminations ont poursuivi leur bond ces derniers jours dans plusieurs pays, notamment en Europe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a invité les gouvernements à se concentrer sur la lutte contre le coronavirus et éviter sa politisation.

« Les gouvernements devraient se concentrer sur la lutte contre le virus et éviter la politisation », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. « Où qu’ils se trouvent par rapport à l’épidémie de Covid-19, ils (les gouvernements) devraient continuer à investir dans le système de santé et la main-d’œuvre et améliorer le dépistage, la localisation et le traitement de tous les cas », a-t-il ajouté.

Pour le chef de l’agence onusienne, « le message à retenir est qu’il est important pour les gouvernements et les citoyens de continuer à se concentrer sur la rupture des chaînes de transmission ».

De leur côté, le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international a exhorté aussi les pays à éviter la politisation de la réponse à la pandémie, considérée comme un obstacle majeur aux efforts mondiaux.

Les doutes de l’OMS sur la stratégie dite « d’immunité collective

Alors que la propagation de Covid-19 s’accélère, le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international a donc demandé instamment de se concentrer sur des mesures qui fonctionnent. Ces experts indépendants se sont réunis le 29 octobre pour examiner la situation et les progrès réalisés en ce qui concerne les recommandations temporaires. 

Pour ce comité, la pandémie constitue toujours une urgence de santé publique de portée internationale et a demandé que l’on se concentre sur les efforts de réponse basés sur les leçons apprises et sur des données scientifiques solides.

Le comité a fourni des conseils concrets et ciblés sur lesquels l’OMS et les pays pourront se concentrer dans les mois à venir. Il a souligné l’importance de mesures cohérentes, fondées sur des données probantes et fondées sur les risques en ce qui concerne le trafic international, la surveillance et les efforts de traçage des contrats, le maintien des services de santé essentiels, y compris les services de santé mentale, et la préparation de plans pour les futurs vaccins Covid-19.

Par ailleurs, le Dr Tedros a réitéré ses doutes sur la stratégie dite « d’immunité collective ». Pour le chef de l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, une telle immunité n’est possible qu’avec des vaccins sûrs et efficaces qui sont distribués équitablement dans le monde.

« Il y a de la lumière au bout du tunnel » - Dr Tedros

« Tant que nous ne disposons pas d’un vaccin, les gouvernements et les autorités sanitaires doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour supprimer la transmission », a-t-il insisté.

Selon l’OMS, c’est « le meilleur moyen de prévenir les conséquences à long terme de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine ». Il a ainsi mis en garde sur ces pays tentés de prendre un autre chemin. 

« Cela renforce également le caractère moralement inadmissible et irréalisable de la stratégie dite d’immunité naturelle collective », a fait valoir le Dr Tedros. Faute de quoi, cela entraînerait « des millions de morts supplémentaires inutiles, mais elle mettrait également un nombre important de personnes face à un long chemin vers un rétablissement complet ».

Malgré ces mises en garde, le chef de l’OMS s’est montré optimiste. « Et il y a de la lumière au bout du tunnel », a-t-il dit. « Outre les tests rapides et la dexaméthasone, plusieurs vaccins sont actuellement en phase finale des essais de la troisième phase », a détaillé le Dr Tedros pour justifier cet espoir.

Des experts de l’OMS s’entretiennent avec leurs homologues chinois

Tout comme elle envisage l’avenir avec espoir, l’OMS continue également à travailler pour établir les origines du virus afin de prévenir de futures épidémies. Dans ce cadre, un groupe d’experts de l’OMS a tenu une réunion virtuelle avec ses homologues chinois vendredi pour discuter de la pandémie de coronavirus.

« L’OMS continue à travailler pour établir les origines du virus afin de prévenir de futures épidémies. Aujourd’hui, un groupe d’experts internationaux a tenu sa première réunion virtuelle avec ses homologues chinois », a rappelé le Dr Tedros, qui s’est joint à eux « pour les remercier et leur offrir son soutien afin d’assurer le succès de leurs recherches en cours ».

« Pour ce qui est des effets à long terme de Covid-19, de la rupture des chaînes de transmission et de l’établissement des origines du virus, l’OMS continuera à travailler en partenariat dans le monde entier pour favoriser la science, les solutions et la solidarité », a-t-il fait valoir.

Covid-19 et les séquelles à long terme

Par ailleurs, il a été question lors du point de presse des effets à long terme de l’infection. Près de onze mois après le début de la pandémie de Covid-19, les médecins et les experts s’interrogent sur les séquelles du coronavirus sur la santé des patients. « Au cours des derniers mois, j’ai entendu parler directement de personnes confrontées aux effets à moyen et long terme de l’infection par la Covid-19 », a relaté le Dr Tedros.

Ce qui est vraiment inquiétant, « c’est le vaste éventail de symptômes qui fluctuent dans le temps, se chevauchent souvent et peuvent affecter n’importe quel système du corps ». « De la fatigue, une toux et un essoufflement, à l’inflammation et aux lésions des principaux organes - y compris les poumons et le cœur. Et même des effets neurologiques et psychologiques », a relevé le chef de l’OMS.

Bien que le monde et l’OMS continuent d’apprendre encore sur le virus, « ce qui est clair, c’est que ce n’est pas seulement un virus qui tue des gens ». « Pour un nombre important de personnes, ce virus présente une série de graves effets à long terme. Bien que les gens se rétablissent, cela peut être lent - parfois des semaines ou des mois - et ce n’est pas toujours un chemin linéaire vers la guérison », a-t-il fait remarquer.

1,175 million de morts et près de 45 millions de contaminations dans le monde

Il est fréquent que la maladie laisse des stigmates chez de nombreux patients et cela ne concerne pas seulement ceux qui ont été hospitalisés.

Bien que le nombre exact de personnes affectées à long terme ne soit pas encore clairement défini, l’OMS estime que des symptômes et des complications post-Covid19 ont été signalés chez des patients hospitalisés et non hospitalisés. « Il y a eu des cas chez les femmes et les hommes, jeunes et vieux. Et même chez des enfants ».

En attendant, l’agence onusienne entend poursuivre ses recherches afin d’établir « les meilleures normes de soins pour accélérer la guérison et prévenir de telles complications ». Selon l’OMS, il est impératif que les gouvernements reconnaissent les effets à long terme de la Covid-19 et garantissent également l’accès aux services de santé à tous ces patients ».

La pandémie a fait au moins 1,175 million de morts dans le monde depuis fin décembre, pour plus de 44,59 millions de contaminations confirmées. Les Etats-Unis restent le pays le plus endeuillé avec au moins 226.132 morts et 8,76 millions de cas, devant le Brésil (158.456 morts et 5,4 millions de cas) et l’Inde (121.090 décès et plus de 8 millions de contaminations).