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Syrie : au moins une douzaine de civils dont des enfants tués dans des bombardements à Idlib

Des Syriens déplacés préparent un repas dans le camp de Qah, près de la frontière turque (photo d'archives).
Photo IRIN/Jodi Hilton
Des Syriens déplacés préparent un repas dans le camp de Qah, près de la frontière turque (photo d'archives).

Syrie : au moins une douzaine de civils dont des enfants tués dans des bombardements à Idlib

Paix et sécurité

Au moins une douzaine de civils dont des enfants ont été tués et des dizaines d’autres blessés mercredi en Syrie dans le bombardement d’un camp pour personnes déplacées à Qah, dans la province syrienne d’Idlib (nord-ouest), a indiqué Mark Cutts, Coordinateur humanitaire régional adjoint pour la crise en Syrie.

« Le 20 novembre, des missiles ont été lancés sur une zone résidentielle surpeuplée dans un camp de personnes déplacées internes à Qah, dans le gouvernorat de Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Selon les premières informations disponibles, l’attaque a fait au moins 12 morts et des dizaines de blessés, dont des enfants », a déclaré M. Cutts dans un communiqué rendu public ce jeudi à Genève.

Ce haut responsable onusien qui a condamné cette dernière attaque « avec la plus grande fermeté », a fait état de dommages et de destructions d’infrastructures du camp, y compris des tentes. Selon le Coordinateur humanitaire régional adjoint pour la crise en Syrie, une maternité voisine a également été endommagée et quatre travailleurs humanitaires auraient été blessés.

[ll est ] est écœurant que des missiles frappent des civils vulnérables, notamment des personnes âgées, des femmes et des enfants - Mark Cutts, Coordinateur humanitaire régional adjoint pour la crise en Syrie

« Je suis consterné par les informations faisant état de cette dernière attaque dévastatrice contre des civils dans la région d’Idlib », a ajouté Mark Cutts, qui trouve « écœurant que des missiles frappent des civils vulnérables, notamment des personnes âgées, des femmes et des enfants qui s’abritent dans des tentes et des abris de fortune dans un camp pour personnes déplacées ».

Selon l’ONU, « cet horrible incident doit faire l’objet d’une enquête approfondie. Ces camps sont des endroits où les personnes qui ont déjà fui la violence cherchent sécurité et abri ». Une façon pour rappeler aux différentes parties au conflit syrien qu’elles doivent veiller constamment à épargner les civils dans la conduite des opérations militaires. « Diriger une attaque contre des civils est une violation du droit international humanitaire », a mis en garde M. Cutts.

Une famille ayant fui les hostilités à Idlib s'est installée dans un camp de fortune à Aqrabat, près de la frontière turque (3 juin 2019).
© UNICEF/Aaref Watad
Une famille ayant fui les hostilités à Idlib s'est installée dans un camp de fortune à Aqrabat, près de la frontière turque (3 juin 2019).

Au moins 657 enfants tués cette année en Syrie

Depuis la fin avril, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a vérifié plus de 1.000 victimes civiles dans le nord-ouest de la Syrie à la suite des hostilités, dont des centaines d’enfants. Des douzaines d’attaques contre des installations et du personnel médicaux dans toute la Syrie ont également été vérifiées.

« J’appelle une fois de plus toutes les parties au conflit à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les infrastructures civiles, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme », a insisté M. Cutts.

Pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l’escalade des hostilités a fait un grand nombre de victimes civiles à Idlib et dans le nord-ouest de la Syrie. Dix-neuf enfants auraient été tués au cours des 17 derniers jours, sans compter les victimes du bombardement d’hier mercredi contre un camp de déplacés internes à la frontière syro-turque.

« L’année dernière a été la plus meurtrière des années pour les enfants syriens et, malheureusement, il semble que cette année suive le même parcours. Jusqu’à présent, au moins 657 enfants ont été tués en Syrie », a déclaré Fran Equiza, Représentant de l’UNICEF en Syrie.

En Syrie, les enfants continuent d’être exposés au même niveau de risque qu’en 2018 -  Fran Equiza, Représentant de l’UNICEF en Syrie

Lors d’un point de presse ce jeudi à Genève, il a ajouté qu’au nord-est de la Syrie, au moins 10 enfants ont été tués et 28 mutilés depuis l'escalade de la violence en octobre. Cela n'inclut pas trois autres enfants blessés mercredi lorsqu'un obus a touché une école dans le sud de Tal Abyad.

Jusqu’en septembre dernier, l’ONU a vérifié 1.792 violations graves des droits de l’enfant cette année seulement, notamment des meurtres, des blessures, le recrutement et l’enlèvement d’enfants ainsi que des attaques contre les écoles et les établissements de santé.

« Ces chiffres montrent qu’en Syrie, les enfants continuent d’être exposés au même niveau de risque qu’en 2018. Cette année-là, 1.106 enfants ont été tués dans les combats - le nombre le plus élevé d’enfants tués en une seule année depuis le début de la guerre. Il s’agit de chiffres vérifiés par l’ONU - les chiffres réels sont potentiellement beaucoup plus élevés », a indiqué le Représentant de l’UNICEF dans le pays.

Au nord-est de la Syrie, environ 74.000 personnes - dont environ 31.000 enfants - sont toujours déplacées. Plus de 15.000 personnes se sont réfugiées en Iraq.