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Yémen : l’ONU s’inquiète de la stigmatisation des migrants durant la pandémie

L'UNICEF encourage le lavage des mains au Yémen.
©UNICEF/Gabreez
L'UNICEF encourage le lavage des mains au Yémen.

Yémen : l’ONU s’inquiète de la stigmatisation des migrants durant la pandémie

Droits de l'homme

Des agences des Nations Unies se sont dites préoccupées de la stigmatisation des migrants au Yémen durant cette épidémie du nouveau coronavirus, redoutant qu’ils soient souvent les boucs émissaires, accusés de mettre en danger les populations autochtones.

Depuis l’apparition de la maladie, « les migrants dans le pays sont stigmatisés comme {transmetteurs de maladies}», déplorent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans une déclaration conjointe.

Pour les deux agences onusiennes, la xénophobie et les campagnes de bouc émissaire conduisent à des représailles contre ces communautés vulnérables. 

Face à la propagation du Covid-19, les migrants sont victimes de harcèlement physique et verbal, de quarantaine forcée, de refus d’accès aux services de santé et de restrictions de mouvement. Les migrants sont déplacés de force « vers les zones de front et les zones désertiques, les laissant sans nourriture, sans eau et sans services essentiels », dénoncent l’OIM et l’OMS.

Selon le tableau de bord de l’OMS, le Yémen enregistre 36 cas confirmés de Covid-19 dont 8 décès. « La présence du Covid-19 au Yémen a été officiellement confirmée le 10 avril. Près d’un mois plus tard, le premier cas signalé dans la ville de Sanaa a été celui d’un réfugié somalien », précisent les deux agences onusiennes.

Le Covid-19 vise « tout le monde, indépendamment de la race »

« Les migrants ne doivent pas être stigmatisés ou associés au risque d’importer des maladies », a déclaré Carmela Godeau, Directrice régionale de l’OIM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Une façon de rappeler que ce nouveau coronavirus « ne respecte aucune frontière », visant « tout le monde, indépendamment de la race, de l’affiliation politique ou de la situation géographique ».

« Il n’y a absolument aucune preuve qu’un groupe de personnes soit plus responsable de sa transmission qu’un autre. Il existe cependant des groupes de personnes plus vulnérables du fait de leur état de santé préexistant et/ou d’un accès limité aux soins, notamment dans les situations d’urgence. Il est de notre devoir collectif de protéger ces groupes », relève de son côté le Dr Ahmed Al Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

Les migrants passent par le Yémen dans l’intention de rejoindre d’autres pays du Golfe. Bien que le nombre d’arrivées au Yémen ait diminué en raison de la pandémie - de 11.101 arrivées en janvier à 1.725 en avril - de nombreux migrants et réfugiés restent bloqués au Yémen. Certains d’entre eux ont entamé leur périlleux périple avant que les restrictions de mouvements ou la fermeture des frontières.

Un nombre croissant d’entre eux vivent dans conditions de surpeuplement et souvent d’insalubrité dans les centres de transit, de détention et de quarantaine. « Ce sont les obstacles aux services de santé, les mauvaises conditions de vie et de travail et l’exploitation, qui posent de graves risques pour la santé », a fait valoir Mme Godeau, prônant une union des forces face au Covid-19 et pour mettre fin à la stigmatisation.

Pour les aider à se protéger et à protéger les communautés qui les accueillent contre le virus, l’OMS et l’OIM sensibilisent les migrants sur la maladie. Les organisations augmentent également les services de santé pour tous les habitants du Yémen, ainsi que d’autres aides pour assurer l’accès à l’eau potable et aux articles d’hygiène essentiels. Les besoins prioritaires des migrants en matière de santé sont inclus dans toutes les activités d’intervention visant la population du Yémen dans son ensemble.

Pour les deux agences onusiennes, il s’agit d’une pandémie mondiale, et la seule façon de la combattre est de le faire ensemble. « Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas », a conclu le Dr Al Mandhari.