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De g. à d. : Des Rohingyas du Myanmar arrivent à Cox's Bazar, au Bangladesh ; des Casques bleus au Libéria font leurs adieux ; la militante indienne pour le climat Licypriya Kangujam à la COP25.

2010-2020 : retour sur 10 ans d’actualité mondiale et des Nations Unies (troisième partie)

Photo : ONU
De g. à d. : Des Rohingyas du Myanmar arrivent à Cox's Bazar, au Bangladesh ; des Casques bleus au Libéria font leurs adieux ; la militante indienne pour le climat Licypriya Kangujam à la COP25.

2010-2020 : retour sur 10 ans d’actualité mondiale et des Nations Unies (troisième partie)

Droits de l'homme

Alors que nous entrons dans l’année 2020, ONU Info vous propose une rétrospective en trois parties sur quelques-uns des événements importants de l’actualité internationale et des Nations Unies qui se sont déroulés entre 2010 et 2019. 

La dernière partie couvre la période 2017 à 2019 : la réponse humanitaire à la crise des réfugiés rohingya ; la fin réussie du mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria ; et un nouvel élan dans la lutte contre la crise climatique, malgré la déception suscitée par la conférence sur le climat COP25 à Madrid.

2017 : « NETTOYAGE ETHNIQUE » DES ROHINGYA

Les Rohingyas musulmans du Myanmar ont fui au Bangladesh après avoir été victimes de persécutions brutales qui, selon des enquêteurs  de l’ONU, pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
HCR/Roger Arnold
Les Rohingyas musulmans du Myanmar ont fui au Bangladesh après avoir été victimes de persécutions brutales qui, selon des enquêteurs de l’ONU, pourraient constituer des crimes contre l’humanité.

 

En août 2017, des soldats de l'armée birmane ont mené une opération de répression dans l’Etat de Rakhine, une région à l'ouest du Myanmar qui borde le Bangladesh, attribuant aux séparatistes rohingya de l'Armée d'Arakan les attaques meurtrières contre des postes de police et de sécurité.

L'opération militaire aurait conduit à de nombreuses atrocités commises contre des civils rohingya, majoritairement musulmans, une minorité qui a fait face à de nombreux épisodes de persécution dans le passé. Elle a été décrite par Zeid Ra'ad al-Hussein, alors chef des droits de l'homme de l'ONU, comme portant toutes les caractéristiques d’un « exemple classique de nettoyage ethnique ».

À titre de preuve, M. Zeid a pointé du doigt des informations selon lesquelles les autorités du Myanmar auraient posé des mines le long de la frontière avec le Bangladesh et exigé des rapatriés qu'ils fournissent une « preuve de nationalité », une chose impossible étant donné que les gouvernements successifs du Myanmar ont depuis 1962 progressivement dépouillé la population rohingya de ses droits politiques et civils, y compris le droit de citoyenneté.

En septembre 2017, plus d'un demi-million de Rohingya étaient arrivés au Bangladesh, gonflant le camp de réfugiés de Kutupalong et mettant les agences des Nations Unies en difficulté.

Le Fonds des Nations Unies pour la population, l'UNFPA, a averti que des comptes-rendus horribles de viols et d'agressions sexuelles contre des femmes et des filles rohingya fuyant les troubles au Myanmar pourraient n'être « que la partie visible de l'iceberg ». Un groupe d'experts indépendants des droits de l’homme de l'ONU a appelé la communauté internationale à prendre des mesures, notant « des allégations crédibles d'abus et de violations graves des droits humains commis contre les Rohingya, notamment des exécutions extrajudiciaires, un recours excessif à la force, l’usage de la torture et des mauvais traitements, des violences sexuelles et sexistes et des déplacements forcés, ainsi que des incendies et la destruction de plus de 200 villages et de dizaines de milliers de maisons rohingya ».

À ce jour, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, a documenté l'arrivée de plus de 744.000 réfugiés dans le camp depuis le début de la répression, et Kutupalong est désormais considéré comme le plus grand camp de réfugiés au monde.

Les chances que les réfugiés rentrent chez eux en grand nombre semblent minces, alors qu’une équipe d’enquêteurs de l'ONU a conclu en septembre 2019 que la menace de génocide pesant sur les Rohingya qui vivent toujours au Myanmar reste plus élevée que jamais, alors que le gouvernement tente « d'effacer leur identité et les éliminer du pays ».

En décembre 2019, Aung San Suu Kyi, la dirigeante civile de facto du Myanmar, a défendu l'armée de son pays contre les accusations de génocide portées par la Gambie, au nom de l'Organisation de coopération islamique, devant la Cour internationale de Justice (CIJ), le principal organe judiciaire de l'ONU, qui règle les différends entre les pays.

Entre-temps, en novembre 2019, la Cour pénale internationale (CPI), qui est chargée de juger les individus, a autorisé sa propre enquête sur les crimes contre l'humanité présumés, à savoir les expulsions, commis contre les Rohingya.

2018 : L'ONU QUITTE LE LIBÉRIA, UNE MISSION ACCOMPLIE

Des ONG et des associations font leurs adieux aux Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Libéria.
Photo : ONU / Albert González Farran
Des ONG et des associations font leurs adieux aux Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Libéria.

 

Le Libéria était autrefois synonyme d'insécurité et de troubles, ayant souffert de 15 ans de conflit entre 1989 et 2003, période au cours de laquelle il a traversé deux guerres civiles, connu une anarchie totale, et vu la mort de près de 250.000 personnes.

