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Horrifié par les ravages de Dorian aux Bahamas, Guterres appelle à stopper le changement climatique

Marsh Harbour aux Bahamas a été dévasté par l'ouragan Dorian, en septembre 2019.
UN Photo/OCHA/Mark Garten
Marsh Harbour aux Bahamas a été dévasté par l'ouragan Dorian, en septembre 2019.

Horrifié par les ravages de Dorian aux Bahamas, Guterres appelle à stopper le changement climatique

Climat et environnement

Après s'être rendu samedi aux îles Abacos, aux Bahamas, durement affectées par l'ouragan Dorian début septembre, le Secrétaire général de l’ONU a déclaré qu’il n’avait jamais vu un tel niveau de dévastation systématique et qu’il était horrifié.

António Guterres  a affirmé qu’il était important que la communauté internationale tire deux leçons de l'exemple des Abacos et de Grand Bahama, les îles les plus touchées par l'ouragan Dorian.

« Premièrement, nous devons stopper le changement climatique. Nous devons nous assurer d'inverser la tendance actuelle où les changements climatiques avancent plus vite que nous. Deuxièmement, les pays comme les Bahamas, qui ne contribuent pas aux changements climatiques, mais qui sont en première ligne des effets dévastateurs des changements climatiques, méritent un appui international pour pouvoir répondre pleinement à l'urgence humanitaire, mais aussi pour la reconstruction et le renforcement de la résilience de leurs communautés et de leurs îles », a déclaré M. Guterres.

Lors de sa visite dans la capitale des Bahamas, Nassau, vendredi, le chef de l’ONU avait lancé un message aux participants du Sommet sur le climat qui doit se tenir au siège des Nations Unies à New York le 23 septembre prochain.

« Les dirigeants du monde entier qui participeront au prochain Sommet des Nations Unies sur le climat sont invités à se présenter armés non pas de discours, mais de plans visant à atteindre la neutralité carbone, à réduire les émissions et à améliorer l'adaptation», a exhorté M. Guterres.

S'adressant aux journalistes, il a exprimé la solidarité internationale avec le gouvernement et le peuple des Bahamas.

« Dans certains endroits, plus des trois quarts des bâtiments ont été détruits, des hôpitaux sont en ruines ou submergés, des écoles réduites en décombres. Des milliers de personnes continueront d'avoir besoin d'aide pour se nourrir, s'abreuver et se loger, et beaucoup d'autres devront faire face aux incertitudes de l'avenir après avoir tout perdu », a-t-il regretté.

Les agences de l'ONU sont sur le terrain pour soutenir les efforts de secours dans les îles les plus touchées d’Abacos et de Grand Bahama.

Une triple injustice

M. Guterres a noté que la crise climatique a généré des ouragans et des tempêtes « turbocompressés », qui se produisent avec une intensité et une fréquence accrues. Et sans action urgente, les perturbations climatiques ne feront qu'empirer, donnant ce qu'il a décrit comme « un triple coup de poing d'injustice ». 

« Tout d'abord, le pire impact se fait sentir dans les pays où les émissions de gaz à effet de serre sont les plus faibles ; les Bahamas en sont un très bon exemple. Deuxièmement, ce sont les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de ces pays qui souffrent le plus et, encore une fois, c'est la même chose pour les communautés des Bahamas. Et troisièmement, les tempêtes répétées piègent les pays dans un cycle de catastrophes et de dettes », a expliqué le Secrétaire général.

Bien que le coût financier de l'ouragan Dorian n'ait pas encore été déterminé, M. Guterres a estimé qu'il se chiffrerait en milliards de dollars.
 

Un aperçu des destructions massives provoquées par l'ouragan Dorian à Marsh Harbour, sur l'île Abacos, aux Bahamas, le 11 septembre 2019. António Guterres est arrivé dans l’Etat des Caraïbes le 13 septembre pour afficher la solidarité des Nations Unies.
Photo : ONU/Mark Garten
Un aperçu des destructions massives provoquées par l'ouragan Dorian à Marsh Harbour, sur l'île Abacos, aux Bahamas, le 11 septembre 2019. António Guterres est arrivé dans l’Etat des Caraïbes le 13 septembre pour afficher la solidarité des Nations Unies.

