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Au Burkina Faso, l’insécurité force des milliers de réfugiés maliens à fuir

Des gens ayant fui des combats dans le camp de déplacés de Pissila au Burkina Faso.
Photo : PAM/Marwa Awad
Des gens ayant fui des combats dans le camp de déplacés de Pissila au Burkina Faso.

Au Burkina Faso, l’insécurité force des milliers de réfugiés maliens à fuir

Migrants et réfugiés

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit alarmé par « l’insécurité croissante au Burkina Faso » où les violences forcent chaque jour des milliers de personnes à fuir leur foyer.

Selon le HCR, l’insécurité affecte désormais l’ensemble des 13 régions du Burkina Faso. « La semaine dernière, au moins 32 personnes ont été tuées au cours d’une série d’attaques et des dizaines d’autres ont été blessées », a déclaré vendredi le porte-parole de l’agence onusienne, Babar Baloch, lors d’un point de presse.

Alors que les violences frappent désormais l’ensemble de la région du Sahel, le Burkina Faso est le théâtre de déplacements massifs de population : plus de 838.000 personnes depuis janvier 2019. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter jour après jour. L’arrivée au Burkina Faso de la pandémie de Covid-19 ajoute un nouvel élément d’insécurité à la crise que connaît le pays.

Les attaques commises au Burkina Faso n’épargnent pas les 25.000 réfugiés maliens qui vivaient dans des camps isolés et situés près de la frontière avec le Mali. Suite aux attaques et aux ultimatums lancés par des groupes armés, le camp de réfugiés de Goudoubo, qui accueillait récemment 9.000 réfugiés maliens, est aujourd’hui ement vide. « Les réfugiés ayant fui ailleurs en quête de sécurité », a regretté le porte-parole du HCR.

De nombreux réfugiés ont ainsi rejoint des localités situées à l’intérieur du Burkina Faso. Quelque 2.500 personnes se trouvent désormais aux côtés de nombreux Burkinabés déplacés dans la ville de Dori, où les civils sont confrontés à des conditions difficiles et ont désespérément besoin d’abris, d’eau et de services de santé.

Des réfugiés maliens veulent rentrer dès l’assouplissement des mesures anti-Covid-19

C’est dans ce contexte de violence que le HCR a dû relocaliser son personnel hors du camp de réfugiés de Mentao, près de la ville de Djibo, en novembre 2019. Depuis lors, l’accès à plus de 6.000 réfugiés est sporadique et les conditions de vie se sont aggravées.

Face à l’insécurité au Burkina Faso, de nombreux réfugiés maliens ont fait part de leur intention de rentrer au Mali, une fois que les restrictions liées à la prévention et à la lutte contre le Covid-19 y seront assouplies. Le Mali est a pourtant également confronté à un niveau d’insécurité, Mais les réfugiés maliens y voient un moindre mal.

A ce jour, la situation sécuritaire instable au Mali entrave les retours des réfugiés vers leurs lieux d’origine. « L’insécurité persiste et les autorités ont imposé un couvre-feu dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le coronavirus », a ajouté M. Baloch, non sans relever les inquiétudes en matière de sécurité et de santé parmi les groupes vulnérables.

Sur place au Mali, le HCR, en collaboration avec les autorités maliennes, a pourtant enregistré près de 3.000 réfugiés dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou. Ces rapatriés paniqués, dont beaucoup témoignent de scènes d’horreur, arrivent avec leurs familles dans des camions loués ou à dos de chameau. Dans le cadre des efforts de réponse à la pandémie de Covid-19, l’agence onusienne a fourni aux autorités maliennes des équipements sanitaires et d’hygiène nécessaires.