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Le Comité constitutionnel syrien doit se réunir lundi à Genève après neuf mois d’interruption

Plan large sur le Palais des Nations, siège de l’Office des Nations Unies à Genève.
Photo : ONU/Rick Bajornas
Plan large sur le Palais des Nations, siège de l’Office des Nations Unies à Genève.

Le Comité constitutionnel syrien doit se réunir lundi à Genève après neuf mois d’interruption

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a indiqué mercredi au Conseil de sécurité que le Comité syrien chargé de rédiger une nouvelle Constitution devait se réunir lundi 24 août à Genève après plusieurs mois d’interruption de ses travaux.

La réunion va avoir lieu dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et M. Pedersen a précisé que les précautions nécessaires ont été prises.

« Après une interruption de neuf mois - causée par des divergences sur l'ordre du jour jusqu'en mars de cette année puis par les restrictions liées à la Covid - il convient de rappeler que le Comité constitutionnel se réunit sur la base d'un accord entre le gouvernement et l'opposition qui guide ses travaux », a souligné l’envoyé de l’ONU devant les membres du Conseil de sécurité.

Selon lui, la rédaction d’une nouvelle Constitution est une tâche capitale après une décennie de conflit en Syrie et dans un contexte de profondes divisions et de de profonde méfiance.

« Comme vous le savez, les constitutions expriment la souveraineté de la nation et concernent les droits fondamentaux, les droits politiques, culturels, sociaux et économiques ; l’État de droit et la bonne gouvernance ; la relation du peuple avec son gouvernement ; comment les représentants politiques sont élus et quels sont leurs pouvoirs et responsabilités », a rappelé M. Pedersen.

« J’attends donc avec intérêt de les rencontrer à leur arrivée à Genève », a-t-il ajouté au sujet des membres du Comité constitutionnel.

L’Envoyé de l’ONU a noté que les interlocuteurs de la société civile disent souvent qu'une réunion du Comité constitutionnel n'apportera pas de changements immédiats sur le terrain. « Mais un engagement substantiel et sérieux de toutes les parties leur donnerait l'espoir qu'un processus significatif se profile à l'horizon, qui pourrait avoir un impact durable et positif sur la vie du peuple syrien », a-t-il estimé.

Le calme se maintient dans le nord-ouest

Concernant la situation sur le terrain, l’envoyé de l’ONU a noté que dans le nord-ouest de la Syrie, le calme induit par les efforts russes et turcs continue de se maintenir en grande partie. Mais le mois dernier, des rapports ont fait état d’attaques à la roquette, de frappes d’artillerie, d’affrontements au sol et de frappes aériennes sporadiques, a précisé M. Pedersen.

Plus tôt cette semaine, le ministère turc de la défense a déclaré qu'un engin piégé avait visé une patrouille conjointe russo-turque, endommageant un véhicule turc. Mardi, il y a eu une brève augmentation des frappes aériennes pro-gouvernementales dans le nord d'Idlib.

« Tout au long du mois d'août, nous avons entendu parler des deux camps renforçant, voire établissant de nouvelles positions militaires le long des lignes de front. Nous exhortons en particulier la Turquie et la Russie à contenir tous les incidents et dynamiques d'escalade, à rétablir le calme et à poursuivre leur coopération », a déclaré l’envoyé de l’ONU devant les membres du Conseil.

Il a ajouté que les attaques de l'Etat islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech) continuaient de croître en fréquence et en impact.

Par ailleurs, le nord-est de la Syrie a vu des escarmouches et des incidents de sécurité à Tell Abiad et Ras al-Ain et dans les environs, faisant des victimes civiles, ainsi que des manifestations à Deir-ez-Zor, à la suite du meurtre de personnalités tribales de premier plan.

Le sud-ouest du pays a quant à lui connu des tensions récurrentes ainsi que des manifestations et plusieurs incidents violents, dont certains ont fait des morts.

« Les tensions géopolitiques restent également vives. Plus tôt ce mois-ci, Israël a déclaré avoir mené des frappes aériennes sur des cibles militaires, tuant quatre hommes qui, selon Israël, plantaient des explosifs sur le périmètre du plateau du Golan syrien occupé. Le gouvernement syrien a déclaré que ces missiles avaient causé des ‘dommages matériels’ », a dit M. Pedersen.

Selon lui, le travail du Comité constitutionnel peut avoir un effet positif mais il ne peut en soi résoudre le conflit. « Il y a un réel besoin de diplomatie constructive parmi les principaux acteurs internationaux », a-t-il déclaré.