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Au Yémen, les combats ont augmenté et la famine menace à nouveau la population, prévient l’ONU

Saeed bénéficie d'un programme de bons alimentaires distribués par le PAM. Les bons sont échangeables contre de la farine, des légumineuses, de l'huile, du sucre et du sel auprès de commerçants locaux.
Nations Unies
Saeed bénéficie d'un programme de bons alimentaires distribués par le PAM. Les bons sont échangeables contre de la farine, des légumineuses, de l'huile, du sucre et du sel auprès de commerçants locaux.

Au Yémen, les combats ont augmenté et la famine menace à nouveau la population, prévient l’ONU

Paix et sécurité

Deux hauts responsables onusiens ont prévenu mardi le Conseil de sécurité que le Yémen était confronté à une augmentation des combats et que la famine menaçait à nouveau la population.

L’Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, et le chef de l’humanitaire des Nations Unies, Mark Lowcock, ont dressé un sombre tableau de la situation dans ce pays devant les membres du Conseil.

« Plus tôt cette année, j'ai averti que le Yémen se trouvait à un moment critique : j'ai dit soit que les armes seraient réduites au silence et que le processus politique reprendrait, soit que le Yémen reculerait sur la voie de la paix. Hélas, c'est exactement ce qui semble se passer. Des combats accrus, des besoins humanitaires en hausse et la pandémie de ovid-19 font toujours des ravages », a expliqué M. Griffiths.

Selon lui, « cela ne veut pas dire qu'ensemble, nous ne pouvons pas tourner la page et revenir vers la recherche d'une solution à ce conflit ».

Il a rappelé que la semaine dernière, il avait envoyé un avant-projet de déclaration commune aux deux parties en conflit. « Ce projet reflète et équilibre les commentaires des cycles précédents de discussions et intègre les contributions de la société civile et des femmes yéménites », a-t-il précisé.

« Le moment est venu pour les parties de conclure rapidement les négociations et de finaliser la déclaration commune », a ajouté l’Envoyé spécial. « Les parties au conflit au Yémen ont des choix devant elles. Elles peuvent choisir de continuer sur la trajectoire actuelle de l'escalade de la violence et des souffrances humanitaires. Ou elles peuvent choisir de faire les compromis nécessaires pour relancer le processus politique et permettre un règlement politique ».

Selon Martin Griffiths, il faut que l’ONU et les membres du Conseil de sécurité fassent tout leur possible pour promouvoir et soutenir ce résultat.

Le spectre de la famine est revenu

De son côté, Mark Lowcock a rappelé au Conseil de sécurité qu’il y a deux ans, il l’avait alerté sur le risque d’une famine de grande ampleur au Yémen. 

Mais grâce à l’argent octroyé par les bailleurs de fonds, qui ont pourvu près de 90% des besoins, le nombre de personnes recevant une assistance est passé de 8 à 12 millions. Les partenaires du Yémen ont également pris des mesures pour renforcer l’économie et les belligérants ont signé l’Accord de Stockholm en décembre 2018, qui a permis de calmer le conflit et de maintenir ouvert le port d’Hodeïda pour les importations de biens essentiels.

« Les résultats de tout cela : des millions de vies ont été sauvées. Il n'y a pas eu de famine à grande échelle », a souligné le chef de l’humanitaire de l’ONU.

Mais il a prévenu mardi les membres du Conseil qu’aujourd'hui, « le spectre de la famine est revenu ». « Le risque est devenu si grave que nous vous en avons de nouveau informé, comme nous sommes tenus de le faire, aux termes de la résolution 2417 du Conseil de sécurité », a-t-il dit.

Selon Mark Lowcock, l'augmentation du financement il y a deux ans était la principale raison pour laquelle la famine a été évitée. Cette année, les agences humanitaires n’ont reçu que 30% de ce qui est nécessaire. 

« Plusieurs donateurs - dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui ont une responsabilité particulière, qu’ils ont assumée ces dernières années - n’ont pour l’instant rien donné au plan de l’ONU de cette année. Il est particulièrement répréhensible de promettre de l’argent, ce qui donne aux gens l’espoir que l’aide est en route, puis de briser cet espoir en ne tenant simplement pas cette promesse », a-t-il déclaré.

Selon lui, plus de 9 millions de personnes sont touchées par des coupes croissantes dans les programmes d'aide, y compris la nourriture, l'eau et les soins de santé.

« Le fait de continuer à retenir l’argent de la réponse humanitaire maintenant sera une condamnation à mort pour de nombreuses familles », a dit M. Lowcock, qui appelé tous les donateurs à s'acquitter de leurs promesses dès maintenant et à accroître leur soutien.