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Mali : à l’ONU, Ibrahim Boubacar Keïta souligne que le chemin vers une paix durable reste long

Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, s’exprime lors du débat général de la 74ème session de l’Assemblée générale.
Photo ONU/Kim Haughton
Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, s’exprime lors du débat général de la 74ème session de l’Assemblée générale.

Mali : à l’ONU, Ibrahim Boubacar Keïta souligne que le chemin vers une paix durable reste long

Paix et sécurité

A la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a souligné mercredi que des progrès avaient été enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation dans son pays mais que le chemin vers une paix durable restait long.

M. Keïta a expliqué que l’un des acquis majeurs de cet accord est l’absence de belligérance entre les Forces de défense et de sécurité maliennes et les mouvements signataires, ainsi que le retour progressif de la confiance entre les parties maliennes. 

« S’y ajoutent la réintégration de plus de 500 combattants dans les Forces de défense et de sécurité maliennes et l’enregistrement de près de 2.000 ex-combattants, membres du mécanisme opérationnel de coordination, dans le cadre du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) accéléré », a détaillé le Président. 

Il a toutefois souligné que, si ces progrès constituaient des préalables au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, le chemin à parcourir restait long pour parvenir à une paix durable. Dans cette optique, le Mali se prépare à la tenue, « dans les meilleurs délais », d’un dialogue national inclusif devant conduire à la réconciliation nationale et à l’approfondissement de la démocratie dans le pays.

Le Président malien a ensuite détaillé deux mesures importantes prises : la prorogation, jusqu’au 2 mai 2020, du mandat des députés de l’Assemblée nationale « pour lui permettre d’adopter les réformes politiques et institutionnelles qui en viendraient à être préconisées lors du dialogue national inclusif », et la promulgation, en juillet, de « la Loi d’entente nationale ».

Cette loi exonère de poursuites pénales engagées ou envisagées les personnes ayant commis ou ayant été complices de crimes durant les « évènements douloureux survenus au Mali à partir de janvier 2012 ». La loi exclut cependant de son champ d’action les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les viols et « les crimes réputés imprescriptibles », a précisé M. Keita. Elle prévoit des compensations pour les victimes directes ou collatérales de ces crimes, en s’appuyant sur le « travail remarquable » déjà accompli par la Commission vérité justice et réconciliation qui, à ce jour, a auditionné plus de 14.000 Maliens.

Un Fonds de développement durable

Dans ce même esprit, M. Keita a célébré la création du Fonds de développement durable (FDD) « doté de 72 millions de dollars », et conçu comme l’instrument financier de la stratégie de développement du nord du pays, notamment dans les régions de Kidal, Ménaka, Tombouctou et Gao. 

Rendant un vibrant hommage à l’action de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Keita a ajouté qu’au sein du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), les pays étaient conscients qu’une stratégie « tout sécuritaire » ne saurait apporter une paix durable dans la région.

L’environnement demeure volatile, les tensions intercommunautaires ont endeuillé le Mali, le conduisant à prendre « une série de mesures pour rétablir l’ordre et la sécurité » dans régions affectées. Le Président malien a aussi évoqué un programme de récupération d’armes et un programme d’assistance sanitaire.

Dédiant son second mandat à la promotion de la jeunesse, M. Keïta s’est dit engagé dans la promotion de l’emploi des jeunes, et a célébré l’octroi, en 2018, de 3.000 logements sociaux pour personnes à revenus intermédiaires et faibles. Le Président a enfin évoqué les impératifs de développement industriel dans le pays, déplorant que le Mali, grand producteur de coton, ne transformait que 2% du total de son coton produit.