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La Covid-19 peut anéantir les progrès obtenus pour l'égalité des sexes si nous n'agissons pas immédiatement - António Guterres

Les participantes de groupes de la société civile rassemblées en marge de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing, en Chine, en septembre 1995.
Photo : ONU/Milton Grant
Les participantes de groupes de la société civile rassemblées en marge de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing, en Chine, en septembre 1995.

La Covid-19 peut anéantir les progrès obtenus pour l'égalité des sexes si nous n'agissons pas immédiatement - António Guterres

Femmes

Lors d'un événement de haut niveau pour commémorer le 25ème anniversaire de l'accord conclu lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s'est tenue à Beijing, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déploré que dans le monde « une femme sur trois subisse encore une forme de violence dans sa vie et que chaque année, 12 millions de filles soient mariées avant l'âge de 18 ans ».

Malgré les avancées significatives en matière de droits des femmes suite à la Déclaration adoptée en 1995 dans la capitale chinoise, comme la réduction de la mortalité maternelle de près de 40% depuis 1995, ses objectifs ambitieux n'ont pas encore été atteints, a regretté le chef du Secrétariat de l’ONU.

Le Secrétaire général a ajouté que dans certains endroits, les niveaux de fémicide pouvaient être assimilés à une zone de guerre.

« En 2017, 137 femmes en moyenne dans le monde ont été tuées quotidiennement par un membre de leur propre famille », a-t-il regretté.

Les femmes en paient le prix

António Guterres a rappelé que ce sont les filles et les femmes « qui paient le prix » du grand impact social et économique de la pandémie et de l'augmentation de la violence sexiste, en plus de souffrir d'une augmentation des pratiques abusives et répressives, telles que le mariage précoce et le manque de soins de santé sexuelle et reproductive.

António Guterres a rappelé que « les systèmes et structures de notre monde, fondés sur des millénaires de domination masculine, freinent les femmes dans tous les domaines, avec de graves conséquences pour tous ». Il a souligné que la Covid-19 montre l'urgence de faire avancer les accords de Beijing pour réaliser les promesses non tenues.

Des participants de la société civile réunis à Huairou, en Chine, dans le cadre de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing en septembre 1995.
Photo : ONU/Milton Grant
Des participants de la société civile réunis à Huairou, en Chine, dans le cadre de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing en septembre 1995.

 

« C'est fondamentalement une question de pouvoir, donc cela commence par la représentation égale des femmes aux postes de direction, dans les gouvernements, dans les conseils d'administration, dans les négociations sur le climat et à la table de la paix. Partout, des décisions sont prises qui affectent la vie des gens », a déclaré M. Guterres.

Pour atteindre cet objectif, il a déclaré qu'il était urgent de mettre en œuvre des mesures spécifiques telles que la discrimination positive et les quotas. Il a également encouragé tous les États membres à prendre des engagements concrets, limités dans le temps et ambitieux en faveur du leadership et de la pleine participation des femmes.

Cette déclaration a été soutenue par la Directrice exécutive d'ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, qui a rappelé qu'il y a 75 ans, lorsque l'ONU a été fondée, il n'y avait pas de femmes qui gouvernaient un pays.

« En 1995, à Beijing, il y avait 12 femmes chefs d'État ou de gouvernement. Aujourd'hui, sur 193 pays, il n'y a que 22 femmes à ces postes de direction. Dans l'ensemble, des progrès ont été réalisés, mais ils sont encore insuffisants et trop lents ».

Nana Konadu Agyeman Rawlings, première dame du Ghana, répond aux questions des médias lors de la quatrième conférence mondiale des Nations unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing, en Chine, en septembre 1995
Photo : ONU/Chen Kai Xing
Nana Konadu Agyeman Rawlings, première dame du Ghana, répond aux questions des médias lors de la quatrième conférence mondiale des Nations unies sur les femmes qui s'est tenue à Beijing, en Chine, en septembre 1995

La pandémie peut être une opportunité

Tout en reconnaissant la « catastrophe » que représente la Covid-19 pour les femmes, António Guterres y a vu une opportunité de les mettre en première ligne et au centre de la réponse et du rétablissement. 

« Les fonds de relance devraient permettre de fournir de l'argent directement aux femmes par le biais de transferts de fonds et de crédits. Les gouvernements devraient étendre les filets de sécurité sociale aux femmes de l'économie informelle et reconnaître la valeur du travail de soins non rémunéré », a-t-il déclaré.

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Natalia Kanem, s'est fait l'écho de la même ligne de pensée en déclarant que le moment était venu d'accroître l'action et les investissements.

« Nous vous invitons à joindre les actes à la parole en finançant des programmes et des services qui transforment la vie des femmes. Investir dans les femmes et les filles n'est pas seulement une question de droits, c'est aussi une question d'intelligence économique, avec des avantages pour la société qui dépassent les coûts », a-t-elle souligné.

L'avenir doit avoir un visage féminin

En ce qui concerne l'avenir, António Guterres a souligné la nécessité d'apporter des changements, sous l'impulsion des femmes, « aux structures et aux cadres déficients exploités par cette pandémie », car « ce n'est que de cette manière que nous pourrons mettre en œuvre l'Agenda 2030 pour le développement durable et parvenir à une vie digne et riche en opportunités pour tous ».

Enfin, il a noté que le Forum sur l'égalité des générations, coparrainé par les gouvernements du Mexique et de la France, sera l'occasion de créer des réseaux et des partenariats pour le changement.

Pour sa part, Phumzile Mlambo-Ngcuka a déclaré que l'humanité est « à la croisée des chemins » et que l'avenir exige « un engagement intergénérationnel envers toutes les races, les sexes et les personnes ayant des capacités différentes, de sorte que, partout dans le monde, une fillette de dix ans en 2020 sera une jeune femme prospère en 2030 ».