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Plus de 100 personnes disparues au large de la Libye, « la pire tragédie en Méditerranée cette année » (HCR)

Une femme pleure quelques minutes après avoir été sauvée par le navire de recherche et de sauvetage Sea Watch au large de la Libye.
© UNHCR/Hereward Holland
Une femme pleure quelques minutes après avoir été sauvée par le navire de recherche et de sauvetage Sea Watch au large de la Libye.

Plus de 100 personnes disparues au large de la Libye, « la pire tragédie en Méditerranée cette année » (HCR)

Migrants et réfugiés

Une centaine de réfugiés et migrants sont portés disparus en mer Méditerranée après le naufrage de leur bateau parti de Libye, a annoncé jeudi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)

« La pire tragédie en Méditerranée cette année vient de se produire », a déclaré sur Twitter, Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

Un bateau rempli de réfugiés et migrants a fait naufrage au large des côtes libyennes près de Al Khoms. L’embarcation a chaviré après que le moteur soit tombé en panne, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur son compte Twitter.

140 personnes ont été secourues et débarquées en Libye. Un survivant a indiqué qu’un nombre important de personnes est mort en mer, rapporte le HCR qui craint qu'une centaine de personnes sont décédées.

« La plupart des passagers à bord étaient Erythréens. Des femmes et des enfants figurent parmi les morts », a précisé sur Twitter, Charlie Yaxley, porte-parole du HCR. L’OIM a indiqué que des Soudanais figuraient également dans le bateau.

Ce naufrage s’est produit trois jours après une réunion des Européens à Paris consacrée à la situation en Libye et en Méditerranée. Une réunion à laquelle ont participé les chefs du HCR et de l’OIM et au cours de laquelle ils ont appelé à ne pas criminaliser les secours en mer et à ne pas renvoyer les personnes secourues vers la Libye.

« Rétablir les opérations de sauvetage en mer, mettre fin à la détention des réfugiés et des migrants en Libye, accroitre les voies de sortie sûres de la Libye doivent avoir lieu MAINTENANT, avant qu'il ne soit trop tard pour de nombreuses personnes désespérées », a alerté M. Grandi après ce nouveau naufrage meurtrier.

Cette année, une personne sur six ayant tenté de rejoindre l’Europe depuis la Libye est morte en Méditerranée. « Un taux de décès choquant », a dit M. Yaxley. « Nous ne pouvons pas ignorer que les voyages en bateau deviennent de plus en plus meurtriers. Nous ne pouvons pas fermer les yeux », a dit le porte-parole du HCR.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « horrifié » par cette dernière tragédie meurtrière en Méditerranée.

« Nous avons besoin de voies sûres et légales pour les migrants et réfugiés. Tout migrant en quête d’une vie meilleure mérite sécurité et dignité », a déclaré jeudi soir sur Twitter M. Guterres qui fut pendant 10 ans à la tête du HCR (2005-2015).

Incertitudes sur le sort des survivants ramenés en Libye

De nombreuses interrogations subsistent sur le sort des personnes secourues en mer et qui ont été ramenées ce jeudi en Libye.

Le bureau du HCR en Libye a indiqué à 15h07 (heure locale) sur Twitter que « 140 personnes ont été secourues et débarquées » et recevaivent « une aide médicale et une humanitaire » de leur partenaire International Medical Corps (IMC). « Les survivants restent des heures plus tard au point de débarquement », a ensuite indiqué le bureau de l’OIM en Libye sur Twitter à 19h46 (heure locale).

« Deux opérations de sauvetage/d’interception opérées aujourd'hui par les garde-côtes libyens. Où ont été envoyées ces personnes secourues ? », a demandée à 19h30 (heure locale) sur Twitter, Vincent Cochetel, l’Envoyée spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est également dit préoccupé par le sort « incertain » des 150 survivants ramenés en Libye.

« À la lumière des abus, de la violence, des mauvais traitements et des décès qui continuent de se produire, aucun enfant ne devrait être détenu dans ces centres de détention en Libye », a souligné Henrietta Fore, la Directrice exécutive de l’UNICEF, sur Twitter. « Sans action urgente, nous continuerons de voir des enfants mourir lors de ces périples », a-t-elle prévenu.

« Des solutions (alternatives à la détention arbitraire) existent », a rappelé M. Cochetel, soulignant que le HCR et ses partenaires sont prêts à mettre en œuvre les solutions si les autorités libyennes acceptent de mettre fin au système de détention actuel.