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Venezuela : les sanctions américaines risquent de porter atteinte aux droits des plus vulnérables (ONU)

Un garçon mendie dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. (3 juin 2019)
© UNICEF/Velasquez
Un garçon mendie dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. (3 juin 2019)

Venezuela : les sanctions américaines risquent de porter atteinte aux droits des plus vulnérables (ONU)

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est dit jeudi profondément préoccupée par les « conséquences potentiellement graves » des dernières sanctions américaines sur les droits humains du peuple vénézuélien.

Lundi, le Président américain, Donald Trump, a signé un ordre exécutif imposant de nouvelles sanctions visant à geler les biens du gouvernement vénézuélien aux Etats-Unis et à sanctionner toutes les personnes et entités qui soutiennent le régime du Président vénézuélien Nicolas Maduro.

« Les sanctions sont extrêmement larges et ne contiennent pas suffisamment de mesures pour atténuer leur impact sur les couches les plus vulnérables de la population », a déploré Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, dans une déclaration de presse.

Mme Bachelet craint que les sanctions américaines aient de profondes répercussions sur les droits à la santé et à l'alimentation des Vénézuéliens en particulier, alors que le pays d’Amérique du Sud est déjà confronté à de graves pénuries de produits de première nécessité.

L’économie vénézuélienne a connu une contraction de 47,6% entre 2013 et 2018 selon les chiffres officiels. « Avec les nouvelles sanctions limitant davantage l'activité économique, je crains que les entreprises et les institutions financières penchent pour la prudence et arrêtent complètement les transactions avec le gouvernement du Venezuela plutôt que de risquer d'être sanctionnées pour avoir violé les sanctions », a dit Mme Bachelet.

La Haut-Commissaire a rappelé que les racines de la crise économique au Venezuela sont antérieures à l'imposition de sanctions économiques à l’encontre du pays. « Mais les sanctions économiques imposées en août 2017 et en janvier 2019 ont exacerbé les effets de cette crise catastrophique - et par extension de la situation humanitaire - étant donné que l'essentiel des recettes en devises provient des exportations de pétrole, dont beaucoup sont liées au marché américain », a dit Mme Bachelet.

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a noté que les dernières sanctions décidées pars les Etats-Unis ne s’appliquent techniquement pas aux ‘transactions liées à la fourniture d’articles tels que des denrées alimentaires, des vêtements et des médicaments destinés à être utilisés pour soulager des souffrances humaines’.

« Cependant, elles risquent encore d’aggraver considérablement la crise pour des millions de Vénézuéliens ordinaires, d’autant plus que les institutions financières du monde entier ayant des relations commerciales avec les gouvernements des États-Unis et du Venezuela en feront un excès de conformité », a alerté Mme Bachelet.

Des sanctions unilatérales de grande envergure peuvent nier les droits fondamentaux des personnes

Selon la Haut-Commissaire, de nombreuses données et études montrent que des sanctions unilatérales de grande envergure peuvent finir par nier les droits fondamentaux des personnes, y compris leurs droits économiques ainsi que les droits à la nourriture et à la santé, et pourraient constituer des obstacles à la fourniture de l'aide humanitaire.

« Même des sanctions soigneusement ciblées doivent être soumises à des garanties strictes en matière de droits de l'homme », a-t-elle souligné.

Lors d’un point de presse à New York, mardi, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, avait rappelé qu’« il est très, très important de faire passer les besoins humanitaires du peuple vénézuélien avant toute autre considération ».

Mme Bachelet a appelé toutes les personnes qui ont une influence au Venezuela et au sein de la communauté internationale à œuvrer de manière constructive pour trouver une solution politique à la crise prolongée dans le pays, « en accordant la priorité absolue aux intérêts et aux droits fondamentaux des personnes qui souffrent depuis si longtemps au Venezuela ».