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En Haïti, le chef de « l'escadron de la mort » doit faire face à la justice (ONU) 

Un quartier informel à Port-au-Prince, en Haïti.
Photo ONU-Habitat/Julius Mwelu
Un quartier informel à Port-au-Prince, en Haïti.

En Haïti, le chef de « l'escadron de la mort » doit faire face à la justice (ONU) 

Droits de l'homme

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a affirmé mercredi que l'ancien chef paramilitaire haïtien Emmanuel « Toto » Constant qui a été expulsé des États-Unis le mois dernier, devait répondre devant la justice pour les horribles violations des droits humains commises au cours des années 1990.

Dans un jugement historique pour la justice en Haïti rendu le 16 novembre 2000, M. Constant a été reconnu coupable par contumace et condamné à la réclusion à perpétuité pour son implication dans le massacre de Raboteau en 1994 au cours duquel des forces militaires et paramilitaires ont attaqué le quartier de Raboteau aux Gonaïves. Le nombre total de victimes reste inconnu à ce jour, de nombreux corps ayant été jetés dans des égouts à ciel ouvert. Les victimes avaient entre 10 et 80 ans. 

M. Constant, qui avait fui aux États-Unis en 1994 après le retour au pouvoir du président Aristide, a été expulsé par les autorités américaines le 23 juin 2020 vers Haïti et arrêté à son arrivée à la capitale Port-au-Prince.

Le 10 juillet, la justice haïtienne a annoncé qu'elle n’arrivait pas à localiser le dossier judiciaire lié à sa détention, ce qui suscite des inquiétudes quant au fondement juridique de sa détention, et de sa possible libération, ce qui aurait pour conséquence qu’il échappe à la justice.

Le Front pour l'avancement et le progrès haïtien (FRAPH), commandé par M. Constant, a travaillé comme escadron de la mort ciblant la population en appui aux Forces armées haïtiennes pour conserver leur emprise sur le pouvoir. Ils ont procédé à des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires, des viols et d’autres innombrables actes de torture et de violence. Des soldats et des paramilitaires auraient fréquemment violé des femmes devant les membres de leur famille, et les survivants ont rapporté que des fils avaient été forcés de violer leur propre mère. 

« On ne peut permettre aux auteurs d'actes aussi graves d’échapper à la justice », a déclaré Mme Bachelet, prévenant que « l’impunité détruit le tissu social et entretient la méfiance au sein des communautés et à l'égard de l'État ». 

Pour la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, seule la lutte contre l’impunité permet d'écarter les sentiments de frustration, d'amertume et le désir éventuel de vengeance qui pourraient conduire à de nouvelles violences et atrocités. 

« Il est fondamental que les victimes obtiennent justice, vérité et réparations, et que leur dignité soit restaurée », a souligné la Haute-Commissaire.