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Coronavirus : l’OMS appelle à ne pas utiliser de médicaments sans preuve de leur efficacité

Une jeune femme tient dans sa main des médicaments après une opération chirurgicale.
Photo : UNICEF/Olivier Asselin
Une jeune femme tient dans sa main des médicaments après une opération chirurgicale.

Coronavirus : l’OMS appelle à ne pas utiliser de médicaments sans preuve de leur efficacité

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde vendredi contre l’administration de médicaments dont l’efficacité pour lutter contre le coronavirus n’a pas été prouvé alors le monde compte plus d’un demi-million de cas confirmés et déplore plus de 20.000 décès liés au Covid-19. 

« Ces morts et ces contaminations sont des chiffres tragiques, mais n’oublions pas que dans le monde entier, il y a des centaines de milliers de survivants », a rappelé le Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

« En attendant, nous appelons les individus et les pays à s’abstenir d’utiliser des produits thérapeutiques dont l’efficacité n’a pas été démontrée dans le traitement du Covid-19 », a dit le Dr. Tedros.

Le chef de l’agence onusienne a rappelé que « l’histoire de la médecine est parsemée d’exemples de médicaments qui ont fonctionné sur le papier ou dans des éprouvettes, mais qui n’ont pas fonctionné chez l’homme ou étaient en fait nocifs ». A cet égard, il a cité le cas de la dernière épidémie d’Ebola au cours de laquelle certains médicaments qui étaient considérés comme efficaces se sont révélés inopérants « lorsqu’ils ont été comparés au cours d’un essai clinique ».

« Nous devons suivre les preuves », a-t-il insisté, tout en alertant sur le fait qu’« il n’y a pas de raccourcis » dans le combat contre le Covid-19.

Au moins 18 mois avant la mise au point d’un vaccin

La semaine dernière, l’OMS avait déjà mis en garde contre « les faux espoirs, les études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations ». Ces études « ne nous apporteront pas des réponses dont nous avons besoin », avait indiqué l’agence onusienne.

L’OMS mise sur certains travaux et avertit qu’il reste encore au moins 18 mois avant qu’un vaccin ne soit mis au point. « En attendant, nous reconnaissons qu’il existe un besoin urgent de thérapies pour traiter les patients et sauver des vies », a fait valoir le Dr. Tedros.
 
Le chef de l'OMS a annoncé qu’en Espagne et en Norvège, les premiers patients seront bientôt inscrits à l’essai de solidarité, qui comparera la sécurité et l’efficacité de quatre médicaments ou combinaisons de médicaments différents contre le Covid-19. « Il s’agit d’un essai historique qui réduira considérablement le temps nécessaire pour produire des preuves solides sur l’efficacité des médicaments », a fait remarquer le Dr Tedros, non sans rappeler que plus de 45 pays contribuent à l’essai et que d’autres ont exprimé leur intérêt. « Plus il y aura de pays qui participeront à l’essai, plus vite nous obtiendrons des résultats », a-t-il souligné. 

La pénurie d’équipements de protection pour les soignants est une « menace immédiate »

Par ailleurs, le Directeur général de l’OMS a fait le point sur une réunion ministérielle à laquelle ont participé une cinquantaine de pays. Lors de cet échange intergouvernemental, il a été question de la pénurie mondiale et chronique d’équipements de protection individuelle « qui est maintenant une des menaces les plus immédiates sur notre capacité collective à sauver des vies », s’est alarmé le Dr. Tedros.

Pour l’OMS, ces équipements sont d’autant plus importants qu’ils permettent de ne limiter l’exposition des agents de la santé  en première ligne dans le combat contre le Covid-19. « Quand les personnels soignants sont exposés au risque, nous sommes tous exposés au risque. Les travailleurs de la santé des pays à faibles et moyens revenus méritent la même protection que ceux des pays les plus riches », a souligné le chef de l’agence onusienne.

Il a ajouté que l’OMS a déjà expédié près de deux millions d’articles individuels de protection dans 74 pays qui en ont le plus besoin. Une quantité similaire sera envoyé dans 60 autres pays. « Mais il en faut beaucoup plus. Ce problème ne peut être résolu que par la coopération et la solidarité internationales », a fait remarquer Dr Tedros.

Alors que le Fonds de solidarité contre le Covid-19 a reçu des dons de plus de 108 millions de dollars de la part de plus de 200.000 personnes et organisations, l’OMS regrette que ce genre de crise fasse « ressortir le meilleur et le pire de l’humanité ». L’agence onusienne fait ainsi référence aux escroqueries, cyberattaques et usurpations d’identité croissantes de l’OMS ou de son chef.

Citant les propos de Gan Kim Yong, le Ministre de la santé de Singapour qui a pris des mesures drastiques pour lutter contre le coronavirus, Le Dr. Tedros a rappelé l’état d’esprit qui doit guider la guerre contre le Covid-19 : « Nous ne sommes qu’au début de ce combat et devons rester calmes, unis et travailler ensemble ».