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Libye : le chef de l’ONU dénonce un niveau sans précédent d’ingérences étrangères

Des garçons marchent la vieille ville de Benghazi en Libye.
OCHA/Giles Clarke
Des garçons marchent la vieille ville de Benghazi en Libye.

Libye : le chef de l’ONU dénonce un niveau sans précédent d’ingérences étrangères

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé mercredi devant le Conseil de sécurité une augmentation des ingérences étrangères en Libye et déclaré qu’il était temps de mettre fin au conflit dans ce pays.

Lors d’un exposé devant les quinze membres du Conseil, le chef de l'ONU a qualifié la situation en Libye de « sombre » et a exhorté la communauté internationale à saisir toutes les opportunités pour débloquer l'impasse politique.

« Le temps n'est pas de notre côté en Libye », a-t-il déclaré lors de cette réunion par visioconférence, à laquelle ont participé plusieurs ministres des Affaires étrangères. « Le conflit est entré dans une nouvelle phase, avec des ingérences étrangères atteignant des niveaux sans précédent, y compris dans la livraison d'équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats ».

Depuis que le Conseil de sécurité a discuté pour la dernière fois de la Libye en mai, a déclaré M. Guterres, les unités militaires du gouvernement d'accord national (GNA) reconnu par l'ONU - « avec un soutien extérieur important » - ont progressé vers l'est dans leur offensive contre "l’Armée nationale libyenne", commandée par l’opposant Khalifa Haftar.

Le Secrétaire général a noté que la situation sur les lignes de front est dans l’ensemble calme depuis le 10 juin, les forces du GNA se trouvant à 25 kilomètres de la ville côtière méditerranéenne de Syrte.

Mais l’ONU est très préoccupée par une accumulation alarmante de moyens militaires autour de cette ville, ainsi que par « un niveau élevé d'ingérence étrangère directe » en violation d'un embargo sur les armes imposé par les Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité et des engagements pris lors de la Conférence internationale de Berlin sur la Libye il y a six mois, a-t-il dit.

Plus de morts et de déplacements

Pendant ce temps, près de 30.000 personnes ont été forcées de fuir leurs domiciles en raison des combats incessants dans la banlieue sud de Tripoli, assiégée par "l’Armée nationale libyenne", et à Tarhouna, ce qui porte le total des personnes déplacées à l'intérieur de la Libye à plus de 400.000.

Entre le 1er avril et le 30 juin, la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a enregistré au moins 356 victimes, dont 102 civils tués et 254 civils blessés, soit une augmentation de 172% par rapport à la période de janvier à mars.

La Covid-19 est une source de préoccupation croissante, a ajouté le Secrétaire général, avec une multiplication par sept de cas rien qu’en juin, ce qui porte le nombre total de cas confirmés à 1.046, dont 32 décès.

« Au milieu d'une pénurie aiguë de kits de test, l'ampleur réelle de la pandémie en Libye est sans doute beaucoup plus élevée », a déclaré M. Guterres, qui a vivement exhorté les autorités libyennes à renforcer la capacité du pays à lutter contre le virus.

Pour l'avenir, le Secrétaire général a déclaré que l'ONU continuerait de travailler avec les parties en conflit pour parvenir à un cessez-le-feu et reprendre un processus politique pour mettre fin aux affrontements et à l'effondrement économique, malgré les grandes réserves de pétrole du pays.

Il a ajouté que l'ONU était prête à aider la Libye à sécuriser et à enquêter sur les charniers découverts lorsque les forces du gouvernement d’union nationale ont repris le contrôle de Tarhouna, un ancien bastion de "l'Armée nationale libyenne" à environ 100 kilomètres au sud-est de Tripoli.

Il a ensuite rappelé que ces derniers jours, il avait parlé au téléphone avec le Premier ministre Faiez Mustafa Serraj et le Khalifa Haftar, leur demandant instamment de garantir un cessez-le-feu efficace et de faire avancer les pourparlers de paix.

M. Guterres a noté que le gouvernement d'accord national appelait à des élections nationales, mais il a averti que les perspectives de scrutin à l'échelle de la Libye sont fragiles, compte tenu des développements militaires et du soutien de bailleurs de fonds externes.