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Les exportations de matières premières vers la Chine pourraient chuter de 33,1 milliards de dollars en 2020 (ONU)

Le secteur du pétrole et du gaz génère 13% du Produit intérieur brut (PIB) du Brésil.
Photo : Agência Brazil/Fernando Frazão
Le secteur du pétrole et du gaz génère 13% du Produit intérieur brut (PIB) du Brésil.

Les exportations de matières premières vers la Chine pourraient chuter de 33,1 milliards de dollars en 2020 (ONU)

Développement économique

Depuis le début de la crise du nouveau coronavirus, les prix des matières premières sont à la baisse et les pays exportateurs vers la Chine à la peine.

Selon une étude de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), les exportations totales de matières premières vers la Chine pourraient « chuter de façon spectaculaire » à la suite de la crise du nouveau coronavirus, mais certains produits pourraient tirer leur épingle du jeu.

Les exportations mondiales de produits de base vers la Chine pourraient ainsi baisser de 15,5 milliards de dollars à 33,1 milliards de dollars en 2020. Cette baisse pourrait atteindre 46 % par rapport aux projections de croissance annuelle avant que la pandémie de Covid-19 ne frappe, selon la CNUCED.

Comme la Chine absorbe environ un cinquième des exportations mondiales de matières premières, une telle baisse de ses importations aurait « un impact dramatique » sur les producteurs de biens primaires.

« Évaluer l’impact en Chine en dit long sur les tendances générales possibles », a déclaré Marco Fugazza, un économiste de la CNUCED cité dans ce communiqué.

Baisse spectaculaire pour l’énergie, les minerais et les céréales

Les exportations totales sont principalement entraînées par « la baisse spectaculaire » de la demande chinoise de produits énergétiques, de minerais et de céréales. Les importations de gaz naturel liquéfié, par exemple, pourraient chuter jusqu’à 10 % en 2020, alors que l’on prévoyait une augmentation de 10 % avant l’épidémie de Covid-19.

Les importations de fer devraient encore augmenter, selon l’étude, mais la croissance pourrait chuter de deux tiers, passant d’une projection de croissance annuelle de 19 % avant l’apparition du coronavirus à seulement 6 %. Les importations de blé devraient maintenant diminuer de 25 %, soit deux fois plus qu’avant la crise.

Toutefois, les importations chinoises de soja en provenance des pays en développement tributaires des produits de base, par exemple, devraient maintenant augmenter de 34 %, soit 10 points de pourcentage de plus que les prévisions précédentes.  De même, le taux de croissance annuel des importations de cuivre en provenance de ces pays devrait doubler, passant de 5,4 % avant la pandémie à 11 %.

D’une manière générale, les conclusions de la CNUCED soulèvent des inquiétudes pour les économies qui dépendent des exportations de matières premières, comme les produits énergétiques, les minerais et les céréales. Environ deux tiers des pays en développement sont dépendants des produits de base, selon les données de la CNUCED.

Pour les pays en développement tributaires des produits de base, qui comptent parmi les plus vulnérables de la planète, la baisse devrait se situer entre 2,9 et 7,9 milliards de dollars, ce qui représenterait une perte de 9 % en termes de taux de croissance annuel.

« Peu d’évaluations ont été faites jusqu’à présent à un niveau de produit relativement désagrégé utilisant des informations à jour », a dit M. Fugazza, ajoutant que la CNUCED attend des statistiques similaires d’autres grands marchés, tels que l’Union européenne, pour élargir l’analyse.

Le soja et le cuivre ont la cote

Alors que les exportations de la plupart des produits de base devraient être touchées, l’étude prévoit un résultat positif pour plusieurs produits agricoles par rapport aux attentes avant la Covid-19. « Alors que les grands exportateurs de gaz naturel vers la Chine, comme le Myanmar, pourraient voir leurs perspectives commerciales se détériorer en raison de la pandémie de coronavirus », d’autres pays comme la Guinée équatoriale pourraient voir « une augmentation exponentielle », par exemple, des exportations de bois".

Une façon de rappeler que certaines données laissent espérer que certains effets de la Covid-19 sur le commerce pourraient être « positifs », au moins pour certains exportateurs. Mais selon l’Agence onusienne, la condition nécessaire pour que cela se produise, est « la suppression de toute intervention commerciale spécifique à la pandémie, telle que les restrictions à l’exportation ».

Plus largement, si cette série de résultats fournit quelques indications sur les effets que la crise sanitaire actuelle sur le commerce des produits de base, il manque encore des informations sur la réaction des flux commerciaux dans d’autres grandes économies.

« Ce qui rend toute conclusion définitive, à ce stade, hasardeuse », conclut la CNUCED.

Pour l’Agence onusienne, ce document fournit néanmoins « des informations importantes qui peuvent aider les décideurs politiques à anticiper ce qui pourrait se produire au niveau mondial ».