L'actualité mondiale Un regard humain

Covid-19 : plus d’un jeune sur six se retrouve sans emploi en raison de la crise (OIT)

Selon l'OIT, la pandémie de Covid-19 risque d'avoir un effet disproportionné sur les jeunes travailleurs.
Photo : OIT/Marcel Crozet
Selon l'OIT, la pandémie de Covid-19 risque d'avoir un effet disproportionné sur les jeunes travailleurs.

Covid-19 : plus d’un jeune sur six se retrouve sans emploi en raison de la crise (OIT)

Développement économique

La dernière analyse de l'OIT sur l'impact de la Covid-19 sur le marché du travail dans le monde révèle l'effet dévastateur et disproportionné de la pandémie sur les jeunes travailleurs et analyse la mise en place de mesures appropriées afin de garantir un retour au travail dans un environnement sûr.

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), plus d'un jeune sur six a cessé de travailler depuis le début de la pandémie de Covid-19 et ceux qui ont conservé leur emploi ont vu leur temps de travail diminuer de 23%.

D’après la quatrième édition de l’Observatoire de l’OIT: la Covid-19 et le monde du travail, les jeunes sont beaucoup plus touchés par la pandémie et la progression forte et rapide du chômage chez les jeunes depuis février dernier touche davantage les jeunes femmes que les jeunes hommes.

La pandémie inflige un triple choc aux jeunes: non seulement elle ruine leurs perspectives d’emploi, mais elle perturbe aussi leurs études et leurs formations et constitue une entrave pour ceux qui veulent accéder au marché du travail ou cherchent à changer d’emploi.

Les jeunes sont le plus fortement frappés

En 2019, le chômage des jeunes était déjà plus élevé (13,6%) que dans tout autre groupe de population. Environ 267 millions de jeunes étaient sans emploi et ni scolarisés ni en formation. Les 15-24 ans qui travaillaient occupaient généralement des formes d’emploi les rendant plus vulnérables, soit parce qu’il s’agissait d’emplois mal rémunérés ou d’emplois informels, soit du fait de leur statut de travailleurs migrants.

La crise économique due à la Covid-19 frappe les jeunes – en particulier les femmes – plus durement et plus rapidement que les autres groupes de population - Guy Ryder, Directeur général de l'OIT

« La crise économique due à la Covid-19 frappe les jeunes – en particulier les femmes – plus durement et plus rapidement que les autres groupes de population. Faute de prendre d’urgence des mesures énergiques pour améliorer leur situation, nous allons peut-être devoir assumer l’héritage du virus pendant des décennies  », a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.

« Si leurs talents et leur énergie sont mis à l’écart en raison de l’absence de possibilités d’emploi et de formation, c’est notre avenir à tous qui en pâtira et il sera beaucoup plus difficile de reconstruire une économie meilleure dans la période d’après Covid-19 », a-t-il ajouté.

L’Observatoire préconise l’adoption de réponses urgentes, à grande échelle et ciblées pour soutenir les jeunes, par exemple sous la forme de vastes programmes de garanties d’emploi et de formation dans les pays développés, et de programmes à forte intensité d’emploi et de garanties d’emploi dans les économies à revenu faible ou intermédiaire.

Pertes d’heures de travail

L’Observatoire met aussi à jour les estimations des pertes en termes d’heures travaillées aux premier et deuxième trimestres 2020, en comparaison avec le quatrième trimestre 2019.

On estime à près de 4,8% les heures de travail perdues au premier trimestre 2020 (ce qui correspond à environ 135 millions d’équivalents plein temps, sur la base d’une semaine de travail de 48 heures).

Cela représente une légère révision à la hausse d’environ 7 millions d’emplois à plein temps depuis la troisième édition de l’Observatoire. L’estimation des pertes d’emploi au deuxième trimestre 2020 reste inchangée, avec 305 millions d’équivalents temps plein. Dans une perspective régionale, les Amériques (13,1%) et l’Europe et l’Asie centrale (12,9%) accusent les plus fortes pertes d’heures de travail au deuxième trimestre 2020.

Les tests et le dépistage portent leurs fruits

La dernière édition de l’Observatoire s’intéresse également aux mesures propres à créer un environnement sûr pour le retour au travail.

Dans les pays qui testent massivement la population et organisent de vastes opérations de dépistage, la diminution moyenne des heures de travail est réduite jusqu’à 50% 

Elle indique que des tests et un dépistage rigoureux de l’infection à la Covid-19 entraînent beaucoup moins de perturbations sur le marché du travail et au plan social que les mesures de quarantaine et de confinement.

Dans les pays qui testent massivement la population et organisent de vastes opérations de dépistage, la diminution moyenne des heures de travail est réduite jusqu’à 50%.

Il y a trois raisons à cela. D'abord, les tests et le dépistage réduisent la nécessité d’appliquer des mesures de confinement strictes.  Ensuite, tous deux favorisent la confiance du public, encourageant ainsi la consommation et contribuant à soutenir l’emploi. Enfin, le test et le dépistage permettent de réduire au minimum les perturbations opérationnelles sur le lieu de travail.

En outre, les tests et le dépistage peuvent aussi contribuer directement à créer de nouveaux emplois, même temporaires, qui pourraient être axés sur les jeunes et d’autres groupes prioritaires.

L’Observatoire souligne l’importance de gérer les inquiétudes concernant la confidentialité des données. Si les coûts sont aussi un facteur à prendre en considération, le rapport coûts/avantages des tests et du dépistage est « hautement favorable ».

« Pour assurer une reprise riche en emplois qui favorise par ailleurs l’équité et la durabilité, il importe que les personnes et les entreprises se remettent au travail dès que possible, dans des conditions sûres », explique Guy Ryder.

« Les tests et le dépistage peuvent être une composante précieuse dans la stratégie à mettre en œuvre pour combattre la peur, réduire les risques et relancer rapidement nos économies et nos sociétés », fait-il valoir.

L’Observatoire réitère son appel en faveur de mesures immédiates et urgentes pour soutenir les travailleurs et les entreprises, qui s’articulent autour de la stratégie de l’OIT en quatre piliers : stimuler l’économie et l’emploi; soutenir les entreprises, les emplois et les revenus ; protéger les travailleurs sur leur lieu de travail ; et s’appuyer sur le dialogue social pour trouver des solutions.