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La FAO met en garde contre des invasions de criquets pèlerins au Yémen et dans la Corne de l’Afrique

Les criquets peuvent ravager les cultures. Photo FAO/Giampiero Diana
Les criquets peuvent ravager les cultures. Photo FAO/Giampiero Diana

La FAO met en garde contre des invasions de criquets pèlerins au Yémen et dans la Corne de l’Afrique

Climat et environnement

La saison estivale de reproduction des criquets pèlerins, amplifiée par de fortes pluies, pourrait présenter une grave menace pour les zones de production agricole au Yémen, au Soudan, en Érythrée et dans certaines parties de l'Éthiopie et du nord de la Somalie lors des trois prochains mois, a averti aujourd'hui la FAO.

Cela pourrait également avoir des répercussions négatives sur les rendements saisonniers agricoles et sur les économies locales, en affectant la sécurité alimentaire et les moyens d'existence des populations dans les pays concernés.

Cette année, des opérations de contrôle intensives sur le terrain et par voie aérienne ont été effectuées en Iran, en Arabie saoudite et au Soudan et ont permis de réduire la présence de criquets pèlerins.

Néanmoins, ces opérations n'ont pas réussi à empêcher complètement la formation d'essaims et le déplacement de ces derniers vers les zones traditionnelles de reproduction estivales au Yémen, au Soudan, dans la Corne de l'Afrique et le long de la frontière indo-pakistanaise.

Si cette situation s’aggrave dans ces régions, la formation d’essaims pourrait menacer la production agricole d'ici la fin de l'été. Il serait suivi par des augmentations d'essaims le long de la mer Rouge, au cours de la prochaine saison hivernale débutant en novembre.

Des créatures dangereuses

Après être devenus aériens, des essaims regroupant plus de dix millions de criquets peuvent parcourir jusqu'à 150 kilomètres par jour, le vent aidant. Les criquets pèlerins ont une durée de vie d'environ trois mois et un criquet pèlerin femelle peut pondre jusqu'à 300 œufs. Un criquet pèlerin adulte consomme une quantité de nourriture fraîche équivalente à son propre poids chaque jour - soit près de deux grammes par jour. Un tout petit essaim consomme la même quantité de nourriture en une journée que près de 35 000 personnes.

Le Yémen, pays touché actuellement par la pire crise humanitaire au monde, est le plus concerné et à risque d'une infestation généralisée de bandes larvaires et de fortes pluies pouvant entraîner des formations d'essaims, et ce, dès cette semaine, ce qui pourrait avoir pour effet de voir émerger une autre génération de reproducteurs d'ici la fin du mois d'août, si les conditions climatiques demeurent favorables à la reproduction des criquets.

Au pire des cas, en automne, les essaims de criquets pourraient migrer du Yémen vers la Corne de l'Afrique pour finalement atteindre le Kenya d'ici la fin de l'année, à moins que des mesures préventives de contrôle ne soient prises de manière urgente dans la région. 

Au nord-est de la Somalie, des essaims matures de criquets ont été signalés à divers endroits ces dernières semaines. Les criquets ont provoqué des dégâts majeurs sur les cultures. Des bandes larvaires sont maintenant en train de se former le long de la côte nord-ouest et probablement sur la côte nord-est à partir des œufs laissés par les essaims. Cette situation pourrait donner lieu à la création de nouveaux essaims d'ici la fin août.

Des phénomènes semblables devraient apparaître dans l'est de l'Ethiopie, lorsque des groupes de criquets adultes vont se diriger de la région Amhara au Nord du pays vers les zones de reproduction estivales à l'ouest de l'Erythrée et à l'intérieur du territoire soudanais.

Quant au Soudan, nombreuses sont les populations adultes de criquets à être présentes dans la Vallée du Nil, tandis que des populations adultes sont apparues récemment et de manière dispersée sur la côte de la mer Rouge et au Nord du Kordofan, là où les reproductions estivales ont lieu.

Des criquets pèlerins pullulent près de Fada, au Tchad. La FAO montre comment la prévention, l'alerte rapide et la préparation peuvent aider à lutter contre le criquet pèlerin
FAO/Carl de Souza
Des criquets pèlerins pullulent près de Fada, au Tchad. La FAO montre comment la prévention, l'alerte rapide et la préparation peuvent aider à lutter contre le criquet pèlerin

 Empêcher la propagation des criquets et sauver les cultures

Des opérations de contrôle urgentes des criquets pèlerins sont indispensables afin de protéger les cultures et d'atténuer les risques d'invasions au Yémen et d'empêcher les essaims de criquets d'envahir les pays voisins.

Au Yémen, les opérations de contrôle sont freinées par l'insécurité qui prévaut dans les zones de reproduction des criquets et par le manque d'équipements et de fonds opérationnels. Afin de remédier partiellement à la situation, la FAO a pu mobiliser 100 000 dollars grâce au soutien de la Belgique à travers le Fonds spécial pour les activités d'urgence et le relèvement (SFERA) et 200 000 dollars issus de ses propres ressources afin de mettre en œuvre une campagne anti-criquets. La FAO travaille déjà à mettre en place des mesures urgentes afin de renforcer les opérations de surveillance et de contrôle dans les zones de reproduction.

La FAO a également commencé à acquérir de l'équipement supplémentaire en vue de renforcer les capacités du Ministère de l'agriculture, afin de mieux contrôler les populations de criquets dans les zones infestées. De plus, la FAO a lancé un appel général à la communauté internationale.

Les premiers bénéficiaires sont les agriculteurs, les éleveurs de bétail et les populations nomades vivant dans les zones infestées. L'objectif étant de protéger leurs moyens d'existence et d'empêcher les éventuels dégâts que pourraient causer des invasions de criquets plus importantes sur leurs productions agricoles et leurs pâturages.

La FAO appelle tous les pays à surveiller leurs champs en organisant régulièrement des inspections sur le terrain et en prenant les mesures de contrôle nécessaires lorsque des invasions importantes de criquets sont détectées.