Convertir la dette en investissement dans la résilience

Selon le chef de l'ONU, il est nécessaire de comprendre qu'un pays à revenu intermédiaire avec le niveau de vulnérabilité qui existe aujourd'hui par rapport au changement climatique peut aussi avoir besoin de formes de soutien international, a dit M. Guterres.

« On ne peut pas s'attendre à ce que les Bahamas paient cette facture seuls. Ces nouvelles catastrophes à grande échelle liées au climat exigent une réponse multilatérale. Le financement de la lutte contre le changement climatique en est un élément », a-t-il déclaré.  

« Nous devons atteindre l'objectif de 100 milliards par an provenant de sources publiques et privées pour l'atténuation et l'adaptation dans le monde en développement, comme les pays riches le promettent depuis près d'une décennie. Et nous devons améliorer l'accès au financement pour le développement. Dans des cas comme celui des Bahamas, je soutiens fermement les propositions visant à convertir la dette en investissement dans la résilience », a insisté le chef de l’ONU.  

Par-dessus tout, António Guterres a appelé à une action mondiale accrue. « L'ensemble de la communauté internationale doit affronter la crise climatique en accroissant son ambition et son action pour mettre en œuvre l'Accord de Paris. Les meilleures données scientifiques disponibles, telles que rapportées par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, indiquent que nous devons nous assurer collectivement que l'augmentation de la température mondiale ne dépasse pas 1,5 degré Celsius.  Et il dit que nous avons moins de 11 ans pour éviter des perturbations climatiques irréversibles et que nous devons réduire nos émissions de 45% d'ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 », a-t-il poursuivi.

« C'est pourquoi je demande à tous les dirigeants de venir au sommet sur le climat à New York dans une semaine avec des plans, pas des discours », a conclu António Guterres.
 

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (g), s'adresse au personnel médical à Nassau, aux Bahamas, dans un centre pour les personnes qui ont fui l'ouragan Dorian.
UN Photo/OCHA/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (g), s'adresse au personnel médical à Nassau, aux Bahamas, dans un centre pour les personnes qui ont fui l'ouragan Dorian.

Visite d'un refuge pour les sinistrés des îles touchées par la tempête

Lors d'une visite dans un abri pour les sinistrés de l'ouragan, le chef de l'ONU a rencontré de nombreux réfugiés haïtiens et a souligné l'aide généreuse qui leur avait été apportée par le gouvernement et le peuple bahamiens.  

Selon M. Guterres, la présence de tant de réfugiés vulnérables a montré l'importance de l'aide internationale, « non seulement afin d'aider les Bahamas à faire face à l'impact de la tempête, mais aussi pour qu'ils soient en mesure de porter assistance aux populations d’étrangers vivant dans le pays qui sont très vulnérables et dont beaucoup sont sans papiers ».

Le Secrétaire général a réitéré la nécessité d'agir maintenant pour le climat. « Il est totalement inacceptable que nous continuions à subventionner les combustibles fossiles. Il est totalement inacceptable qu'un si grand nombre de centrales au charbon soient construites dans le monde. Il est tout à fait inacceptable que nous ne fassions aucun effort pour fixer un prix pour le carbone. Si nous n'inversons pas la situation, nous verrons des tragédies comme celle-ci se multiplier et devenir de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes », a averti M. Guterres.

Interrogé sur le rôle clé de l'ONU en réponse à l'ouragan, il a déclaré que l'intensification de l'effort international était essentielle, pour combler les besoins d’aide immediate et les effort de reconstruction qui suivront.  

« En même temps, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire les risques qui ont eu un impact si tragique aux Bahamas et pour lutter efficacement contre le changement climatique », a affirmé António Guterres.