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Un cessez-le-feu mondial durant la pandémie de Covid-19 est crucial pour protéger 250 millions d'enfants

Des enfants portent des masques dans une école maternelle de Johannesburg, en Afrique du Sud, lors de l'épidémie de COVID-19.
Photo UNICEF/Shiraaz Mohamed
Des enfants portent des masques dans une école maternelle de Johannesburg, en Afrique du Sud, lors de l'épidémie de COVID-19.

Un cessez-le-feu mondial durant la pandémie de Covid-19 est crucial pour protéger 250 millions d'enfants

Santé

La cheffe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a averti vendredi que 250 millions d'enfants dans le monde qui vivent le « cauchemar éveillé » des conflits ont désespérément besoin que les parties belligérantes cessent de se battre alors que la pandémie de Covid-19 se propage.

Dans son appel, la Directrice exécutive de l'UNICEF, Henrietta Fore, a exhorté les belligérants à considérer qu'ils ne pourront pas lutter contre la maladie tout en continuant à se battre entre eux.

« Pour les enfants qui vivent ces cauchemars éveillés, un cessez-le-feu pourrait faire la différence entre la vie et la mort (...) alors que les combats se poursuivent, il en va de même pour la marche silencieuse du Covid-19 sur les enfants et les populations vulnérables pris au milieu », a-t-elle déclaré.

Un cessez-le-feu mondial protégerait les enfants de la mort, de la mutilation ou de l'expulsion de leurs foyers à cause des conflits. Il mettrait fin aux attaques contre les infrastructures vitales comme les centres de santé et les systèmes d'eau et d'assainissement.

« Il permettrait aux populations vulnérables d'accéder à des services essentiels comme les soins de santé, des services qui sont essentiels pour arrêter une pandémie. Il créerait des opportunités de discussion avec les belligérants pour obtenir la libération en toute sécurité des enfants enrôlés dans des forces et groupes armés », a dit Mme Fore.

Une accalmie dans les combats dans 11 pays

Une jeune fille étudie en ligne chez elle à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Photo : ©UNICEF/ Frank Dejongh
Une jeune fille étudie en ligne chez elle à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

 

L'appel de Mme Fore intervient près d'un mois après que le chef de l'ONU, António Guterres, a appelé à un cessez-le-feu mondial, ce qui a entraîné une accalmie temporaire des hostilités dans 11 pays.

« La furie avec laquelle s’abat le virus montre bien que se faire la guerre est une folie. C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde », avait déclaré M. Guterres le 23 mars lors d’un point de presse virtuel depuis New York. 

« L’heure est venue de laisser les conflits armés derrière nous pour concentrer nos efforts sur le véritable combat de nos vies », avait-il ajouté. 

Des conflits violents se poursuivent néanmoins dans certaines parties de l'Afghanistan, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali, du Myanmar, de la Syrie, de l'Ukraine, du Yémen et d'autres pays.

Ces développements coïncident avec la publication d'une étude des Nations Unies suggérant que la récession mondiale causée par le Covid-19 pourrait causer des centaines de milliers de décès d'enfants supplémentaires cette année.

En réponse à ces chiffres - qui annuleraient les progrès réalisés dans la réduction de la mortalité infantile - M. Guterres a appelé à une action urgente pour protéger le bien-être des jeunes.

Même avant la pandémie, la malnutrition et le retard de croissance des enfants atteignaient des niveaux inacceptables, a-t-il déclaré.

Aujourd'hui, avec des salles de classe fermées presque partout, près de 310 millions d'enfants qui dépendent des repas scolaires sont privés de cette dose quotidienne de nutrition.

Les fermetures d'écoles suppriment le « mécanisme d'alerte précoce »

« Les enfants sont à la fois victimes et témoins de violences et d'abus domestiques. Avec la fermeture des écoles, il manque un important mécanisme d'alerte précoce », a expliqué le chef de l'ONU.  « La réduction des revenus des ménages obligera les familles pauvres à réduire leurs dépenses essentielles en matière de santé et d'alimentation, ce qui affectera particulièrement les enfants, les femmes enceintes et les mères qui allaitent ».

Outre la suspension des campagnes de vaccination contre la polio, la vaccination contre la rougeole a également été interrompue dans au moins 23 pays, a poursuivi le Secrétaire général des Nations Unies.

« Et comme les services de santé sont débordés, les enfants malades sont moins en mesure d'accéder aux soins. Avec la récession mondiale qui s'accélère, il pourrait y avoir des centaines de milliers de décès d'enfants supplémentaires en 2020 », a-t-il souligné. 

Les recommandations aux gouvernements pour contrer les effets négatifs sur les enfants des mesures de confinement comprennent l'augmentation de l'aide aux familles, la sécurisation de l'approvisionnement alimentaire sur les marchés locaux et la priorité donnée à la scolarisation, aux programmes de nutrition et aux soins maternels et infantiles.

Une fillette de sept ans étudie en ligne chez elle à Kiev, en Ukraine, car les écoles restent fermées en raison de la pandémie de COVID-19.
Photo : ©UNICEF/Filippov
Une fillette de sept ans étudie en ligne chez elle à Kiev, en Ukraine, car les écoles restent fermées en raison de la pandémie de COVID-19.

Étape positive en Ukraine

Dans une déclaration publiée jeudi soir, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est félicité de la libération et de l'échange mutuels de prisonniers liés au conflit dans l'est de l'Ukraine, survenus le jour-même.

Le chef de l’ONU espère que cette importante action humanitaire menée avant la Pâque orthodoxe constituera une étape positive vers de nouveaux progrès, notamment un cessez-le-feu permanent, conformément à son appel mondial, ainsi qu'un nouveau désengagement des forces et un accès humanitaire sans entrave à travers la ligne de contact.

Le Secrétaire général exhorte toutes les parties concernées à prendre de nouvelles mesures dans cet esprit, dans le cadre des efforts de paix actuellement déployés par plusieurs acteurs internationaux afin de permettre des progrès dans la mise en œuvre des accords de Minsk.