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Les personnes d’ascendance africaine plus vulnérables à la Covid-19, selon un groupe de travail de l’ONU

Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.
Photo : ONU/Evan Schneider
Manifestation à New York en juin 2020 contre le racisme et les brutalités policières à la suite de la mort de George Floyd.

Les personnes d’ascendance africaine plus vulnérables à la Covid-19, selon un groupe de travail de l’ONU

Droits de l'homme

Les États doivent reconnaître que les personnes d’ascendance africaine sont parmi les plus vulnérables pendant la pandémie de Covid-19, a affirmé mercredi la Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine.

Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, la Présidente Dominique Day a regretté que la plupart des États ne tiennent toujours pas compte des déterminants sociaux de la santé.

« L’incapacité des États à apprécier les risques auxquels sont exposées les populations d’origine africaine a en effet aggravé les disparités raciales pendant la pandémie, un problème qui s’explique par le racisme systémique », a déploré Mme Day.

Une méconnaissance des risques encourus par les populations d’origine africaine a ainsi facilité les disparités raciales dans la pandémie. 

Pour le Groupe de travail, le fait de ne pas conserver de données ventilées dissimule aussi les violations des droits humains et l’impact de la pandémie de Covid-19. « Si vous ne nous comptez pas, nous ne comptons pas », a-t-elle déclaré.

Bien que les personnes d’ascendance africaine aient été victimes de manière disproportionnée de la Covid-19, les forces de l’ordre n’ont pas réussi à les protéger. 

Au lieu de cela, elles ont ciblé les personnes d’origine africaine avec violence et impunité en appliquant les restrictions relatives au nouveau coronavirus.

Des violations captées sur vidéo et à la vue du public

Selon la Présidente du Groupe de travail, les personnes d’ascendance africaine sont victimes de types similaires de racisme systémique dans le monde entier. Un racisme qui transcende les frontières, les continents et les contextes de développement économique.

« Il est temps de mettre un terme aux conséquences durables de l’injustice historique et de les inverser », a indiqué Mme Day.

D’une manière générale, les histoires individuelles d’injustice raciale présentent des similitudes frappantes. « Les violations des droits de l’homme sont captées sur vidéo, à la vue du public », a-t-elle fait remarquer, ajoutant que « les demandes de respect, de reconnaissance, de justice et de protection sociale sont claires et sans équivoque ».

A ce sujet, Mme Day a déploré que l’injustice et la discrimination raciales restent si profondément ancrées que l’impunité policière, le harcèlement racial et les exécutions extrajudiciaires de personnes noires continuent, même aujourd’hui. L’héritage – dans les mentalités, les habitudes et les croyances – du colonialisme et du commerce et du trafic historiques d’esclaves africains est évident, a ajouté Mme Day.

Dans ces conditions, l’injustice raciale se heurte encore à des dénégations ou à des justifications de la part de personnes ayant le pouvoir de résoudre ces problèmes persistants.

Le cas récent de Breonna Taylor rappelle le devoir de vérité et de justice

Mme Day a insisté sur le fait que le refus d’admettre les preuves tangibles du racisme systémique qui sont pourtant sous nos yeux empêche de répondre aux demandes de justice et de changement. La Présidente du Groupe de travail a cité à ce propos le cas très récent de Breonna Taylor, aux États-Unis.

« Le cas de Breonna Taylor a révélé que la procédure judiciaire visant à disculper les policiers qui l’ont tuée n’a même pas envisagé de poursuites pénales pour les coups de feu ayant entraîné sa mort », a-t-elle ajouté. « Les protestations, qui en ont résulté, demandent avec insistance que la violence contre les personnes d’ascendance africaine cesse », a rappelé Mme Day. 

Elle invite donc « les États à jouer un rôle conforme à la vérité et à la justice, et non un rôle de négationniste ».

Plus largement, le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine demande  instamment au Conseil des droits de l’homme et à chaque État membre de prendre des mesures claires et sans équivoque pour garantir les droits de l’homme et lutter contre l’impunité. Le moment est venu (…) pour les États de s’attaquer aux causes profondes du racisme systémique et de mettre fin à l’impunité », a conclu Mme Day.