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Deux ans après l’exode, les Rohingyas ont besoin d’une éducation de qualité pour garantir leur avenir (UNICEF)

Des enfants rohingyas lèvent la main pour répondre à une question dans un centre d'apprentissage de l'UNICEF à Cox's Bazar, au Bangladesh (8 juillet 2019).
© UNICEF Patrick Brown
Des enfants rohingyas lèvent la main pour répondre à une question dans un centre d'apprentissage de l'UNICEF à Cox's Bazar, au Bangladesh (8 juillet 2019).

Deux ans après l’exode, les Rohingyas ont besoin d’une éducation de qualité pour garantir leur avenir (UNICEF)

Culture et éducation

La lutte quotidienne des Rohingyas du Myanmar pour survivre dans les camps de réfugiés au Bangladesh provoque un profond désespoir et compromet les espoirs de toute une génération, a mis en garde vendredi la cheffe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Henrietta Fore.

« Pour les enfants et les jeunes rohingyas au Bangladesh, la simple survie ne suffit pas », a-t-elle déclaré. « Il est absolument essentiel qu'ils bénéficient d’un apprentissage de qualité et du développement des compétences dont ils ont besoin pour garantir leur avenir à long terme ».

En l'absence de possibilités d'apprentissage adéquates, les jeunes peuvent devenir la proie des trafiquants de drogue et d’autres trafiquants qui proposent de les faire sortir clandestinement du Bangladesh, a averti l’UNICEF dans un rapport publié vendredi.

L’éducation « peut aider à éviter les risques »

Les femmes et les filles sont victimes de harcèlement et d’abus, surtout la nuit, a précisé l’UNICEF, ajoutant que l’un des objectifs de l’agence, par le biais de l’éducation, est de donner aux adolescents les compétences dont ils ont besoin pour faire face à « de nombreux risques », notamment le mariage précoce des filles.

Outre le camp de Kutupalong au Bangladesh, où vivent environ 630.000 personnes, des centaines de milliers d’autres personnes ont trouvé refuge dans une dizaine d’autres camps situés dans la région de Cox’s Bazar, près de la frontière avec le Myanmar.

Les agences humanitaires de l'ONU, notamment l'UNICEF, décrivent souvent des conditions de vie périlleuses, les pluies de mousson ayant des effets dévastateurs sur les abris fragiles construits avec du bambou et des bâches.

Entre le 21 avril et le 18 juillet de cette année, les autorités des camps de réfugiés ont enregistré 42 blessés et 10 morts, dont six enfants, en raison de la mousson, selon l'UNICEF.
« Mais, alors que la crise des réfugiés s’éternise, les enfants et les jeunes réclament plus que la simple survie; ils veulent une éducation de qualité qui puisse ouvrir la voie à un avenir plus prometteur », insiste le rapport de l'UNICEF.

Selon l'agence, environ 280.000 enfants âgés de 4 à 14 ans bénéficient désormais d'un soutien pédagogique. Sur ce nombre, 192.000 d'entre eux sont répartis dans 2.167 centres d'apprentissage, mais plus de 25.000 enfants « ne participent à aucun programme d'apprentissage ».

 

Un garçon lit un livre dans un camp de réfugiés à Cox's Bazar, au Bangladesh (2 juillet 2019).
© UNICEF Patrick Brown
Un garçon lit un livre dans un camp de réfugiés à Cox's Bazar, au Bangladesh (2 juillet 2019).

La plupart des jeunes de 15 à 18 ans ne vont pas à l'école

Plus inquiétant encore, presque tous les jeunes âgés de 15 à 18 ans « ne fréquentent aucun type d’établissement d’enseignement », a déclaré l’UNICEF avant de rappeler le cas d’un résident de Kutupalong, Abdullah, qui est âgé de 18 ans.

« J'étudiais six matières au Myanmar », explique Abdullah. « Mais quand je suis arrivé ici, je n’ai pas pu continuer. Si nous ne recevons pas d'éducation dans les camps, je pense que notre situation va être désastreuse ».

Dans le cadre d'un appel lancé aux gouvernements du Bangladesh et du Myanmar, l'UNICEF et d'autres agences réclament l'utilisation de ressources éducatives nationales - programmes d'enseignement, manuels de formation et méthodes d'évaluation - pour aider à fournir un apprentissage plus structuré aux enfants rohingyas.

« Fournir du matériel d'apprentissage et de formation est une tâche énorme et ne peut être réalisé qu'avec le soutien total de nombreux partenaires », a déclaré la cheffe de l'UNICEF, Mme Fore. « Mais les espoirs d’une génération d’enfants et d’adolescents sont en jeu. Nous ne pouvons pas nous permettre de les abandonner ».