L'actualité mondiale Un regard humain

Face à la haine qui tue, le chef de l’ONU appelle à la vigilance

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononce un discours à l'occasion de la commémoration du 81e anniversaire de la nuit de cristal au Museum of Jewish Heritage, à New York.
ONU/Antonio Ferrari
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononce un discours à l'occasion de la commémoration du 81e anniversaire de la nuit de cristal au Museum of Jewish Heritage, à New York.

Face à la haine qui tue, le chef de l’ONU appelle à la vigilance

Droits de l'homme

Quatre-vingt-un ans après la nuit de Cristal - le pogrom contre les Juifs par le régime nazi en Allemagne -, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rappelé « l’engagement entier » des Nations Unies à combattre la haine, quelle qu’elle soit, partout dans le monde.

Jeudi, le chef de l’ONU a visité l’exposition ‘Il n'y a pas si longtemps. Pas très loin’ au Musée du patrimoine juif de New York. L’exposition porte sur cette « terrible nuit de terreur orchestrée par l’État », du 9 au 10 novembre 1938, au cours de laquelle plus de 90 juifs furent tués en Allemagne.

« La ‘nuit de cristal’ n'était pas seulement la nuit du verre brisé ; c'était la nuit de vies brisées, de familles brisées, de sociétés brisées, de rêves brisés », a rappelé le Secrétaire général lors d’une allocution au musée. « Des décennies après l’Holocauste, la haine la plus ancienne du monde existe encore », a t-il déploré.

Le mois dernier, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté de religion ou de conviction, Ahmed Shaheed, a souligné dans son dernier rapport à l’Assemblée générale des Nations Unies que l'antisémitisme était « toxique pour la démocratie et le respect mutuel des citoyens ».

« Rien que ces derniers mois, à travers le monde, nous avons assisté à la vandalisation de tombes juives, à la dégradation d'un mémorial de l'Holocauste, à l'incendie d'une yeshiva et à la propagation d'une propagande ignoble sur les Juifs », a rappelé le chef de l’ONU, un an seulement après la fusillade contre la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, le « pire attentat antisémite de l'histoire des Etats-Unis ».

L’antisémitisme n’est pas la seule forme de haine contemporaine, a souligné le chef de l’ONU. « D'autres formes d'intolérance font également des victimes, allant des attentats à la bombe dans les églises aux massacres dans les mosquées, en passant par les agressions contre les migrants et les réfugiés », a-t-il dit.

« La haine tue », a rappelé M. Guterres. Mais elle agit aussi de manière insidieuse pour saper les relations entre les personnes et les fondements de la société, a-t-il précisé. « Dans leur quête du pouvoir, certains dirigeants politiques diffusent avec cynisme les opinions révoltantes de groupes extrémistes. Nous le voyons dans les régimes autoritaires et les démocraties libérales ».

L'Internet et les médias sociaux, une aubaine pour le fanatisme

Le chef de l’ONU a également insisté sur le fait que l’Internet et les médias sociaux se révèlent être une aubaine pour le fanatisme et la misogynie violente.

« Les terroristes et les néonazis intensifient le recrutement et la radicalisation. Ils sont aussi technologiquement avisés que n'importe quel adolescent moderne. En effet, dans de nombreux cas, les adolescents sont leur principale proie », a-t-il dit.

Le Secrétaire général a noté que les groupes extrémistes publient des vidéos sur les plateformes et applications, souvent spécialement conçues pour attirer des jeunes souvent inconscients. Leurs messages sont remplis de fausses promesses de gloire et de véritables incitations à la haine visant les personnes les plus vulnérables de la société.

Parents, enseignants, responsables politiques, « nous devons tous agir de manière urgente avant que la haine clandestine ne devienne une nouvelle normalité manifeste et alarmante », a dit M. Guterres.

En juin, le chef de l’ONU a lancé une stratégie et un plan d’action des Nations Unies pour lutter contre le discours de haine. Ce plan vise à mobiliser les mécanismes de défense des droits de l’homme et l’éducation pour prévenir ces discours.

Après les attaques meurtrières contre des mosquées en Nouvelle-Zélande, des églises au Sri Lanka et d'autres agressions, António Guterres a aussi lancé il y a deux mois un plan d'action pour protéger les sites religieux, en collaboration avec le Haut-Représentant de l'Alliance des Nations Unies pour les civilisations, Miguel Moratinos.

« Les gens ne sont pas nés pour haïr; l'intolérance est apprise et peut donc être prévenue et désapprise », a dit M. Guterres qui a réaffirmé son engagement continu à dénoncer l'antisémitisme, le racisme et toute autre forme de haine.