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Malgré une accélération de la pandémie, la trajectoire de Covid-19 peut être modifiée (OMS)

Des chercheurs à travers le monde tentent de trouver un vaccin contre le coronavirus.
Photo : ONU/Loey Felipe
Des chercheurs à travers le monde tentent de trouver un vaccin contre le coronavirus.

Malgré une accélération de la pandémie, la trajectoire de Covid-19 peut être modifiée (OMS)

Santé

Alors que la barre des 300.000 cas de Covid-19 a été dépassée, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé lundi qu’il est possible de changer la trajectoire de la pandémie. 

« Plus de 300.000 cas de Covid-19 ont été signalés à ce jour. C’est déchirant. La pandémie s’accélère », mais « nous pouvons changer sa trajectoire », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève, le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon l’OMS, il a fallu 67 jours pour partir du premier cas signalé aux 100.000 premiers cas. Pour passer à la barre des 200.000, il a fallu 11 jours et seulement 4 jours pour passer de cette étape à 300.000 cas de contaminations.

Pour autant, l’agence onusienne ne veut pas être « prisonnière des statistiques » et surtout « des spectateurs impuissants ». « Nous pouvons changer la trajectoire de la pandémie de Covid-19. Les chiffres sont importants, car ils ne sont pas que des chiffres. Ce sont des personnes dont la vie et la famille ont été bouleversées », a ajouté Dr Tedros.

Après avoir lancé avec la Fédération internationale de football (FIFA) une campagne commune pour lutter contre la pandémie, l’OMS a ainsi opté pour un langage du ballon rond, en appelant tous les pays à passer à l’«attaque» en testant tous les cas et en plaçant en quarantaine leurs proches contacts.

« On ne peut pas gagner un match de football uniquement en défendant. Il faut aussi attaquer. Demander aux gens de rester chez eux et d’autres mesures d’éloignement physique sont importantes pour ralentir la propagation du coronavirus et gagner du temps, mais ce sont des mesures défensives », relève Dr Tedros.

Tester tous les cas et en placer en quarantaine les proches des contacts

Pour gagner ce match contre le nouveau coronavirus, le chef de l’OMS opte donc pour « une tactique agressive et ciblée ». Dans le langage footballistique de l’agence onusienne, il s’agit alors de tester chaque cas suspect, en isolant et en soignant chaque cas confirmé, en traçant et en plaçant en quarantaine les proches des contacts.

Le coronavirus a fait au moins 14.510 morts et contaminé près de 333.000 personnes dans le monde, dont la moitié en Europe.

Et dans ce match contre le Covid-19, l’OMS rappelle aussi l’enjeu de jouer collectif. Une façon pour l’agence onusienne d’exprimer sa reconnaissance aux pays qui ont « envoyé des équipes médicales d’urgence pour soigner les patients et former des travailleurs de la santé dans d’autres pays qui ont besoin d’aide ». « C’est un exemple incroyable de « solidarité internationale », salue le chef de l’OMS.

Selon des rapports des médias, des équipes médicales sont arrivées en renfort en Italie, notamment en provenance de Chine et de Cuba. La Havane aurait envoyé une équipe de médecins et infirmiers, spécialisés dans les épidémies.

Toutefois, ces « coopérants » et tous ces travailleurs de la santé ne pourront travailler « efficacement » que s’ils peuvent le faire en toute sécurité.

Le chef de l’OMS fait ainsi référence aux « rapports alarmants du monde entier sur le nombre important d’infections parmi les travailleurs de la santé ». « Même si nous faisons tout le reste correctement, si nous ne donnons pas la priorité à la protection des travailleurs de la santé, de nombreuses personnes mourront pare que le travailleur de la santé qui aurait pu leur sauver la vie est malade », a mis en garde Dr Tedros.

Eviter de faux espoirs sur l’usage de certains médicaments

Pour y arriver, l’OMS s’est d’ailleurs engagée avec de nombreux partenaires pour rationaliser et hiérarchiser l’utilisation des équipements de protection individuelle. Et pour remédier à la pénurie mondiale de ces outils vitaux, l’OMS estime qu’il faut s’attaquer à chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement, des matières premières au produit fini.

Faute de quoi, les mesures mises en place pour ralentir la propagation du virus peuvent avoir des conséquences imprévues en aggravant la pénurie d’équipements de protection essentiels et des matériaux nécessaires à leur fabrication.

C’est pour cette raison que le chef de l’OMS s’adressera aux chefs d’État des pays du G20 pour les inviter à « travailler ensemble pour augmenter la production, éviter les interdictions d’exportation et assurer une distribution équitable en fonction des besoins ». 

« La résolution de ce problème nécessite une coordination politique au niveau mondial », a-t-il ajouté.

S’agissant des essais cliniques pour évaluer des traitements expérimentaux, l’OMS rappelle que « l’utilisation de médicaments non testés sans les bonnes preuves pourrait susciter de faux espoirs ». « Cela pourrait même faire plus de mal que de bien et provoquer une pénurie de médicaments essentiels nécessaires pour traiter d’autres maladies », a mis en garde Dr Tedros, tout en reconnaissant le « besoin désespéré de thérapies efficaces ».

Donc au niveau de l’OMS, il n’existe actuellement aucun traitement dont « l’efficacité contre Covid-19 a été prouvée ». Mais « les petites études d’observation et non randomisées ne nous donneront pas les réponses dont nous avons besoin ».

C’est pourquoi l’OMS a lancé des essais de solidarité, afin de générer des preuves solides et de haute qualité le plus rapidement possible. L’objectif affiché étant d’obtenir « rapidement des résultats sur les médicaments » qui « pourront sauver de vies ». Une façon de rappeler que ce match contre le Covid-19 se joue en collectif. Et en football, comme dans le combat contre la pandémie, « la solidarité est la règle du jeu pour virer Covid-19 de la planète ».