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L’ONU salue la décision de la Colombie de naturaliser 24.000 enfants nés sur son sol de parents vénézuéliens

A Cucuta, en Colombie, en avril 2019, une mère et son enfant en provenance du Venezuela se reposent avant de poursuivre leur périple vers Cali en Colombie.e
Photo UNICEF/Arcos
A Cucuta, en Colombie, en avril 2019, une mère et son enfant en provenance du Venezuela se reposent avant de poursuivre leur périple vers Cali en Colombie.e

L’ONU salue la décision de la Colombie de naturaliser 24.000 enfants nés sur son sol de parents vénézuéliens

Droits de l'homme

Les agences de l’ONU pour les réfugiés, les migrations et l’enfance ont salué mardi la décision de la Colombie d’accorder la nationalité colombienne aux enfants nés sur son sol de parents vénézuéliens.

Annoncée lundi par le Président colombien, Iván Duque, cette mesure exceptionnelle et temporaire d’une durée de deux ans entrera en vigueur le 20 août 2019 et s’appliquera aux enfants nés sur le territoire colombien depuis le 19 août 2015. Plus de 24.000 enfants vénézuéliens qui sont apatrides ou risquent de le devenir pourront bénéficier de cette mesure.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont salué la décision prise par Bogota. Pour les trois agences onusiennes, cette mesure contribuera à lutter contre l’apatridie.

« Les apatrides peuvent être confrontés durant toute leur vie à l’exclusion et à la discrimination, et se voient souvent refuser l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à l’emploi. La décision de la Colombie s’avère extrêmement positive pour ces enfants et leurs familles », s’est félicité Charlie Yaxley, porte-parole du HCR, lors d’un point de presse à Genève.

« Cette mesure est une contribution à la migration régulière et sûre, qui facilitera, espérons-le, la reconnaissance des droits fondamentaux des enfants vénézuéliens et contribuera à leur intégration dans la société », a pour sa part déclaré Ana Durán Salvatierra, la cheffe de mission de l'OIM en Colombie, dans un communiqué de presse.

« Cette mesure constitue un bon exemple en matière de garantie des droits des enfants déracinés et nous la saluons comme une étape décisive dans la prévention de l'apatridie chez les enfants du monde entier », a déclaré de son côté María Cristina Perceval, la Directrice régionale de l'UNICEF pour l'Amérique latine et les Caraïbes dans un communiqué de presse. « Nous encourageons les autres pays de la région soutenant les enfants et les familles du Venezuela à continuer de prendre des mesures qui garantissent les droits et la protection intégrale des enfants migrants et de leurs familles », a-t-elle ajouté.

Difficultés d’obtention de la nationalité colombienne ou vénézuélienne

La Colombie est le premier pays d'accueil des réfugiés et migrants vénézuéliens dans la région des Amériques. Selon l’agence colombienne des migrations, plus de 1,4 million de Vénézuéliens qui ont fui leur pays se trouvent en Colombie en date du 30 juin 2019.

Auparavant, un enfant né en Colombie ne recevait la nationalité colombienne que si au moins un de ses parents était colombien ou, dans le cas de parents étrangers, s’ils avaient un lieu de résidence légal dans le pays au moment de sa naissance. Beaucoup parmi 1,4 million de Vénézuéliens qui ont fui leur pays et qui se trouvent en Colombie pourraient ne pas satisfaire à cette exigence.

Par ailleurs, pour les enfants nés de parents vénézuéliens en Colombie, les possibilités de recevoir la nationalité vénézuélienne sont actuellement très limitées. De nombreuses familles vénézuéliennes auraient des difficultés à obtenir les documents nécessaires ou à enregistrer leur enfant auprès d’un consulat vénézuélien en Colombie, car ces services sont actuellement indisponibles.

Grâce à cette mesure de naturalisation, les autorités colombiennes modifieront le système actuel d’enregistrement des naissances, en incluant une preuve de la nationalité colombienne, par une annotation spécifique, dans les documents d’identité des enfants nés de parents vénézuéliens.

A la demande du gouvernement colombien, le HCR, l’OIM et l’UNICEF appuieront le registre national de l'état civil colombien dans la mise en œuvre de cette mesure afin de fournir à ces enfants des documents d’identité prouvant leur nationalité.

L’appui financier et technique des trois agences onusiennes promouvra également Primero la Niñez (l’enfance d’abord), une campagne de sensibilisation qui vise à informer la population vénézuélienne présente en Colombie sur les modalités d'accès à cette mesure de naturalisation, sur les procédures à suivre, sur la date d'entrée en vigueur de l'initiative, ainsi que sur le rôle des différentes entités.

L’appui technique de l’OIM au registre national de l'état civil colombien et la campagne sera fourni conjointement avec le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations du Département d’État des États-Unis.