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Covid-19 : des experts appellent à une action urgente pour atténuer les risques de violence contre les enfants

Des enfants déplacés partagent un repas dans une grotte souterraine où ils sont hébergés avec leurs familles dans le village de Taltouna, en Syrie.
Photo : UNICEF/Ali Haj Sulei
Des enfants déplacés partagent un repas dans une grotte souterraine où ils sont hébergés avec leurs familles dans le village de Taltouna, en Syrie.

Covid-19 : des experts appellent à une action urgente pour atténuer les risques de violence contre les enfants

Droit et prévention du crime

Des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont appelé mardi les États à renforcer les mesures de protection de l'enfance afin d'aider à préserver le bien-être de millions d'enfants dans le monde qui pourraient être plus exposés à la violence, à la vente, au trafic, aux abus sexuels et à l'exploitation pendant la pandémie de Covid-19.

Les parents, les personnes qui s'occupent des enfants, les prestataires de services et les responsables de l'application des lois ont tous besoin d'un soutien supplémentaire pour minimiser les risques accrus auxquels sont exposés les enfants, ont déclaré ces experts.

« Au niveau mondial, les mesures de confinement et l'interruption de services de protection de l'enfance déjà limités exacerbent la vulnérabilité des enfants vivant dans des institutions psychiatriques et sociales, des orphelinats, des camps de réfugiés, des centres de détention pour immigrés et d'autres installations fermées », a déclaré la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la vente et l'exploitation sexuelle des enfants, Maud de Boer-Buquicchio.

« Les cas de violence, d'abus sexuels et d'exploitation des enfants confinés dans ces locaux risquent de passer inaperçus », a-t-elle ajouté.

De son côté, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants, Najat Maalla M'jid, a fait valoir que « à une époque où les enfants sont enfermés et isolés à la maison et ailleurs, ils courent un plus grand risque d'être victimes de violence et d'exploitation, ainsi que de voir leur santé mentale menacée ».

« Cela est particulièrement vrai pour ceux qui sont déjà dans des situations vulnérables, qui ne doivent pas être laissés pour compte », a-t-elle souligné.

Services de protection de l’enfance

Les experts ont exhorté les gouvernements à veiller à ce que des services de protection de l'enfance et d'application de la loi dotés de personnel et d'équipements adéquats soient disponibles et accessibles à tous les enfants.

Ces services comprennent des lignes d'assistance téléphonique gratuites 24 heures sur 24, des services d'envoi de SMS gratuits, des services psychologiques et sociaux à distance et des abris mobiles pour les mineurs.

Nous devons veiller à ce que la protection des enfants soit pleinement intégrée dans la réponse à la Covid-19, avec des ressources adéquates allouées à la fois pendant et après la pandémie - Experts de l'ONU 

« Lorsque ces services vitaux font défaut, les victimes sont condamnées à subir les abus et les violences de leurs propres soignants ou des membres du cercle de confiance », ont déclaré les experts.         

« Nous devons veiller à ce que la protection des enfants soit pleinement intégrée dans la réponse à la Covid-19, avec des ressources adéquates allouées à la fois pendant et après la pandémie », ont-ils exhorté.

Les experts estiment qu’en raison de l’affaiblissement des liens communautaires, tout le monde doit être vigilant et signaler toute suspicion de maltraitance d'enfants. Les restrictions de voyage et l'augmentation du nombre d'utilisateurs en ligne entraîneront probablement aussi une hausse importante des cybercrimes, tels que la sollicitation sexuelle en ligne, la diffusion en direct d'abus sexuels sur des enfants et la production et la distribution de matériel pédopornographique, font-il valoir.

Des enfants malgaches lors d'un repas à l'école.
Photo PAM/David Orr
Des enfants malgaches lors d'un repas à l'école.

Collaboration entre le secteur privé et les services répressifs

« Une collaboration solide entre le secteur privé et les services répressifs est essentielle pour assurer la détection précoce des cybercafés et le blocage et le retrait efficaces du matériel d'exploitation sexuelle des enfants en ligne », ont plaidé les experts.

« De telles opérations impliquent des forces de police spécialisées et formées pour surveiller les réseaux pédophiles cryptés, accéder légalement aux adresses IP conservées afin de sécuriser les preuves, et s'engager avec les entreprises étrangères et les organismes d'application de la loi tout en étant strictement guidés par le droit international des droits de l'homme », ont-ils ajouté.

Nous devrions tous faire des efforts significatifs pour soutenir les opérateurs de première ligne dans les services de protection de l'enfance - Expertes de l'ONU

Selon eux, la perte de revenus des ménages touchera de manière disproportionnée les enfants les plus vulnérables du monde, ce qui en fera une proie facile pour le travail des enfants, la servitude domestique, la prostitution, la mendicité forcée et d'autres situations d'exploitation, avec un effet probablement durable sur ces victimes.

« Nous devrions tous faire des efforts significatifs pour soutenir les opérateurs de première ligne dans les services de protection de l'enfance, les services de surveillance des quartiers et des communautés et les services de police », ont insisté les experts.

« Nous devons également donner aux enfants les moyens de participer activement à la réponse à cette crise, notamment par des initiatives entre pairs. De cette façon, nous pourrons nous assurer que la dignité et les droits des enfants sont protégés et qu'aucun enfant ne subit les conséquences collatérales de cette pandémie sans précédent », ont-ils conclu.

L'appel lancé par Maud de Boer-Buquicchio et Najat Maalla M'jid a reçu le soutien d'Urmila Bhoola, Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, y compris leurs causes et conséquences ; de Catalina Devandas Aguilar, Rapporteure spéciale sur les droits des personnes handicapées ; de Maria Grazia Giammarinaro, Rapporteure spéciale sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; de Dubravka Šimonović, Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes ; de Dainius Pūras, Rapporteur spécial sur le droit à la santé physique et mentale.

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil qui s'occupent soit de situations de pays spécifiques soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies est un défenseur indépendant de la prévention et de l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des enfants.