L'actualité mondiale Un regard humain

Face à la désinformation, la liberté de la presse est essentielle pour vaincre le Covid-19

Un jeune au Timor Leste lisant un journal local (photo d'archives).
Photo : ONU/Martine Perret
Un jeune au Timor Leste lisant un journal local (photo d'archives).

Face à la désinformation, la liberté de la presse est essentielle pour vaincre le Covid-19

Droits de l'homme

Des médias libres et indépendants sont essentiels pour lutter contre la pandémie de désinformation qui accompagne la propagation du Covid-19, ont rappelé lundi plusieurs hauts responsables des Nations Unies.

« Lorsque des journalistes sont attaqués, les sociétés dans leur ensemble paient un prix. Aucune démocratie ne peut fonctionner sans la liberté de la presse, qui est la pierre angulaire de la confiance entre les gens et leurs institutions », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un dialogue de haut niveau organisé en ligne sur la liberté de la presse et la lutte contre la désinformation dans le contexte du coronavirus.

Depuis plusieurs mois, le monde, y compris les médias, est confronté à un tout nouveau défi: le Covid-19, qui affecte tout le monde, partout. « Parallèlement à la pandémie, nous assistons à une épidémie dangereuse de désinformation, allant des conseils de santé nocifs et des discours de haine aux théories complotistes », a déploré M. Guterres.

Les organisations internationales, ainsi que les gouvernements, ont un rôle important à jouer pour promouvoir les faits et les méthodes scientifiques. « Mais personne pendant cette pandémie ne peut se substituer aux médias pour transmettre au public des informations et des analyses, et pour contrer les rumeurs et la déformation des faits », a souligné M. Guterres.

« Si le virus tue, les fausses nouvelles l’y aident quand elles propagent de faux espoirs et de faux remèdes, quand elles viennent délégitimer des consignes sanitaires ou des discours scientifiques », a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay. Selon elle le « défi commun » que représente le Covid-19 ne peut pas être affronté sans un accès à une information libre, professionnelle et indépendante.

« Le journalisme enrichit notre compréhension de toutes sortes de questions politiques, économiques et sociales et aide à maintenir la gouvernance à tous les niveaux transparente, responsable et bien informée », a, pour sa part, rappelé Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. « Les attaques contre la liberté de la presse sont des attaques contre le droit du public à être informé », a-t-elle ajouté.

« Les journalistes et les professionnels de tous médias sont indispensables pour nous aider à prendre des décisions éclairées. Dans une situation de pandémie, ces décisions peuvent sauver des vies. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin des médias pour nous informer de ce qui se passe ; pour séparer les faits de la fiction ; et pour demander des comptes aux dirigeants », a dit le Secrétaire général.

Depuis le début de la pandémie, partout dans le monde, de nombreux journalistes sont soumis à des restrictions plus sévères et à des sanctions disproportionnées simplement parce qu’ils font leur travail. « Si des limitations temporaires à la liberté de circulation sont essentielles pour vaincre le Covid-19, cela ne doit jamais servir de prétexte pour empêcher les journalistes de faire leur travail », a souligné M. Guterres.

Le chef de l’ONU a appelé les gouvernements et les dirigeants politiques de tous bords à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les journalistes et les professionnels des médias et renforcer la liberté de la presse, pendant la pandémie de Covid-19 et au-delà.

Des micros installés à la sortie de la salle du Conseil de sécurité.
Photo ONU/Ryan Brown
Des micros installés à la sortie de la salle du Conseil de sécurité.

Les réseaux sociaux commencent à prendre leurs responsabilités

La crise du coronavirus a vu une augmentation spectaculaire de l’utilisation des réseaux sociaux.

« Ces réseaux offrent des moyens sans pareil pour communiquer et accéder à l’information », a reconnu M. Guterres. Mais les mensonges flagrants sur le Covid-19 se propagent en ligne à un rythme effrayant.

Une analyse récente a révélé que plus de 40% des messages sur le virus diffusés sur une grande plate-forme de médias sociaux ont été publiés par des bots - des programmes automatisés déguisés en personnes.

« Le remède à cette pandémie de désinformation est l'actualité et l'analyse factuelles. Cela dépend de la liberté des médias et des reportages indépendants », a rappelé le chef de l’ONU, qui s’est dit encouragé de constater que les plateformes de médias sociaux commencent à prendre leurs responsabilités au sérieux.

Il a ainsi salué les engagements récents de ces réseaux de mettre en avant les contenus factuels et de lutter contre la désinformation – en particulier ceux qui suppriment de manière proactive les contenus nuisibles.

M. Guterres les a exhortés à poursuivre ces efforts qui contribuent à éviter la propagation de rumeurs dangereuses et de faux remèdes.

Les Nations Unies travaillent avec les plateformes de médias sociaux pour promouvoir des messages qui assurent la sécurité et la santé de tous. L’ONU a également lancé sa propre initiative pour inonder internet de données factuelles et scientifiques tout en contrant la désinformation et les mensonges de toutes sortes.