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RDC : l’OMS nomme une commission d’enquête sur les abus sexuels commis dans le cadre de la riposte à Ebola

Enterrement de victimes du virus Ebola lors d'une épidémie dans l'est de la République démocratique du Congo (photo d'archives).
Photo : ONU/Martine Perret
Enterrement de victimes du virus Ebola lors d'une épidémie dans l'est de la République démocratique du Congo (photo d'archives).

RDC : l’OMS nomme une commission d’enquête sur les abus sexuels commis dans le cadre de la riposte à Ebola

Droits de l'homme

Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a nommé, jeudi, deux éminentes personnalités pour co-présider la Commission d’enquête indépendante chargée d’examiner les allégations d’exploitation et d’abus sexuels commis lors de la riposte à la dixième épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, en République démocratique du Congo (RDC).

Cette commission sera coprésidée par l’ancienne ministre des affaires étrangères du Niger, Aïchatou Mindaoudou. La diplomate a occupé de hautes fonctions aux Nations Unies, non seulement au Darfour mais aussi en Côte d’Ivoire, en tant que Cheffe de l’Opération des Nations Unies (ONUCI).

L’ancienne cheffe de la diplomatie nigérienne présidera cette Commission aux côtés de l’activiste congolaise Julienne Lusenge. « La coprésidente est une militante des droits de l’homme internationalement reconnue et une défenseure des survivants de la violence sexuelle dans les conflits », souligne l’OMS dans son communiqué.

Le rôle de la Commission indépendante sera d’établir rapidement les faits, d’identifier et de soutenir les survivants. Il s’agit aussi de s’assurer que tout abus en cours a cessé et de demander des comptes aux auteurs. 

Julienne Lusenge, militante congolaise qui s’engage depuis trente ans en faveur des femmes victimes de violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Julienne Lusenge, militante congolaise 

Politique de tolérance zéro sur les abus sexuels 

Le 29 septembre dernier, l’agence onusienne s’était dite scandalisée par les allégations d’exploitation et d’abus sexuels commis dans le cadre de la riposte à Ebola en RDC. « L’OMS a une politique de tolérance zéro en ce qui concerne l’exploitation et les abus sexuels », relève aujourd’hui l’agence sanitaire de l’ONU, qui réitère son « ferme engagement à prévenir et à protéger contre l’exploitation et les abus sexuels dans toutes (ses) opérations dans le monde ». L’OMS entend ainsi rappeler qu’elle a pour politique « de ne tolérer aucune forme d’exploitation et d’abus sexuels ».

Outre les deux co-présidentes, la Commission sera composée de cinq autres experts ayant une expertise en matière d’exploitation et d’abus sexuels, d’intervention d’urgence et d’enquêtes. Ces cinq experts, choisis par Mmes Lusenge et Mindaoudou, seront assistés par un secrétariat basé à l’OMS. 

La Représentante spéciale du Secrétaire général en Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Loey Felipe
Aïchatou Mindaoudou, devant le Conseil de sécurité en 2017.

Pour soutenir le travail de cette commission indépendante, le Directeur général a décidé d’utiliser un processus ouvert pour engager une organisation indépendante et externe ayant l’expérience de la conduite d’enquêtes similaires.

Les autorités congolaises ont déclaré, le 25 juin dernier, la fin de la dixième épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette deuxième épidémie, la plus importante, avait persisté pendant près de deux ans dans une zone de conflit actif, et causé 3.470 cas, 2.300 décès et plus de 1.000 survivants. 

Pour la onzième épidémie d’Ebola en Equateur, aucun nouveau cas confirmé n’a été rapporté pour la journée du 13 octobre 2020 et ceci pour le 15ème jour successif. Au total, la RDC recense 128 cas (119 confirmés, 9 probables) dont 53 décès et 69 personnes guéries.