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Corne de l’Afrique : la pire invasion de criquets pèlerins depuis des décennies (FAO)

Un criquet pèlerin dans la région Somali de l'Éthiopie
Photo : FAO/Peterik Wiggers
Un criquet pèlerin dans la région Somali de l'Éthiopie

Corne de l’Afrique : la pire invasion de criquets pèlerins depuis des décennies (FAO)

Climat et environnement

La Corne de l'Afrique connaît la pire invasion de criquets pèlerins depuis des décennies. La FAO et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) lancent ce lundi à New York un appel pour un soutien urgent de 76 millions de dollars à la région.

« L'Éthiopie, le Kenya et la Somalie sont confrontés pour l’instant à une situation tout à fait exceptionnelle. Au Kenya cela fait 70 ans qu’ils n’ont pas connu une telle situation. En Éthiopie et en Somalie, cela fait 25 ans », a déclaré Dominique Burgeon, Directeur de la Division des urgences et de la réhabilitation de la FAO.

« En fait, les conditions de reproduction des criquets pèlerins ont été rendues favorables par une série d’événements climatiques, plus spécifiquement des cyclones, qui ont amené beaucoup d’humidité dans la région et qui donc ont créé des conditions favorables à la multiplication des criquets pèlerins, » a-t-il ajouté.

Ainsi, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, les pays les plus touchés, des dizaines de milliers d'hectares de terres cultivées et de pâturages ont déjà été endommagés. Djibouti et l'Érythrée sont également infestés.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) prévient que la situation risque de se détériorer avec l'apparition d'une nouvelle génération de criquets d'ici au mois de juin.  Le Soudan du Sud et l'Ouganda sont menacés et de nouveaux essaims en Arabie saoudite, au Soudan et au Yémen sont préoccupants.

Le potentiel de destruction est énorme. Un essaim de criquets pèlerins couvrant un kilomètre carré peut manger la même quantité de nourriture en une journée qu'environ 35 000 personnes.

Un essaim de la taille de la ville de New York peut consommer en une journée la même quantité de nourriture que toute la population du New Jersey, de la Pennsylvanie et de l'État de New York.

Si des pluies supérieures à la moyenne se poursuivent et que les opérations de lutte ne sont pas suffisantes, un fléau de criquets pèlerins pourrait se développer en Afrique de l'Est avant la fin de l'année 2020. Cela aurait de graves conséquences sur la production agricole et les pâturages dans toute la région, ce qui compromettrait encore davantage la sécurité alimentaire dans un contexte où des millions de personnes sont déjà en situation d'insécurité alimentaire aiguë sévère.

Des activités de contrôle terrestre et aérien

Avec le soutien d'OCHA, la FAO travaille en étroite collaboration avec les gouvernements et les partenaires nationaux et locaux, en soutenant les opérations de surveillance et de contrôle et en lançant des efforts pour sauvegarder les moyens de subsistance et aider au rétablissement à long terme des personnes touchées.

La FAO a lancé des activités de contrôle pour réduire les populations acridiennes et éviter la formation d'essaims et ainsi éviter qu'ils se propagent vers des zones encore plus vulnérables.

Elle collabore de manière étroite avec les gouvernements et les partenaires, en soutenant les opérations de contrôle et en déployant les efforts nécessaires afin de protéger les moyens d’existence et d’aider les populations affectées sur le long terme. 

De vastes interventions terrestres et aériennes sont attendues de toute urgence afin de détecter et de réduire la quantité d'acridiens avant qu'ils ne se propagent davantage. 

La FAO a évalué à 76 millions de dollars l'aide nécessaire pour mener les opérations de contrôle et prendre les mesures nécessaires pour protéger les moyens d'existence et éviter que la situation de la sécurité alimentaire ne se détériore.

« Sur les cinq pays les plus sévèrement affectés, nous avons 13 millions de personnes qui sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et donc qui requièrent une assistance humanitaire spécifique en matière de sécurité alimentaire », a souligné Dominique Burgeon. 

« Nous avons en outre 20 millions de personnes qui sont au bord de cette catégorie. Donc avec un tel choc qui va inévitablement avoir un impact sur les productions alimentaires, nous sommes très préoccupés par le fait que, si nous n’agissons pas le plus rapidement possible, nous allons être confrontés à une détérioration massive de la situation de la sécurité alimentaire », a-t-il ajouté.