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Le Programme alimentaire mondial va envoyer 50.000 tonnes de farine de blé au Liban

Des équipes de secours cherchent dans les décombres d'un immmeuble détruit lors de l'explosion du 4 août 2020.
Photo : OCHA
Des équipes de secours cherchent dans les décombres d'un immmeuble détruit lors de l'explosion du 4 août 2020.

Le Programme alimentaire mondial va envoyer 50.000 tonnes de farine de blé au Liban

Aide humanitaire

Le Programme alimentaire mondial (PAM) va envoyer 50.000 tonnes de farine de blé au Liban après que l’explosion de la semaine dernière dans le port de Beyrouth a détruit son seul silo à grains, avec tous les stocks privés qui s’y trouvaient, a indiqué mardi un rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Une première expédition de 17.500 tonnes devrait arriver à Beyrouth dans les 10 prochains jours pour approvisionner les boulangeries pendant un mois », a déclaré Jens Laerke, porte-parole d'OCHA, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève. Et selon le PAM, il s’agit d’un approvisionnement de trois mois en farine de blé et en céréales pour les boulangeries et les moulins.

L’objectif est de « stabiliser l’approvisionnement national et s’assurer qu’il n’y a pas de pénurie alimentaire dans le pays » alors que le pays travaille à la reconstruction de son principal port.

« Selon diverses estimations, les réserves actuelles de farine de blé dans le pays ne peuvent couvrir les besoins du marché que pendant 6 semaines, alors qu’un approvisionnement de 3 mois est la norme pour assurer la sécurité alimentaire », a affirmé Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM à Genève. 

D’une manière générale, l’agence onusienne est sur le terrain pour répondre aux besoins alimentaires des personnes les plus vulnérables. Elle prévoit ainsi de fournir ce mois-ci une aide alimentaire d’urgence à 50.000 familles libanaises vulnérables (jusqu’à 270.000 personnes) touchées par la crise économique et la crise de Covid-19. « Ce plan avait été établi avant les explosions », a précisé Mme Byrs.

En outre, le PAM aide actuellement 105.000 Libanais en leur fournissant des cartes alimentaires électroniques grâce au Programme national de ciblage de la pauvreté.

Le port de Beyrouth devrait rester à l’arrêt pendant au moins un mois

Les silos à céréales ont été en grande partie détruits, faisant craindre une flambée des prix des denrées alimentaires. Cette aide est finalement une véritable bouffée d’oxygène alors que les dommages causés par l’explosion au port sont en cours d’évaluation. En attendant, la plupart du trafic est orienté vers Tripoli, qui ne dispose que d’un tiers environ de la capacité de Beyrouth. Selon OCHA, le port de Beyrouth devrait rester inopérant pendant au moins un mois.

Le terminal à conteneurs du port de Beyrouth n’a été que partiellement touché par les explosions. Et depuis le 8 août, l’installation a repris le déchargement des navires. Les Nations Unies et ses partenaires cherchent donc à ajuster les réseaux logistiques pour assurer la continuité des opérations. La plupart des matériaux humanitaires seront redirigés par le port de Tripoli (80 km au nord).

Pourtant le PAM indique avoir la capacité de lancer une opération de transport maritime qui ne nécessite pas d’infrastructure portuaire malgré « l’ampleur des dégâts subis par le port de Beyrouth ».

« Le PAM fournit une expertise en matière de logistique et de chaîne d’approvisionnement pour augmenter les installations du port de Beyrouth ainsi que pour soutenir le port de Tripoli afin d’assurer la reconstitution des stocks de nourriture et de faire en sorte qu’il n’y ait pas de pénurie alimentaire dans le pays », a ajouté Mme Byrs.

En attendant, l’agence onusienne a commencé à transporter par avion des unités de stockage mobiles comme solution de stockage temporaire pour remplacer les silos à céréales détruits. Le premier avion transportant du matériel est arrivé à l’aéroport de Beyrouth le 8 août et deux autres avions sont attendus cette semaine. Le PAM ajoute avoir « la capacité d’expédier, de livrer et de décharger de la farine de blé et des grains de blé en vrac directement à Beyrouth ».

Trois enfants ont été tués et 34 victimes réfugiées signalées à ce jour

Du côté de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), la priorité est d’identifier et de faire parvenir l’aide à ceux qui ont besoin d’une protection d’urgence contre les intempéries. Cela permettra de sécuriser les entrées et les fenêtres, d’assurer un certain niveau de protection contre les intempéries, de garantir la sûreté et la sécurité, et de rétablir la vie privée et la dignité des personnes. Les personnes touchées déplacées en dehors de la région de Beyrouth seront également ciblées par l’aide.

« L’argent liquide à usages multiples reste l’option la plus efficace pour fournir une aide immédiate et pour répondre aux besoins de réparation et de reconstruction rapides », a indiqué Babar Baloch, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Elle permettra également de fournir de la nourriture et de couvrir les besoins de base et les frais de santé.

Par ailleurs, l’agence onusienne continue à travailler avec les équipes de secours et d’autres partenaires humanitaires pour identifier les victimes et apporter ainsi leur aide aux familles qui ont perdu des êtres chers. Selon le HCR, parmi les 200 morts de l’explosion mortelle de Beyrouth le 4 août dernier, il y a au moins 34 victimes réfugiées signalées à ce jour.

« Nos équipes sur le terrain sont toujours en train de vérifier les rapports et nous craignons que le nombre de morts parmi les quelque 200.000 réfugiés de Beyrouth n’augmente encore », a précisé le porte-parole du HCR, ajoutant que sept réfugiés sont toujours portés disparus. Au moins 124 autres réfugiés ont été blessés dans l’explosion, dont 20 ont été grièvement blessés.

Pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), il est loin d’avoir des chiffres complets sur les décès et les blessures chez les enfants. « Pour l’instant, nous savons qu’au moins trois enfants ont été tués et 31 ont dû être hospitalisés », a annoncé Marixie Mercado, porte-parole de l’UNICEF à Genève.

« Les partenaires font état d’environ un millier d’enfants parmi les blessés », a-t-elle ajouté, relevant que « certains enfants blessés ont d’abord été séparés de leur famille et ont depuis été réunis ».

« Deux sont toujours séparés de leurs parents et sont maintenant avec leur famille élargie et font partie des services de gestion de cas pour la prise en charge alternative », a conclu la porte-parole de l’UNICEF.