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RDC : avec la fin d’Ebola, « il faut tuer l’épidémie de Covid-19 dans l’œuf » (OMS)

Une mère avec sa fille dans une clinique du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.
©UNICEF/Thomas Nybo
Une mère avec sa fille dans une clinique du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.

RDC : avec la fin d’Ebola, « il faut tuer l’épidémie de Covid-19 dans l’œuf » (OMS)

Santé

Alors que sept personnes ont été diagnostiquées positives au nouveau coronavirus en République démocratique du Congo (RDC), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait le pari de « tuer l’épidémie dans l’œuf ».

« Lutter contre le Covid-19 nécessite beaucoup plus de moyens, donc il s’agit de combattre le virus à sa phase initiale », a mis en garde le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur-adjoint de l’OMS en charge de la réponse aux urgences, relevant qu’« aucun des pays africains n’a les capacités de répondre à grosse épidémie de Covid-19, compte tenu de la nécessité d’avoir un nombre important de lits de réanimation et de systèmes d’oxygénation ».

Selon l’agence onusienne, le nombre de cas est passé ce mercredi de quatre à sept. « Il s’agit de trois Congolais dont un homme de 43 ans de retour après une visite familiale en France », souligne le Bureau de l’OMS en RDC dans un tweet. Ces trois nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés sur neuf échantillons testés hier mardi 17 mars.

Face à ce nouveau virus, Kinshasa et l’OMS pensent que l’expérience acquise dans la lutte contre la fièvre hémorragique Ebola pourrait les aider. « Les approches de contrôles de l’épidémie sont les mêmes », souligne d’ailleurs Dr Socé Fall. Il s’agit de pouvoir détecter les cas à temps, avoir un système de surveillance solide, pouvoir isoler les cas à temps et pouvoir suivre les contacts.

Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur général adjoint de  l'OMS en charge de la réponse aux urgences.
Photo ONU Info/Daniel Johnson
Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur général adjoint de l'OMS en charge de la réponse aux urgences.

Douze laboratoires mobiles capables de faire des tests

Depuis la riposte contre Ebola, des centres de santé disséminés dans l’Est de la RDC ont pris l’habitude de faire remonter tous les cas suspects. L’OMS et ses partenaires ont également pu déployer douze laboratoires mobiles capables de faire des tests. « Une capacité maintenue et utilisable dans le cadre de Covid-19 », insiste Dr Socé Fall.

La RDC et l’OMS tablent donc sur ces infrastructures et ce dispositif pour combattre le virus de Covid-19. D’autant que sur le terrain aussi, les relais communautaires sont bien rodés. Lors de l’épidémie d’Ebola, plus de 250.000 contacts ont ainsi été suivis, en plus de plus de 60.000 alertes. Selon l’agence onusienne, ce dispositif mis en place pendant l’épidémie d’Ebola peut être utilisé « pour lutter contre les autres épidémies, notamment le Covid-19 ».

D’autres mécaniques mises en place lors de la lutte contre Ebola devraient être également maintenues. « Nous avons appris beaucoup de leçons. Outre les campagnes de vaccination et la recherche de vaccins, il a fallu abattre un travail de fourmis dans des conditions difficiles, surtout engager la communauté pour pouvoir les avoir avec nous dans la riposte », a fait remarquer le médecin sénégalais.

Plus largement, l’OMS insiste beaucoup sur le fait de continuer à soutenir Kinshasa, comme pour dire que le « système de santé doit être fort pour arrêter bien plus qu’Ebola ». « On ne peut pas se limiter à combattre Ebola », ajoute Dr Socé Fall. Pour l’agence onusienne, il s’agit, à l’image des autres pays du continent africain, de renforcer le système de santé congolais afin que les capacités de prévention, de détection et de réponse aux maladies infectieuses soient disponibles dans toutes les zones de santé des provinces. « Il est crucial d’investir dans le développement », plaide le Directeur-adjoint de l’OMS en charge des urgences.

La RDC s'apprête à annoncer la fin de l'épidémie Ebola

A noter que ces nouveaux cas de Covid-19 interviennent alors que la RDC a lancé un compte à rebours pour la fin de la dixième épidémie de la maladie à virus Ebola déclarée depuis le 1er aout 2018. Le dernier cas connu de fièvre hémorragique, une patiente, est sortie le 3 mars dernier d’un centre de traitement de Beni.

« S’il n’y a pas de nouveaux cas, la fin de l’épidémie sera déclarée le 12 avril », a indiqué Dr Ibrahima Socé Fall, qui rappelle également les contours d’un combat face à « une épidémie complexe dans une zone de conflit où il y a des dizaines de groupes armés et où le système sanitaire est resté très faible ».

Avec 2.264 victimes sur 3.444 cas, cette dixième épidémie d’Ebola enregistrée sur le sol congolais depuis 1976 est la deuxième la plus grave de l’histoire après celle qui a touché l’Afrique de l’Ouest de 2013 à 2016. Selon l’OMS, ce dernier virage est le résultat d’efforts nationaux et des internationaux qui ont permis de venir à bout de cette épidémie.

Mais l’OMS appelle à la vigilance « parce qu’il y a toujours la possibilité de résurgence du fait des niches écologiques favorables au réservoir du virus ». « Plus de 1.160 personnes guéries de la maladie. Vous savez le virus peut rester dans le corps de certains guéris pendant plus d’un an. Donc il faut rester vigilant pour pouvoir réagir à toute nouvelle flambée d’Ebola », a conclu Dr Socé Fall.