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Iraq : l’ONU salue la volonté des autorités de traduire en justice les auteurs du meurtre du politologue Hicham al-Hachémi

 Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
ONU Info/Daniel Johnson
Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Iraq : l’ONU salue la volonté des autorités de traduire en justice les auteurs du meurtre du politologue Hicham al-Hachémi

Droit et prévention du crime

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) a salué vendredi la volonté affiché par les autorités iraquiennes de traduire en justice les auteurs du meurtre du politologue Hicham al-Hachémi.

Selon les médias, ce chercheur, reconnu pour ses travaux sur les mouvements djihadistes, a été abattu par des hommes à moto toujours en fuite, alors qu’il rentrait à son domicile, ses trois jeunes garçons ayant été parmi les premiers à découvrir son corps.

« Nous félicitons l’engagement pris par le Premier ministre Mustafa Al-Khadami de demander des comptes aux meurtriers d’Al-Hushami », a déclaré Liz Throssell, porte-parole du HCDH au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Selon les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, le meurtre choquant à Bagdad de cet analyste de sécurité de premier plan a mis en lumière les risques encourus par « les personnes qui osent défier les puissantes milices en Iraq et qui dénoncent l’impunité et la corruption généralisées ». « L’assassinat d’Al-Hushami, qui a été abattu par des inconnus devant sa maison le 6 juillet, a provoqué une onde de choc dans tout le pays », a ajouté Mme Throssell.

C’était un expert en matière de terrorisme, d’extrémisme violent et de groupes armés et d’acteurs non étatiques en Iraq, y compris le Groupe « Etat islamique » et les milices. « M. Al-Hushami était un critique virulent des milices, et avait également exprimé le soutien public aux manifestations qui ont commencé le 1er octobre 2019 contre la corruption de l’État et l’impunité », a détaillé la porte-parole du HCDH

Mais pour le Haut-Commissariat, le meurtre de Hushami, qui est le plus médiatisé de ces derniers mois, suit « un schéma d’assassinats ».  Un dispositif qui vise « des individus qui étaient liés d’une manière ou d’une autre aux manifestations ou qui avaient exprimé publiquement des critiques à l’égard du gouvernement, des partis politiques ou des milices ».

Au moins 23 meurtres ciblés commis en 7 mois

Du 1er octobre au 9 mai dernier, la Mission des Nations unies en Iraq (MANUI) et le Bureau des droits de l’homme des Nations unies ont vérifié « les assassinats ciblés de 23 personnes liés aux manifestations et de13 autres personnes blessées ».  Parmi ces victimes figuraient des militants politiques et des défenseurs des droits de l’homme, des personnes qui se sont exprimées sur les médias sociaux pour soutenir les manifestants, et des organisateurs de la communauté locale.

Pour les services de Mme Bachelet, le schéma élaboré est presque identique. « Beaucoup ont été tués de la même manière, souvent en dehors de leur domicile », a précisé Mme Throssel, ajoutant ces rapports crédibles qui indiquent que dans presque tous ces incidents, des enquêtes criminelles ont été ouvertes mais jusque-là le HCDH n’a ni reçu ni obtenu d’informations indiquant que l’un des auteurs présumés a été identifié ou arrêté.

S’il félicite l’engagement pris par le nouveau gouvernement iraquien, formé en mai, de traduire en justice les auteurs de toutes les victimes de la violence liée aux manifestations, y compris la mort de quelque 490 manifestants, le Haut-Commissariat prône la reddition des comptes. Il s’agit d’inviter Bagdad à mener des « enquêtes approfondies, indépendantes et transparentes », mais aussi à poursuivre les auteurs de « toutes les violences perpétrées en relation avec les manifestations, ainsi que les assassinats ciblés ».

« Il est essentiel que les personnes responsables d’avoir ordonné, planifié ou perpétré ces assassinats soient toutes tenues de rendre des comptes », a conclu Mme Throssel, rappelant le devoir de justice, à la vérité et à des réparations pour les victimes et leurs familles.