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Les pays les moins avancés devraient utiliser l’aide extérieure pour transformer leur économie (CNUCED)

La production et la vente de fours réduisant la quantité de charbon nécessaire pour cuisiner un repas aident à protéger les forêts des mangroves dans les zones côtières de la République démocratique du Congo.
Photo PNUD/Clotilde Goeman
La production et la vente de fours réduisant la quantité de charbon nécessaire pour cuisiner un repas aident à protéger les forêts des mangroves dans les zones côtières de la République démocratique du Congo.

Les pays les moins avancés devraient utiliser l’aide extérieure pour transformer leur économie (CNUCED)

Développement économique

Les pays les moins avancés (PMA), nations les plus pauvres du monde, devraient veiller à ce que les financements extérieurs soient dédiés aux priorités de leur développement national, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Les pays donateurs sont également invités à aligner leur soutien sur les plans de développement nationaux des pays les plus pauvres, ajoute le Rapport 2019 sur les pays les moins avancés, publié ce mardi à Genève par la CNUCED.

« Pour atteindre les Objectifs de développement durable et échapper à la dépendance à l’égard de l’aide, les PMA ont besoin d’un financement extérieur axé sur la transformation structurelle de leur économie », a déclaré Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED.

Pour atteindre les ODD et échapper à la dépendance à l’égard de l’aide, les PMA ont besoin d’un financement extérieur axé sur la transformation structurelle de leur économie - Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED

Selon l’agence onusienne, l’aide publique au développement (APD) continue d’être biaisée en faveur des secteurs sociaux, qui absorbent 45% de l’aide totale, alors que les secteurs de l’infrastructure économique et de production ne reçoivent respectivement que 14% et 8%.

« Les liens entre le financement extérieur du développement et les priorités nationales de développement s’affaiblissent », a déclaré Rolf Traeger, chef de la section PMA de la CNUCED.

En 2017 par exemple, seulement 32% des initiatives des donateurs avaient des objectifs directement tirés des plans nationaux de développement. La plupart de l’aide est fournie par l’intermédiaire de structures parallèles des donateurs qui tendent à affaiblir la complémentarité entre le financement extérieur et l’effort fiscal national. Les structures parallèles détournent également des ressources des priorités nationales planifiées.

Plus de sources extérieures, peu de financement du développement

Les PMA représentent 15 des 20 pays les plus dépendants de l’aide dans le monde en raison, entre autres facteurs, des déficits persistants de leur épargne intérieure. De plus en plus, ces pays en développement ont accès à une nouvelle architecture de l’aide, avec un plus large éventail de sources de financement extérieures. Mais cette situation a entraîné une complexité et une opacité accrues pour les pays les plus pauvres.

En outre, cette diversité de financement ne s’est pas traduite par des augmentations significatives du financement du développement provenant de toutes les sources. Elle a plutôt vu croître le nombre d’acteurs et d’instruments. C’est pourquoi, la CNUCED plaide pour une meilleure gestion des relations des PMA avec les acteurs du développement traditionnels et émergents, notamment les donateurs traditionnels, les organisations non gouvernementales (ONG), les philanthropes, les entités du secteur privé participant à la coopération au développement et les sources de financement du développement provenant d’autres pays en développement.

Pourtant outre cette floraison de sources extérieures, les PMA doivent faire face à une multiplication d’instruments complexes de financement du développement, mais aussi à une diminution de la « concessionnalité » (part du financement obtenu à des taux bonifiés).

Selon la CNUCED, le résultat est que les PMA ont de plus en plus eu recours au financement par l’emprunt, faisant plus que doubler l’encours de leur dette extérieure, qui est passé de 146 milliards de dollars à 313 milliards entre 2007 et 2017. Actuellement, un tiers des PMA sont en situation de surendettement ou courent un risque élevé de surendettement.

Dans certains PMA actuellement en situation de surendettement ou à haut risque de surendettement, le poids des prêts dans le total des décaissements d’APD a augmenté de plus de 15 points de pourcentage, alors que les dons n’ont augmenté que de 1 ou 2 points de pourcentage par an en termes réels entre 2010 et 2012.

« Cela menace la viabilité de l’endettement et le potentiel de développement économique. Ces tendances affaiblissent encore davantage les capacités limitées de l’État dans les PMA », a averti M. Traeger.

Des pousses de mangrove sont plantées sur Tarawa, un atoll de Kiribati, un État insulaire du Pacifique, pour protéger contre l'érosion. côtière.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Des pousses de mangrove sont plantées sur Tarawa, un atoll de Kiribati, un État insulaire du Pacifique, pour protéger contre l'érosion. côtière.

Respect des engagements sur l’aide publique au développement

S’ils représentent plus de 13% de la population mondiale, les PMA génèrent à peine 1% du PIB mondial et leur participation à l’économie mondiale reste marginale. En outre, les entrées d’investissements étrangers directs (IED) dans les pays en développement en 2018 ont été inférieures de 3% à celles de 2015. Les PMA ont enregistré une contraction encore plus forte, à 37%, au cours de la même période.

C’est dans ce contexte que le document de la CNUCED souligne que les décaissements d’aide publique au développement en faveur des PMA n’ont augmenté que de 2% par an depuis le Programme d’action d’Istanbul adopté en 2011 et restent loin des objectifs convenus au niveau international.

Une façon pour l’agence onusienne de rappeler aux donateurs traditionnels le respect de leurs engagements existants, notamment les promesses des pays développés visant à consacrer entre 0,15% et 0,2% de leur revenu national brut à l’APD en faveur des PMA, contre seulement 0,09% actuellement. Des engagements qui ont été réaffirmés par les objectifs de développement durable adoptés par tous les pays en 2015.

Plus globalement, l’agence onusienne plaide pour une transformation économique structurelle qui est, pour les PMA, « une condition à la fois d’échapper à la dépendance à l’égard de l’aide ». Et pour inverser la tendance, le rapport exhorte les PMA à renforcer la gestion de leur financement du développement. Cela pourrait se faire en établissant ou en renforçant les mécanismes de coordination de l’aide, comme l’ont montré certains PMA, par exemple le Rwanda et la République démocratique populaire lao.

En outre, le rapport appelle les donateurs à accroître la transparence dans la sélection et la mise en œuvre des projets et établir des cadres d’évaluation de l’impact sur le développement convenu au niveau international pour mesurer l’impact des acteurs non étatiques sur le développement. Ils devraient veiller à ce que l’appui au secteur privé crée des synergies avec le développement de la base entrepreneuriale nationale des PMA.