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Des agricultrices syriennes apprennent de nouvelles techniques au contact d’homologues en Italie

Une abeille collectant du pollen et du nectar est posée sur une fleur, première étape dans la fabrication du miel.
© FAO/Zinyange Auntony
Une abeille collectant du pollen et du nectar est posée sur une fleur, première étape dans la fabrication du miel.

Des agricultrices syriennes apprennent de nouvelles techniques au contact d’homologues en Italie

Développement durable (ODD)

Un groupe d’agricultrices syriennes participent cette semaine à une tournée d’étude en Italie pour apprendre de nouvelles techniques de production et de promotion auprès de communautés agricoles des régions du Piémont et de Ligurie.

Cette visite est organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le réseau Slow Food qui milite depuis 30 ans pour prévenir la disparition des cultures et traditions alimentaires locales.

Sept Syriennes font partie du voyage qui a pour but d'aider les communautés affectées par le conflit en Syrie à reconstituer ou à stimuler leurs moyens d'existence et à relancer le secteur agricole du pays.

Pendant leur visite, elles vont apprendre différents aspects de la production, du marketing et des chaînes de valeur des produits - dont les produits laitiers, le miel, l'huile, les céréales, le pain et les légumes - et pourront transmettre ce savoir aux autres agricultrices de leurs communautés à leur retour, a précisé la FAO dans un communiqué de presse

Ces femmes syriennes viennent des gouvernorats d'Homs, d'Hama, de Lattaquié, de Tartous, d'Alep, de Sweida et d'Al Qunatra et chacune d'entre elles cultive un type d'aliment local - soit un produit pour chaque village - que ce soit les figues sèches ou encore le miel.

Elles possèdent une petite parcelle de terre (moins d'un hectare) et cultivent pour leur consommation familiale et/ou pratiquent différentes activités agricoles telles que la fabrication de confitures, de cornichons, de pâte de tomates, de fromage et d'autres produits alimentaires afin de soutenir leurs familles.

« Nous sommes flattés d'accompagner ces agricultrices syriennes tout au long de la visite de nos producteurs et de Presidia », a déclaré Nazarena Lanza, Coordinatrice de secteur pour Slow Food.

Les projets Presidia de Slow Food aident les producteurs alimentaires artisanaux du monde entier à protéger leur patrimoine alimentaire et agricole. Les agricultrices syriennes rencontreront des agriculteurs issus des six projets de Presidia et qui produisent notamment : du beurre de la Vallee Elvo, de l’huile d’olive extra vierge, du miel de montagne, du fromage Robiola de Roccaverano, de l’agneau Sambucano et de l’ail Vessalico.

« Nous souhaiterions nous appuyer sur ce partenariat et organiser d'autres ateliers afin d'améliorer la production des aliments dans les zones semi-arides en ayant recours à des pratiques agro-écologiques. Plusieurs années de conflits, de changement climatique et des décennies de monocultures ont conduit à un important déclin de la biodiversité et à la perte de l'expertise nécessaire pour parvenir à une agriculture durable », a ajouté Mme Lanza.

« Nous espérons que cette étude aidera les agricultrices syriennes à apprendre à la fois des méthodes entrepreneuriales et des techniques afin de transformer progressivement leurs produits faits-maison en produits artisanaux, ce qui devrait pouvoir également permettre de les vendre sur de plus grands marchés, » a déclaré Patrizia Epifania, Chargée de programme pour la FAO en Syrie qui accompagne ces femmes lors de leur tournée.

« Cette initiative fait partie des efforts de la FAO visant à stimuler l'agriculture du pays et à améliorer la sécurité alimentaire d'une population qui a beaucoup souffert et est déterminée à se rétablir, » a déclaré Mike Robson, Représentant de la FAO en Syrie.

Fabrication de spaghettis dans une usine de pâtes alimentaires à Parme, en Italie (archives)
FAO/Alessia Pierdomenico
Fabrication de spaghettis dans une usine de pâtes alimentaires à Parme, en Italie (archives)

Pourquoi la FAO se focalise sur les agricultrices de Syrie

Huit ans de crise ont fortement compromis l'agriculture syrienne et ont entraîné un déséquilibre de la main d'œuvre. Dans de nombreux cas, les femmes sont devenues le seul soutien de leur famille et se sont tournées vers l'agriculture, représentant souvent l'unique moyen de gagner un revenu et de subvenir aux besoins de leurs familles.

Avant le conflit, l'agriculture était un secteur largement dominé par les hommes, ce qui signifie que les femmes sont maintenant confrontées à plusieurs défis.

Elles manquent souvent de connaissances sur les besoins du marché, ont des techniques agricoles et une expérience limitées lorsqu'il s'agit de produire et de commercialiser leur nourriture et jouissent d'un accès restreint aux informations relatives aux financements et aux opportunités de formation.

« Nous utilisons un équipement primitif que nous possédons depuis notre jeune âge. Nous souhaitons développer notre commerce en utilisant un équipement moderne pour emballer et en savoir plus sur les exigences en matière d'humidité et d'acidité de manière à ce que nos produits puissent répondre aux normes mondiales. Nos figues ont une forte valeur nutritionnelle et sont 100% naturelles et arrosées à l'eau de pluie », a déclaré Afaf Jafaar. Mère de cinq enfants, elle vit à Hama et cultive des figues sèches, le seul fruit disponible dans son village et est l'une des Syriennes participant à la tournée d'étude en Italie.

Aicha Dalati, une apicultrice vivant à Alep a dû fuir la ville en raison du conflit. Elle y a perdu tous ses ruchers et a dû recommencer sa vie et se retrouver un moyen d'existence dans un village voisin. Elle fait également partie de la tournée et a indiqué que jusqu'à présent, elle se limitait à vendre son miel au niveau local.

« Le transport représente un défi ainsi que le fait de ne pas avoir de profits immédiats puisque je reçois les paiements en tranches. Si je pouvais vendre mes produits de manière plus régulière, ce serait beaucoup mieux », a témoigné Mme Dalati. « Je veux apprendre des agriculteurs italiens et voir comment je peux développer mon commerce ».