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Des experts de l'ONU appellent l'Éthiopie à autoriser les manifestations pacifiques

La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (photo d'archives).
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (photo d'archives).

Des experts de l'ONU appellent l'Éthiopie à autoriser les manifestations pacifiques

Droits de l'homme

Des experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies se sont félicités mardi de la restauration de l'Internet haut débit et du wi-fi en Éthiopie et ont appelé le gouvernement à respecter le droit des personnes de manifester pacifiquement.

« L'accès à Internet est étroitement lié au droit de réunion pacifique », a déclaré Clément Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion et d'association pacifiques. « Nous avons demandé à maintes reprises au gouvernement de s'abstenir d'imposer des perturbations d'Internet, y compris lors de la 44e session du Conseil des droits de l'homme en juillet 2020 ».

M. Voule a également renouvelé l’appel des experts de l’ONU à Addis-Abeba pour que les autorités rétablissent pleinement l'Internet mobile et les services de données.

Le 15 juillet, certains services ont été rétablis 15 jours après que le gouvernement a fermé l’Internet lors des troubles civils provoqués par le meurtre, le 29 juin, de Hachalu Hundessa, un chanteur oromo populaire et défenseur des droits humains.

« La coupure d'Internet a rendu extrêmement difficile la vérification du nombre de personnes tuées et blessées lors de la répression des manifestations », ont déclaré les experts. « Il n'a pas non plus été possible de déterminer les circonstances exactes des violences ».

Une semaine de troubles dans la région d'Oromia

Les experts estiment « essentiel que les autorités mènent une enquête approfondie et transparente pour déterminer exactement ce qui s’est passé » au cours d’une semaine de troubles dans la région d’Oromia en Éthiopie et dans la capitale, Addis-Abeba, « Les responsables de la mort de civils doivent rendre des comptes », ont-ils souligné.

Les manifestations se sont rapidement propagées à travers le pays après le meurtre d’Hundessa. Les rapports officiels font état de 166 personnes tuées, bien que des rapports non officiels indiquent un nombre beaucoup plus élevé. Selon la police, quelque 2.000 personnes ont été arrêtées, dont des dirigeants de l'opposition. « Même les faits de base ne sont pas clairs, mais l'ampleur des arrestations est profondément inquiétante », ont déclaré les experts.

Ils estiment que les forces de sécurité éthiopiennes doivent être réformées et formées pour gérer les rassemblements dans une société démocratique. « Cela renforcera la transition démocratique de l’Éthiopie et devrait empêcher le type de meurtres et de blessures dont nous avons été témoins récemment », ont dit les experts, qui ont également appelé les autorités éthiopiennes à respecter le droit de réunion pacifique et à s'abstenir de recourir à la force lors de futures manifestations. 

NOTE :

Les experts sont Clément Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association ; Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des le droit à la liberté d'opinion et d'expression ; et Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme.

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit des situations nationales spécifiques, soit des questions thématiques dans toutes les régions du monde.

Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.