En 2018, le redressement du pays a été achevé. En janvier, George Weah a succédé à Ellen Johnson Sirleaf à la Présidence du pays. Pour la première fois en près de trois quarts de siècle, les Libériens assistaient à un transfert pacifique du pouvoir.

Et, en mars, la Mission des Nations Unies au Libéria, la MINUL, qui a été créée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2003 après la signature d'un accord de paix pour mettre fin aux combats, a fermé ses portes. Lors de son investiture en janvier, le Président Weah a félicité la Mission « pour avoir assuré la paix à l'intérieur de nos frontières pendant plus d'une décennie ».

La MINUL a créé avec succès un environnement de sécurité qui a permis à plus d'un million de réfugiés et de personnes déplacées de rentrer chez eux ; a soutenu l’organisation de trois élections présidentielles et a aidé le gouvernement à établir son autorité dans tout le pays après des années de combats et d'instabilité.

Le 31 mars, la Mission a été remplacée par une équipe-pays des Nations Unies, et les 17 fonds et agences des Nations Unies présents au Libéria sont restés dans le pays pour se concentrer sur le développement et l'amélioration de la vie des Libériens.

S'adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2018, le Président Weah a de nouveau salué le travail de la MINUL, notant qu'elle « avait apporté la stabilité et avait aidé à reconstruire les institutions et les communautés du Libéria ».

« Nous sommes une réussite du maintien de la paix et nous sommes reconnaissants du soutien apporté », a-t-il déclaré.

2019 : UNE NOUVELLE IMPULSION DANS LA LUTTE CONTRE L'URGENCE CLIMATIQUE

Le pays insulaire de faible altitude, Tuvalu, dans l'océan Pacifique, est particulièrement sensible à l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique.
PNUD Tuvalu/Aurélia Rusek
Le pays insulaire de faible altitude, Tuvalu, dans l'océan Pacifique, est particulièrement sensible à l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique.

 

Cette année, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a donné un nouvel élan à la lutte contre la crise climatique, s’appuyant sur une série de rapports produits par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l'Organisation météorologique mondiale (OMM), l'organisme des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Ces rapports affirment que le monde sera confronté à une catastrophe environnementale s’il n’y a pas de réductions significatives des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

La pression exercée par le chef de l'ONU est constante, culminant avec son Sommet Action Climat au siège de l'ONU à New York en septembre. Avant ce sommet, il avait averti les dirigeants mondiaux qu'il attendait d’eux des plans concrets de réduction des émissions, plutôt que « beaux discours ».

À cet égard, la conférence pourrait être considérée comme un succès, de nombreux pays ayant annoncé une action accrue pour faire face à la crise climatique, au-delà des engagements pris dans l'Accord de Paris sur le climat signé en 2015.

Plusieurs pays ont signalé un abandon des combustibles fossiles et ont pris des engagements financiers pour aider les pays en développement à faire face aux effets du changement climatique ; des grandes entreprises ont annoncé des objectifs climatiques dans toutes leurs opérations ; et plus de 2.000 villes se sont engagées à placer le risque climatique au centre de leurs décisions.

Cependant, l'attention a été dominée par le discours furieux et passionné de la militante suédoise Greta Thunberg, âgée de 16 ans, qui a fustigé les dirigeants mondiaux. « Vous nous avez fait défaut, mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Les yeux de toutes les générations futures sont sur vous, et si vous choisissez de nous faire défaut, je dis que nous ne vous pardonnerons jamais ».

La colère de Greta Thunberg a été saluée par le Secrétaire général, qui a clôturé la conférence en reconnaissant « l’élan, la coopération et l’ambition », mais en avertissant également que « nous avons un long chemin à parcourir ».

La Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25), qui s'est déroulée à Madrid au cours des deux premières semaines de décembre, a marqué la prochaine étape du long voyage vers une économie mondiale durable.

De nombreux commentateurs et militants ont estimé que la COP25 était une déception, car aucun consensus général n'a été atteint sur la question cruciale de l'augmentation du changement climatique.

Cependant, le chef de l'ONU, António Guterres, a refusé de voir la COP25 comme un échec, jurant : « nous ne devons pas abandonner, et je n'abandonnerai pas ».

Et il y a eu plusieurs signes de progrès et une dynamique croissante pour changer les choses. L'Union européenne, par exemple, s'est engagée en faveur de la neutralité carbone d'ici 2050, et 73 pays ont annoncé qu'ils présenteraient un plan d'action climatique amélioré (ou Contribution déterminée au niveau national). Une vague d'ambition pour une économie plus propre était également évidente aux niveaux régional et local, avec 14 régions, 398 villes, 786 entreprises et 16 investisseurs s'efforçant d'atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d'ici 2050.

L'ONU se prépare pour son 75e anniversaire

L'année prochaine, l'ONU célébrera son 75e anniversaire et, pour marquer l'occasion, lancera la « plus grande conversation jamais organisée » sur l'avenir de la planète, dans le cadre des événements marquant cet anniversaire.

Cela impliquera des dialogues qui se tiendront dans le monde entier, permettant aux gens d'exprimer leurs espoirs et leurs craintes, et à l'ONU de tirer des leçons de leurs expériences. Les points de vue et les idées générés seront présentés aux dirigeants mondiaux et aux hauts responsables des Nations Unies lors d'un événement de haut niveau organisé en septembre 2020.

Pour plus d'informations sur les projets des Nations Unies à l'occasion de son 75e anniversaire et sur la manière de participer à la conversation mondiale sur l'avenir du monde, cliquez ici