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Malgré de grands progrès, la riposte au VIH a pris du retard pour les enfants (ONUSIDA)

Mandisa est une infirmière sudafricaine qui vit avec le VIH et encourage les gens à se faire tester pour le VIH. Son mari et ses deux filles sont tous séronégatifs.
AFP PHOTO/MUJAHID SAFODIEN
Mandisa est une infirmière sudafricaine qui vit avec le VIH et encourage les gens à se faire tester pour le VIH. Son mari et ses deux filles sont tous séronégatifs.

Malgré de grands progrès, la riposte au VIH a pris du retard pour les enfants (ONUSIDA)

Santé

Le dernier rapport d’ONUSIDA sur les progrès accomplis pour atteindre un monde sans sida en 2030 montre qu'en dépit de grands progrès depuis les premiers jours de l'épidémie, la riposte au VIH pour les enfants a pris du retard. 

Année après année, l'objectif audacieux d'éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants n’a pas été atteint. Les enfants meurent inutilement de maladies liées au sida - des décès qui pourraient être évités grâce à des traitements simples et bon marché si les enfants étaient diagnostiqués et traités à temps.

« Voir autant d'outils disponibles, tant de nouvelles infections à VIH parmi les enfants qui ont été évités, tant d'enfants vivant avec le VIH qui se portent bien, mais voir d'autres qui ont été négligés et encore laissés pour compte est une tragédie », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de ONUSIDA. « Nous ne pouvons pas accepter que des dizaines de milliers d'enfants soient toujours infectés par le VIH et meurent de maladies liées au sida chaque année ».

Le cadre « Start Free, Stay Free, AIDS Free » a trois concepts simples. Premièrement, les bébés ont le droit de venir au monde sans VIH. Deuxièmement, grâce à la prévention du VIH, les enfants, les adolescents et les jeunes femmes ont le droit de rester indemnes du virus. Troisièmement, les enfants et les adolescents qui contractent le VIH ont le droit d'être diagnostiqués, traités et soignés, afin qu'ils puissent vivre sans le sida.

Les pays du monde ont convenu d’une série d’objectifs de prévention et de traitement du VIH. Pour que les enfants commencent leur vie sans VIH, l'un de ces objectifs était de réduire le nombre de nouvelles infections au VIH chez les enfants (âgés de 0 à 14 ans) à moins de 40 000 en 2018 et 20 000 en 2020. Cependant, de nouvelles estimations montrent que 150 000 enfants ont été nouvellement infectés par le VIH en 2019 - une réduction de 52% depuis 2010, mais toujours quatre fois l'objectif de 2018.

En veillant à ce que les femmes enceintes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, commencent et maintiennent un traitement antirétroviral pendant la grossesse, l'accouchement et l'allaitement, la probabilité qu'elles transmettent le virus est inférieure à 1%. À l'échelle mondiale, 85% des femmes enceintes vivant avec le VIH ont reçu ces médicaments en 2019. Mais malgré cette couverture élevée, les enfants continuent d'être infectés en raison de l'inégalité d'accès aux services de traitement (principalement en Afrique occidentale et centrale), les femmes ne recevant plus de soins et les femmes enceintes ou allaitantes devenant nouvellement infectées par le VIH. 

Fanaye Hailu et sa fille Betty de huit ans née sans le VIH. Fanaye recommande à chaque mère et à chaque femme enceinte de faire un test de dépistage du VIH qui peut sauver à la fois la vie de la mère et de son bébé. Photo: ONUSIDA
ONUSIDA
Fanaye Hailu et sa fille Betty de huit ans née sans le VIH. Fanaye recommande à chaque mère et à chaque femme enceinte de faire un test de dépistage du VIH qui peut sauver à la fois la vie de la mère et de son bébé. Photo: ONUSIDA

 

Les adolescentes et les jeunes femmes ont longtemps été touchées de manière disproportionnée par le VIH. Les adolescentes et les jeunes femmes représentent 10% de la population totale mais représentent 25% des nouvelles infections au VIH et présentent un risque d'infection par le VIH presque deux fois plus élevé que leurs homologues masculins. Cependant, les nouvelles infections au VIH chez les jeunes femmes sont en baisse. En Afrique du Sud, où des programmes de prévention combinés pour les adolescentes et les jeunes femmes sont en place, les nouvelles infections à VIH dans ce groupe d'âge ont baissé de 35%. Et en Eswatini, les nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont baissé de 54%.

« Pendant trop longtemps, la riposte au VIH a négligé les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes », a déclaré Henrietta Fore, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). « Mais il y a de l'espoir. La récente dynamique de réduction des nouvelles infections chez les adolescentes et les jeunes femmes dans des pays comme Eswatini et l'Afrique du Sud nous montre ce qui est possible lorsque les gouvernements et les communautés, dirigés par les filles elles-mêmes, unissent leurs forces. Nous ne devons pas laisser la Covid-19 nous ralentir. Nous devons rester audacieux et ambitieux dans nos efforts conjoints pour veiller à ce que la prochaine génération d'enfants reste exempte de VIH et de sida. »

« Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux »

Pour que les enfants et les adolescents restent exempts du sida, les pays ont appelé à des objectifs ambitieux mais réalisables pour le traitement du VIH chez les enfants - fournir à 1,4 million d'enfants vivant avec le VIH un traitement antirétroviral d'ici 2020. En 2019, cependant, seulement 950 000 (53%) des 1,8 million d'enfants vivant avec le VIH recevaient un traitement anti-VIH - beaucoup moins que les 67% d'adultes sous traitement. Il est clair que pour sauver des vies, les 840 000 enfants qui ne suivent pas de traitement - dont les deux tiers ont entre 5 et 14 ans - doivent être diagnostiqués et traités de toute urgence.

« L’absence de médicaments anti-VIH optimaux avec des formulations pédiatriques appropriées est un obstacle de longue date à l'amélioration des résultats de santé pour les enfants vivant avec le VIH, contribuant à une faible couverture de traitement », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « L'accès aux services pour les groupes vulnérables doit être élargi grâce à un engagement communautaire plus fort, à une meilleure prestation de services et à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination ».

« Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux », a ajouté Mme Byanyima. « Nous savons comment sauver des vies et stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants. Je demande que nous n'épargnions aucun effort. Rien de moins est honteux ».