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Au Pakistan, l’ONU appelle à une plus grande solidarité envers les pays accueillant les réfugiés afghans

Des enfants réfugiés afghans devant une école à Islamabad, au Pakistan, où vivent environ 3 000 réfugiés afghans.
© UNHCR/Roger Arnold
Des enfants réfugiés afghans devant une école à Islamabad, au Pakistan, où vivent environ 3 000 réfugiés afghans.

Au Pakistan, l’ONU appelle à une plus grande solidarité envers les pays accueillant les réfugiés afghans

Migrants et réfugiés

À une conférence marquant les 40 années d’accueil de réfugiés afghans par le Pakistan, les Nations Unies ont appelé lundi la communauté internationale à appuyer davantage les efforts des pays hôtes envers les réfugiés.

Lors de cette conférence, organisée à Islamabad, la capitale pakistanaise, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, ont déploré le manque de solidarité envers les pays qui accueillent les réfugiés afghans. Ces pays en développement, dont le Pakistan, sont déjà confrontés à d’importants défis. Le Pakistan est le deuxième pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés dans le monde, après la Turquie.

« Depuis 40 ans, le peuple afghan est confronté à des crises successives. Depuis 40 ans, le peuple pakistanais a répondu avec solidarité », a rappelé M. Guterres.

Le Secrétaire général a remercié le Pakistan pour sa générosité envers les nombreux Afghans qu’il a accueillis sur son territoire et qui constituent la plus longue situation prolongée de réfugiés au monde dans l'histoire.

Celui qui a occupé les fonctions de Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés entre 2005 et 2015 a déploré le soutien minime de la communauté internationale aux réfugiés afghans en comparaison aux efforts déployés par le Pakistan. « La communauté internationale doit intensifier ses efforts », a souligné M. Guterres.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la Conférence internationale sur 40 ans d'accueil des réfugiés afghans au Pakistan, à Islamabad.
Photo : ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la Conférence internationale sur 40 ans d'accueil des réfugiés afghans au Pakistan, à Islamabad.

Une responsabilité par équitablement partagée

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés s’est fait l’écho du constat et de l’appel du Secrétaire général de l’ONU.

Filippo Grandi, qui a été représentant de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Afghanistan il y a 20 ans, a rappelé que l’accueil des réfugiés est une responsabilité exercée au nom de la communauté internationale mais qu’elle n’a pas été équitablement partagée entre les pays.

« Pour les Afghans, l'histoire de leur exil a été longue et douloureuse - marquée par des moments d'espoir et de désespoir ; une histoire qui ne sera pas terminée tant que des solutions n'auront pas été trouvées dans leur propre pays », a dit le chef du HCR.

« Nous ne pouvons pas abandonner les réfugiés afghans, ni les Afghans restés dans leur pays, pendant une autre année, ou une autre décennie d’existence précaire alors que la paix se faire attendre », a dit le Haut-Commissaire.

Selon le HCR, 1,4 million d’Afghans sont réfugiés au Pakistan. Ce pays accueille avec l’Iran, plus de 90% des réfugiés afghans dans le monde.

La solution réside en Afghanistan

A Islamabad, le chef de l’ONU a salué « 40 années ininterrompues de solidarité » mais a également déploré « 40 années brisées d'hostilité » continues. Alors que le conflit afghan se prolonge « encore et encore », son impact profond se traduit par une persistance de la pauvreté et des déplacements forcés, a dit M. Guterres.

« Nous savons que la solution réside en Afghanistan, J'espère que les signaux d'une voie possible vers la paix mèneront à un avenir meilleur pour le peuple afghan », a dit le Secrétaire général.

Depuis Islamabad, le chef de l’ONU a dit suivre de près les pourparlers entre les États-Unis et les Talibans concernant une réduction significative de la violence en Afghanistan visant à ouvrir la voie à des négociations de paix intra-afghanes. Au cours de sa visite au Pakistan, M. Guterres a exprimé son souhait sincère que ces pourparlers soient couronnés de succès et conduisent à un processus de paix dirigé par les Afghans. Il a réaffirmé que l’ONU était prête à fournir toute assistance dont les parties pourraient avoir besoin.

Contribution des femmes Casques bleus pakistanaises

A Islamabad, le chef de l’ONU a salué la contribution du Pakistan aux opérations de paix des Nations Unies, avec notamment le déploiement de Casques bleus femmes.

« Le Pakistan est l'un de nos contributeurs les plus constants et les plus fiables aux efforts de paix dans le monde », a déclaré M. Guterres lors d’une intervention au Centre pour la paix et la stabilité internationales.

Islamabad contribue depuis 60 ans aux opérations de paix onusienne. La première participation pakistanaise remonte a 1960 avec le déploiement de troupes au sein de l’Opération des Nations Unies au Congo (ONUC). Dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo (RDC), le Pakistan a déployé une premiere équipe d’engagement entièrement composé de femmes au Sud-Kivu.

« Le Pakistan est un chef de file dans la promotion des femmes soldats de la paix et un exemple pour les autres pays fournisseurs de contingents », a dit le Secrétaire général. Il a souligné que cette équipe pakistanaise composée uniquement de femmes a mis en œuvre avec succès des projets de formation professionnelle, de sensibilisation médicale et de soutien psychologique, et amélioré la collecte d'informations qui alimentent les évaluations de la sécurité.

« Pour gagner la confiance des populations, pour gagner la confiance des communautés, les femmes soldats de la paix - militaires et policiers - sont absolument essentiels », a dit le chef de l’ONU. « Et elles peuvent faire des choses que nous, les hommes, ne pouvons pas faire - gagner la confiance et créer les conditions d’une action plus efficace de nos unités de maintien de la paix ».